De son apparition dans les années 70 aux Etats-Unis à son arriveé en France à la fin des années 80, le rap est un genre à l'histoire et à l'impact considérable dans le monde de la musique. S'il est aujourd'hui le genre le plus écouté, il est passé par différentes étapes avant de connaître cette gloire aux oreilles de tous les auditeurs. Cette semaine, Generations vous propose une liste non-exhaustive des dix albums de rap à avoir absolument dans sa rapothèque. Dix albums qui ont marqué et façonné le rap à leur façon, faisant du genre ce qu'il est aujourd'hui.
Nas, "Illmatic" (1994)
Impossible de ne pas penser à cet album quand on pense au rap américain. Nas publie son premier album à l'âge de vingt ans. Il s'appelle "Illmatic" et paraît le 19 avril 1994. Un album dont l'influence traverse les générations. Souvent considéré comme l'un des plus grands albums de hip-hop de tous les temps, il est respecté aussi bien par le public que par les pairs du rappeur américain.
À sa sortie, "Illmatic" se démarque de part ses textes et ses productions. Derrière les manettes, on retrouve de véritables orfèvres : DJ Premier, Pete Rock, Large Professor ou encore Q-Tip. Il évoque sa vie dans à Queensbridge, entre violence, racisme et pauvreté. Mention spéciale au titre "It Ain't Hard To Tell" produit par Large Professor et qui sample "Human Nature" de Michael Jackson. "Illmatic" connaît un succès sur la durée et sera certifié double disque de platine 25 ans après sa sortie, le 28 janvier 2019. Un incontournable.
Jay-Z, "The Blueprint" (2001)
En 2001, Jay-Z a déjà cinq albums à son actif, son premier étant sorti en 1996. Avec "The Blueprint", c'est un véritable tournant que prend la carrière du rappeur américain. Il s'entoure de Kanye West, Just Blaze ou encore Timbaland pour les productions. Il se démarque par l'utilisation de samples, dont "I Want You Back" des Jackson 5 sur le hit "Izzo (H.O.V.A.)" ou encore "Ain't No Love in the Heart of the City" de Bobby Bland sur "Heart of the City (Ain't No Love)". En plein clash avec Nas et Prodigy à sa sortie, le disque contient "Takeover", un diss track où Jay-Z se lâche sur les deux artistes.
"The Blueprint" est considéré comme un véritable classique de la discographie de Jay-Z. Du flow aux lyrics, il conquit la critique. The Source le décrit même comme "le moment déterminant de la carrière de Jay-Z". En 2015, la Bibliothèque du Congrès américain l'ajoute même à son registre national, devenant ainsi un album important dans l'histoire de la culture.
Kendrick Lamar, "To Pimp a Butterfly" (2015)
Dans les années 2010, un certain Kendrick Lamar a les projecteurs braqués sur lui après la sortie de ses deux premiers albums, "Section.80" et "Good Kid, M.A.A.D City". On applaudit sa plume, ses productions et ses prises de position. Le 15 mars 2015, il publie son troisième disque, "To Pimp a Butterfly" et reçoit alors un succès considérable. Une véritable oeuvre qui rend hommage à la musique noire-américaine en piochant à travers le jazz, le funk et le hip-hop et qui aborde des thématiques en liant avec sa condition d'homme noir.
Entre racisme, injustice sociale et santé mentale, Kendrick Lamar prend ouvertement la parole, sans crainte. "Alright" produit par Pharrell Williams est l'un des titres les plus mythiques de cet album. Un titre devenu un vrai hymne contre les violences policières et la discrimination envers les afro-américains. "To Pimp a Butterfly" est un classique de sa génération.
Lauryn Hill, "The Miseducation of Lauryn Hill" (1998)
Avec un seul album, Lauryn Hill réussit à redéfinir le genre du rap. Le 25 août 1998, alors que les Fugees se sont séparés un an auparavant, l'artiste américaine dévoile son premier disque en solo : "The Miseducation of Lauryn Hill". Elle offre au public une véritable introspection sur elle-même, ses choix de vie, sa carrière avec les Fugees ou encore l'amour et la naissance de son premier enfant. Un album honnête qui explore aussi les genres musicaux, entre soul, hip-hop, R&B et reggae, donnant à "The Miseducation of Lauryn Hill" ce grain si unique. Le succès est au rendez-vous avec des titres comme "Doo Wop (That Thing)", "Ex-Factor" ou encore "Nothing Even Matters" en featuring avec D'Angelo.
À la cérémonie des Grammy Awards de 1999, Lauryn Hill devient la première artiste féminine à être nommé dix fois et obtient cinq prix, dont celui du meilleur album rap. Une première pour une femme.
N.W.A, "Straight Outta Compton" (1988)
Fan de gangsta rap ? Rien de mieux que de se plonger dans ses origines avec N.W.A et son premier album : "Straight Outta Compton". On est en 1988 et Dr. Dre, Ice Cube, Eazy-E, MC Ren, DJ Yella et Arabian Prince débarquent tout droit de Compton à Los Angeles pour révolutionner le genre. Et ça marche. Provocant et agressif, "Straight Outta Compton" explore la violence policière et la vie des banlieues. Une oeuvre honnête qui permet au groupe de dénoncer et interpeller avec des prises de risques et de positions. L'impact est majeur avec des titres comme "Fuck Tha Police", "Express Yourself" ou encore le morceau éponyme de l'album.
N.W.A marque et façonne ainsi l'identité du rap de la côté ouest avec ce classique du hip-hop. Un véritable "must have".
Booba, "Temps Mort" (2002)
Tu connais Booba mais tu ne connais pas "Temps Mort" ? On t'explique. Il s'agit du premier album du rappeur français sorti en 2002, deux ans après la sortie de "Mauvais Oeil" de Lunatic aux côtés d'Ali. Avec "Temps Mort", c'est une véritable consécration pour l'artiste de Boulogne, où il identifie son style entre instropectif et abrupt, porté pas des titres comme "Destinée" avec Kayna Samet ou encore "Repose au paix". Sa provocation ne date pas d'hier, puisqu'elle est déjà présente dans ses textes à l'époque.
Cet album de Booba est considéré comme un classique du rap français, ouvrant la voie à une plus grande richesse dans la rap. La suite appartient bien sûr à l'histoire.
Diam's, "Dans ma bulle" (2006)
Le rap féminin ne la remercira jamais assez. Quand on pense aux femmes dans le rap, le nom de Diam's est forcément un des premiers qui nous vient en tête. Sa musique a eu un impact signicatif sur la scène française, ouvrant la porte aux femmes. Avec "Dans ma bulle", la consécration est d'autant plus impactante. Elle marque les esprits avec des hits entre rap, R&B et pop comme "Jeune Demoiselle", "La Boulette" et bien sûr, le célèbre "Confessions Nocturnes" en featuring avec Vitaa. Elle percute aussi avec des textes forts et politiques.
Diam's ne touche plus que les auditeurs de rap. Avec "Dans ma bulle", la rappeuse devient un véritable phénomène.
IAM, "L'école du micro d'argent" (1997)
Le 18 mars 1997, IAM sort son troisième album : "L'École du Micro d'Argent". S'il y a bien un disque à avoir, c'est celui-là. Le groupe marseillais fait rayonner le rap français avec ce que le journaliste Olivier Cachin pour Les Inrockuptibles, considère comme un "indépassable monument élevé à la gloire des mots, des sons, d’un hip-hop qui sait assumer sa schizophrénie rue/intellect". Toujours en abordant des thèmatiques sociales et politiques, la bande d'Akhenaton et Shurik'n résonne partout avec des titres comme "Petit frère", "L'empire du côté obscur" et "Nés sous la même étoile".
IAM est propulsé sur le devant de la scène avec "L'École du Micro d'Argent", engendrant un impact considérable sur le rap français. L'album remporte même la Victoire de la Musique de l'Album de l'Année en 1998.
Suprême NTM, "Suprême NTM" (1998)
Après Marseille, direction Paris avec un autre groupe emblématique du rap français : Suprême NTM. En 1998, JoeyStarr et Kool Shen dévoile leur quatrième et dernier album éponyme. Le jour de sa sortie, c'est un record : 40 000 exemplaires se vendent. Le succès est déjà là. Les deux rappeurs font l'unanimité avec "Laisse pas traîner ton fils", "Seine-Saint-Denis Style", "That's My People" et "C'est arrivé près d'chez toi". Ils créent aussi un véritable tube avec "Ma Benz" en featuring avec Lord Kossity.
Avec "Suprême NTM", le duo marque les générations et l'album marque un tournant dans le rap français, un an après "L'école du micro d'argent". Il se vend à plus d'un million d'exemplaires.
Sexion d'Assaut, "L'École des Points Vitaux" (2010)
Dans la cour de récréation des collèges le 29 mars 2010, tous les élèves ne parlent que de cette album : "L'École des Points Vitaux". Il s'agit du premier disque de la Sexion D'Assaut, groupe composé de huit rappeurs dont Maître Gims, Lefa, Black M ou encore Maska. Alors que Booba sort "Lunatic" la même année, la Sexion D'Assaut impose au rap français un tournant. Des choix musicaux aux paroles très visuelles et parlantes, "L'École des Points Vitaux" navigue à travers les styles. On passe de "Casquette à l'envers" à "La drogue te donne des ailes" ou bien encore de "J'ai pas les loves" à "Wati By Night". Ce dernier reste un véritable hit de soirée encore aujourd'hui.
Si les auditeurs de rap peuvent se reconnaître, "L'École des Points Vitaux" parle aussi à ceux qui n'en écoutent pas, contribuant ainsi à l'élargissement du public de ce genre avec l'utilisation de mélodies beaucoup plus accessibles à tous. Cette année, la Sexion D'Assaut ouvre véritablement la porte à quelque chose.