Ces dernières années, on a vu pas mal de rappeurs appuyer bien fort sur les clichés, en incarnant comme jamais des jeunes complètement perdus, qui ont beaucoup de mal à s'exprimer face aux caméras, ne parlent qu'en onomatopées et son assez mal à l'aise quand il s'agit de communiquer avec le public en dehors d'Instagram. Mais il y a aussi des artistes qui relèvent le niveau, et n'hésitent pas à aborder en interview des sujets très compliqués, voire même tabous jusqu'ici, à l'image de Niro et de ses touchantes confidences sur son fils.
Niro vient de sortir, il y a quelques semaines, le premier volet de son projet "HAYATI", contenant notamment le très bon morceau "Assimile" et plein d'autres morceaux très intéressants. Un projet dans lequel le rappeur continue à se livrer à cœur ouvert, en abordant des thèmes parfois difficiles, comme sur son enfance par exemple. Un album plutôt bien reçu, qui lui a ouvert les portes de médias un peu inhabituels pour lui, et l'artiste était donc invité dans l'émission "Boom Boom" animée par Alexandra Roost. Une interview pendant laquelle il a parlé des troubles autistiques de son deuxième fils, Wahid, né en 2016.
Quand j'ai appris la mauvaise nouvelle (…) j'ai pas fait un déni mais j'ai rejeté ça. Je n'acceptais pas le fait qu'il serait pas comme les autres, entre guillemets. Dans la norme. Moi, ce qui me faisait le plus mal, il était isolé. Il n'a pas de copains.
Le père de famille explique qu'il a ensuite "sombré pendant longtemps", environ trois ans, puisque le diagnostic des enfants atteints d'autisme ne peut pas être posé avant ses 4 ans. Il déclare ensuite qu'une fois le diagnostic posé, ça n'a pas été facile pour lui :
J'ai beaucoup bu. A un moment donné, je me suis réveillé et je me suis dit que c'est la vie, tout simplement, et qu'il faut que je l'accepte. Je suis de confession musulmane : chez nous, quand tu as un enfant comme ça, on dit qu'il ira directement au paradis. Ca m'a rassuré. A vrai dire, c'est la seule chose qui me rassure dans cette pathologie.
Niro détaille ensuite qu'il se doutait qu'il y avait quelque chose depuis le moment où son fils a eu dix-huit mois, mais que la maman, elle, était un peu dans le déni. Il a beaucoup souffert du fait que son fils s'isole, qu'il ne lui réponde pas quand il l'appelle, qu'il ne sache pas ce qu'il ressent sur le moment, et le fait que son enfant puisse être isolé toute sa vie, forcément, ça fait peur.
En tout cas, les confessions de la part de Niro sont très courageuses, avec un discours très sincère, apaisé et plutôt intelligent sur le sujet, et ça fait un bien fou de voir des rappeurs parler de vraies choses de la vie en interview, plutôt que des "jaloux du quartier" et des sapes. D'ailleurs, on imagine que sa situation va parler à beaucoup de jeunes parents, qui se trouvent un peu désemparés face aux troubles autistiques. Rassurez-vous, vous n'êtes pas seuls, et certaines personnes diagnostiquées avec des troubles autistiques arrivent à mener des existence tout à fait classiques.

























