Alors que Youssoupha sort aujourd'hui son nouvel album, "Neptune Terminus : Origines", il est en pleine promotion de ce projet. Et, à quelques jours du premier tour des élections présidentielles, il a, évidemment, été interrogé sur le scrutin à venir et sur la campagne qui s'est déroulée dans une atmosphère légèrement étouffante. Lui qui s'est toujours engagé dans ses textes sans forcément en avoir l'étiquette a pour autant une vraie vision de la France et de ce qui s'y passe car c'est peut-être ce qui l'a poussé à s'installer à Abidjan et à quitter l'Hexagone. Alors, en prenant un peu de recul, il a pu observer la situation et ses conclusions, qu'il a livré au quotidien Le Télégramme, ne sont pas bonnes.
"J’habite à Abidjan mais je viens régulièrement en France pour mon travail, pour mon label, et je suis juste triste pour les Français. Il y a une partie française dans mon identité et je garde des attaches très fortes avec ce pays. Les Français méritent vraiment mieux que cette médiocrité. Le débat politique est vidé, les idées racistes deviennent des programmes, ce ne sont plus des dérapages. Elles sont portées par des gens d’extrême droite, mais même aussi par des gens issus d’une droite traditionnelle ou du centre. Et il n’y a pas de véritable opposition.
Avec la situation climatique, la situation sanitaire de la covid, les événements en Ukraine et d’autres conflits dans le monde, la précarité chez les jeunes et dans d’autres milieux, on développe dans une campagne aussi clé l’idée du grand remplacement de manière pérenne. Ça me fait mal au cœur pour ceux qui sont, quelque part, mes compatriotes. Et ceux qui me refusent ce terme, tant pis pour eux…"
Le journaliste qui l'interroge a aussi eu une question sur Eric Zemmour qui avait porté plainte il y a quelques années contre le rappeur. Youssoupha ne s'est pas échappé et a livré le fond de sa pensée avec honnêteté.
"Je ne pensais pas qu’il allait en arriver là. À l’époque où j’étais en procès avec lui, je me moquais de lui et, pour être honnête, je le trouvais un peu ridicule. Contrairement à certains qui le trouvent incroyable, je n’ai jamais trouvé qu’il était un bon orateur. Il y a des théoriciens d’extrême droite qui développent des idées racistes dont la démonstration est fausse mais qui peuvent être brillants, il n’en fait pas partie. J’entends qu’il va finir au deuxième tour, il va finir à la cinquième place…. S’il va à l’ENA, il se rate, s’il va en procès contre moi, il le perd… Il est mauvais, médiocre."
Depuis que le rap existe, il a un aspect social et politique important. Si, aujourd'hui, c'est moins vrai, il est quand même important que certains comme Youssoupha vient de le faire ou comme Booba et Fianso l'ont fait avant lui prennent la parole dans le débat public, surtout quand l'atmosphère est aussi pesante et surtout à quelques jours d'une élection très importante.
Grégory Curot