Ses pastilles font merveille sur Instagram. Mais comme Sims est un DJ connecté, on peut aussi retrouver ses vidéos sur les autres réseaux. Difficile alors de passer au travers et pour tout amateur de rap, elles font office de Madeleine de Proust. En une minute, Sims nous fait passer du jazz, de la soul ou du funk au rap en décortiquant les samples de morceaux classiques, qu’il s’agisse de La Rumeur, Tupac, NTM, Eminem ou IAM pour ne citer qu’eux. "Cela demande du travail", confirme le prolifique DJ. "Il faut trouver les originaux et les titres de rap qui les ont utilisés. Ensuite, il faut réfléchir au travail du beatmaker pour arriver au résultat final". Mais ça vaut le coup : "suivre le cheminement de la prod, c’est vivre sa transformation en quasi direct. Cela peut aller d’un titre de Kendrick Lamar où il y a seulement quatre mesures à un morceau avec quatre samples différents !"
Gold digger
Même si sa culture musicale est exceptionnelle, Sims a aussi ses bonnes adresses, des sites très bien référencés comme Who Sampled ou Du Bruit mais profite également des "autres DJ ou des internautes [qui] se prennent au jeu et [lui] envoient des choses" comme Pone de la FF qui lui a fait parvenir le sample qu’il a utilisé pour le morceau "Cherche pas à comprendre". "Mon but est simple", ajoute—t-il quand on l’interroge sur sa démarche. "Je veux apporter une valeur ajoutée aux sites existants." Pour cela, il exploite ce côté digger qu’il a en lui depuis très jeune quand, avec son frère, il cherchait déjà les originaux derrière les prods qu’ils écoutaient en boucle : "ça permettait aussi de pouvoir en parler avec nos parents et il y avait une dimension culturelle car ça prouve que le rap vient aussi des autres musiques et ça nous permettait de fermer la gueule des critiques." Aujourd’hui, sa passion l’aide à transformer le New Morning en salle de danse surchauffée lors de la première "Sims Party" qu’il a monté avec Maydin et à laquelle il a invité Cut Killer : "Je réponds à tous les messages mais je voulais rencontrer mon ‘audience’, transformer ces liens virtuels en humains", raconte celui qui garde le même schéma de ses vidéos dans ses soirées car "ça génère de l’énergie et de l’émotion", autant d’ingrédients indispensables qui le nourrissent.
Sims marche à la passion
Car Sims n’est pas DJ à plein temps, il travaille dans la communication en parallèle. S’il a développé très tôt cette passion pour la musique et son côté digger, il n’a pas voulu en faire son métier, refusant de mixer uniquement pour gagner de quoi payer le loyer. Totalement hip-hop, sa démarche l’oblige à des circonvolutions de calendrier mais il est habitué à mener une double vie. A son arrivée à Paris lors d’un stage, il retrouve des amis et rentre rapidement dans le circuit, faisant les premières parties des rappeurs américains qui se produisent dans l’ancêtre du Social Club, à l’Elysée-Montmartre ou au Nouveau Casino. Puis, il rencontre Koma et devient DJ de la Scred Connexion pendant six ans, apprend le live et la gestion musicale d’un groupe. Cette expérience lui permet d’être "validé". Ensuite, il gagne le Red Bull Street Style à Paris et produit pour Guizmo, tout en continuant à travailler : "Cela demande de l’organisation et je ne dors pas beaucoup", sourit-il "mais je ne veux pas en faire un travail, je veux que ça reste quelque chose de pure, une passion, une envie." La démarche est noble et surtout elle nous satisfait pleinement alors jetez-vous sur les réseaux de Sims, on ne saurait trop vous le conseiller…