Un premier album est toujours lourd à porter. Il peut soit propulser un artiste dans une autre dimension, soit le laisser dans l'anonymat. Damso, lui, a franchi ce cap depuis longtemps. Alors qu'il s'apprête à sortir ce qu'il considère comme son dernier album, intitulé "BEYAH", avec une tracklist déjà surprenante, l'ancien protégé de Booba revient sur ses 10 ans de carrière dans une interview avec Spotify.
Le but ? Revenir sur les coulisses et les concepts qui ont nourri ses projets. Et pour Damso, tout commence avec Batterie Faible. Un projet coup de poing, un choc sismique dans le rap game, né d'une envie simple mais puissante : choquer et niquer le game.
Pourtant, à l'origine, Batterie Faible n'était même pas censé être un album. « À la base Batterie Faible devait être plus une mixtape, pour venir un peu titiller le game et le tabasser. Et dès que j'ai commencé, c'est la maison de disque Capitol/92i qui m'ont dit 'Non, il faut que ce soit un album'. »
Il raconte aussi son état d'esprit au moment de l'écriture : « C'est un jeune garçon de 22-23 ans, qui a de l'ambition et de la volonté, prêt à niquer le game et prêt aux conséquences qu'il y a par la suite. »
En 2015-2016, selon lui, le rap francophone était codifié : « C'était plus facile d'avoir la recette pour percer. Si t'as le flow, l'authenticité du flow, l'originalité du beat, une manière de kicker propre à toi et tu rajoutes des punchlines, si t'as ces cinq choses mieux que les autres, à un moment donné tu perçais. »
Et Damso le savait : « Dans tous les studios, sans prétention aucune j'anéantissais les gens. »
Fidèle à son goût pour les concepts énigmatiques, il revient sur le choix du titre Batterie Faible : « Le concept, c'était de venir recharger le game avec QALF qui faisait la scission et BEYAH. Quand il y a eu le Bercy de Booba, j'avais déjà mis un tee-shirt avec une batterie faible et un chargeur écrit QALF. Et je n'étais pas du tout connu, je chantais 'Débrouillard' et je savais que j'allais éteindre, j'étais là pour ça et j'allais recharger le game. »
Il conclut avec une anecdote qui a déclenché la vision de l’album : « J'avais un baffle Bose qui faisait 'Batterie rechargée' et 'Batterie faible'. J'ai écouté ça et ça m'a donné des visions. On a traficoté le truc et c'est venu comme ça. »
Un projet né d'un esprit stratégique et d'une rage créative. Et une batterie faible qui, au final, aura bel et bien rechargé le game.