Sorti en 2020, le morceau "Ceci n’est pas du rap" réunit deux poids lourds aux styles opposés : Niro, vétéran du rap de rue, et Gims, monument de la pop urbaine au passé de kicker redoutable. Pas de refrain, pas de format radio : ici, on rappe, comme dans un sparring verbal où les deux se rendent coup pour coup. Alors, qui a le meilleur couplet ? Décryptage.
Un clin d’œil à Gims et une ambiance de guerre
Le titre fait écho à la série de freestyles "Ceci n’est pas un clip" balancés par Gims en amont de son premier album "Subliminal" en 2013. Mais ici, pas de place pour les refrains chantés ni les mélodies sucrées : on est sur un duel brut, un face-à-face entre deux kickeurs affûtés.
Sur une prod sombre et linéaire, les deux MCs se livrent à un exercice de style, où la technique, le flow et l’attitude prennent le dessus sur tout le reste. Pas un featuring classique, mais un combat technique.
Niro ouvre le bal : rage et lucidité
Premier sur le ring, Niro pose un couplet tranchant, entre introspection, rage froide et vision désabusée du game :
"Être honnête, c’est un luxe qu’on peut pas s’payer."
Son flow est nerveux, parfois haché, avec des phases qui sentent la rue, le vécu et les galères :
"On veut prendre de l’oseille, on veut pas briller / Donc j’ai monté ma carrière dans l’obscurité."
Pas là pour faire le beau, Niro kiffe pas la lumière, il préfère kicker dans l’ombre. Son flow saccadé, sa manière de balancer des images crues et son authenticité touchent en plein cœur. Ce n’est pas du rap pour briller, c’est du rap pour survivre.
Gims en contre : technique et punchlines de gladiateur
Deuxième round, Meugui revient aux fondamentaux. Oublie la variété, ici c’est le Gims de la Sexion d’Assaut, celui qui découpait des prods sans pitié. Et il le prouve direct :
"C’est plus sur des œufs qu’je marche, avec les risques que j’prends, je marche sur la dynamite."
Le couplet est dense, bourré de multisyllabiques, de références pop culture et de punchlines millimétrées :
"Je t’ai vue faire l’amour pour des écus, je t’ai vue l’faire pour payer les études."
Gims déroule avec un flow mutant, tantôt rapide, tantôt ralenti, toujours maîtrisé. Il enchaîne les phases comme des crochets, jusqu’à l’étourdissement. Niveau performance technique, c’est du haut niveau, du Gims en mode tueur silencieux.
Un duel de kickeurs : style contre intensité
Le morceau est construit comme un combat, sans structure classique. Pas de refrain, juste deux artistes qui envoient couplet sur couplet, avec une tension qui monte à chaque ligne. On sent qu’ils se répondent, qu’ils veulent dominer l’autre sans le parasiter. Chacun garde sa patte, mais l’alchimie fonctionne à 200%.
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Niro, c’est la rage contenue, la rue qui parle avec des cicatrices dans la voix.
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Gims, c’est la déferlante technique, l’homme aux 1000 flows qui te fume en silence.
Le verdict
Si tu cherches de la sincérité crue, du kickage nerveux et des textes à vif, Niro est devant.
Si tu veux de la technicité de malade, des images qui marquent et un flow sans faute, Gims le surclasse.
Mais au final, c’est le morceau qui gagne. Parce que "Ceci n’est pas du rap", c’est du rap de haut vol, sans filtre, sans concession. Un des meilleurs feats kickés de ces dernières années, devenu culte chez les puristes.

























