Freeze Corleone : pourquoi est-il interdit de concerts en France ?

Freeze Corleone : pourquoi est-il interdit de concerts en France ?

Dans un récent tweet, le rappeur s'est plaint d'être "interdit de concerts en France.

"La liberté d'expression, laissez-moi goleri, ils subissent tous des pressions, nan, c'est pas des conneries", voilà ce que rappait Kool Shen en 1998 dans son morceau "On est encore là". Une formule simple et efficace pour dire que non, la liberté d'expression n'est pas acquise en France, et qu'il faut continuer à se battre pour la faire respecter. Freeze Corleone en sait quelque chose, lui qui a une cible dans le dos depuis le début de sa carrière, et qui serait maintenant apparemment "interdit de concerts en France", selon ses termes. Mais pourquoi ?

Freeze Corleone devait en effet se produire le dimanche 6 juillet aux Eurockéennes de Belfort, sauf qu'au dernier moment, la semaine dernière, on apprenait que l'artiste était déprogrammé du festival. En cause, une décision du préfet, Alain Charrier (on le cite parce que c'est important d'avoir les noms de ceux qui veulent bâillonner les artistes), qui mettait en avant des risques de troubles majeurs à l'ordre public, en raison du contenu des textes de l'artiste, mettant en avant des propos "complotistes, ouvertement antisémites".

Concernant ce dernier point, difficile de nier le côté complotiste de Freeze Corleone. D'ailleurs, jusque dans son tweet pour annoncer qu'il était "interdit de concerts", il parle de "pédo-criminels satanistes", vocabulaire qu'on retrouve souvent dans la complosphère aux USA et en France. Cependant, au niveau des textes, difficile de qualifier Freeze d'antisémite. D'ailleurs, la justice elle-même a refusé de condamner le rappeur à plusieurs reprises. S'il y avait vraiment des propos antisémites et de l'incitation à la haine des juifs dans les textes du Prof Chen, la justice n'aurait eu aucune hésitation à le condamner.

Matthieu Pigasse, président du festival des Eurockéennes, a lui-même exprimé sa désaccord avec la décision du préfet d'annuler la venue de Freeze Corleone, en expliquant que "jamais en 35 ans d'existence (du festival), un concert n'avait été interdit, jamais". Pour lui, c'est clairement une atteinte à la liberté d'expression, d'autant plus que jusqu'ici, aucun concert de Freeze Corleone n'a jamais donné lieu à des troubles à l'ordre public, et que ce serait étonnant que ça commence maintenant, alors même que la hype de Freeze n'est plus aussi haute qu'elle l'était lors de "LMF" en 2020.

D'autant plus que le festival avait prévu des précautions pour la venue de Freeze Corleone, avec une clause qui affirmait qu'aucun propos condamnable ne devait être diffusé lors du concert. Bref, on a bien là une décision purement fasciste, avec une censure évidente sans motif valable, de la part du préfet des Territoires de Belfort et validée par la justice. La menace de "trouble à l'ordre public" est un motif régulièrement ressorti par les autorités pour empêcher tel rappeur de se produire, ou tel humoriste, ou bien une manifestation. Qu'ils continuent comme ça, et ils vont y avoir droit, au trouble à l'ordre public, mais pas sûr qu'ils puissent l'assumer cette fois...



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