Cela fait quelques années maintenant que Youssoupha s'est installé à Abidjan avec sa famille. Il a quitté la France pour changer de quotidien. Fatalement, cela a eu un impact comme il l'explique dans une interview pour Jeune Afrique dans laquelle il parle de ses liens parfois compliqués avec l'Hexagone. Une parole d'autant plus pertinente avec la campagne présidentielle qui vient de se terminer.
"Y vivre a changé mon quotidien et ma musique. Et puis, je sens une crispation en France. Depuis que je suis parti, il y a eu des grèves immenses, le Covid y a été vécu durement, et maintenant la guerre en Ukraine et les élections présidentielles. Dans ma réalité ivoirienne, je sens moins de crispations, même s’il existe aussi des tensions sociales."
La journaliste lui demande également si cela a changé son engagement :
"L’engagement s’exprime différemment. Mettre des références culturelles africaines dans mes productions, comme Afrikrea et Elie Kuame dans le clip 'Amapiano', est une manière de militer aussi. Mon rapport à la politique franco-française a changé, s’est nuancé, apaisé peut-être."
Mais Yous' s'est aussi très bien (malheureusement) que plein de ses anciens morceaux sont encore cruellement d'actualité...
"Si on regarde la photographie présidentielle actuelle, et le danger que constitue Marine Le Pen… je parlais déjà dans ma première mixtape 'Éternel recommencement' de la défiance que j’avais vis-à-vis d’elle et de son parti. Je disais dans 'Polaroïd Expérience' en quoi Macron me dérangeait. Il y a dix ans, j’étais en procès face à Éric Zemmour. J’ai l’impression d’avoir déjà dit tellement de choses."
Pour autant, on ne peut pas considérer que les réflexions politiques ou sociales soient totalement absentes de ses derniers morceaux.
"Et j’aborde sûrement encore ce contexte social et les aberrations politiques et médiatiques davantage que certains artistes qui y sont pleinement confrontés. Ça reste mon ADN. On va donc retrouver des phrases avec lesquelles je peux encore avoir des problèmes. Parce que moi, même quand je fais une chanson pour l’équipe de France, j’ai des problèmes (rires). À l’époque, je prenais cela avec animosité, aujourd’hui avec le sourire. J’ai le sentiment d’avoir pris de la hauteur. J’ai donné beaucoup d’énergie à des gens qui n’en valent pas la peine. Je suis peut-être en train de rééquilibrer la balance en parlant davantage de ceux que j’aime. Est-ce qu’il y a de l’apaisement aussi ? Sûrement. Je suis papa aussi, c’est un autre mode de vie. Mais j’ai encore des colères."
Une interview importante à lire ici dans son intégralité.