Le Monde vient de sortir une vidéo très intéressante sur un phénomène de plus en plus courant aujourd'hui dans le rap, le raccourcissement des morceaux et la quasi-mort du troisième couplet. Il s'agit d'une enquête de sa série "Rap business" dont le thème est cette fois : "Pourquoi les morceaux de rap sont de plus en plus courts".
On apprend ainsi que "dans les décennies 90 et 2000, un morceau de rap durait en moyenne 4 minutes. Mais ces dernières années, ça a chuté. 3'45, 3'30, 3'".
L'analyse d'un des deux créateurs de Rapminerz est simple :
"Ce qui a sauté en premier, c'est le troisième couplet. On l'a mis à la poubelle."
On apprend ainsi qu'en 2022, mois de 10% des morceaux de rap contiennent un troisième couplet contre 50% il y a encore quelques années. Pour le journaliste du Monde à l'origine de la vidéo, il y a une raison principale : le streaming. Il fait d'ailleurs intervenir Sophian Fanen, journaliste au "Jours" qui a écrit le livre "Boulevard du stream" qui explique que derrière tout ça il y a une logique économique et que si les artistes veulent générer des streams donc des revenus, "ils doivent être le plus visible possible".
"Et l'un des techniques pour générer le plus de streams, c'est de réduire la durée des morceaux et de démultiplier aussi le nombre de morceaux, comme ça les gens en écoutent plus dans le temps qu'ils ont à consacrer à la musique."
Ce n'est pas le seul changement opéré par le streaming qui a touché à la structure même des morceaux. En effet, l'étude montre que le refrain est souvent placé au début du titre. Car un stream n'est comptabilisé que si la chanson est écoutée au moins 30s. "Depuis les années 2010, un morceau a deux fois plus de chances de commencer par son refrain" car c'est ça qui "va rentrer immédiatement dans l'oreille".
Tout cela est très très bien expliqué dans la vidéo du Monde présentée par Marc Bettinelli.