Aux Etats-Unis, il y a une véritable culture clash dans le rap. Au point même que c'est devenu une sorte d'art, présent dès les débuts du hip-hop, dans les fameuses "block party" dans lesquelles s'affrontaient des crews entiers, devant une foule chauffée à blanc. 50 ans plus tard, le rap a bien changé, mais les clashs sont toujours là. Après un premier épisode rempli d'oppositions légendaires, on continue avec un nouveau volet, spécialement pour ceux qui adorent les gros clashs bien sales : Ice Cube, Gucci Mane, 50 Cent et bien d'autres.
Gucci Mane vs Young Jeezy
On commence par ce qui est probablement un des clashs les plus sombres de l'histoire du rap US. Car pour le coup, on n'est pas sur des mecs qui s'inventent des vécus : cette fois, quelqu'un est mort, pour de vrai. Tout commence par une embrouille d'oseille autour du morceau "Icy", un feat sur lequel on retrouve Gucci et Jeezy. La situation s'envenime, les deux finissent par se haïr, et Jeezy, alors taulier de la scène d'Atlanta, met même la tête de Guwop à prix pour 10 000 balles. Sauf que le rappeur ne se laisse pas faire, et tue un de ses agresseurs envoyés par Jeezy. Les interviews s'enchaînent, et Gucci Mane décide de dégaîner un diss track, "Truth". Un des titres les plus sales de l'historie des diss tracks : non seulement il affirme avoir baisé l'ex de son rival, Keyshia Cole, mais se permet aussi de lâcher un : "va déterrer ton pote, n*gro, je parie qu'il peut plus rien dire", en référence à son agresseur. Le tout, en étant assis à l'arrière d'un gammos, rempli de lean jusqu'aux yeux. Il n'en a plus rien à foutre, et c'est clairement ce Gucci Mane là qui est rentré dans la légende.
Ice Cube vs NWA
On s'attaque maintenant à des légendes du rap US, plus spécialement, des tauliers de la West Coast, avec ce clash entre Ice Cube et NWA. On le sait, l'histoire du crew mythique de la G-Funk californienne est loin d'être un long fleuve tranquille. Ice Cube décide de quitter le groupe à la fin des 80's, sur fond de problèmes d'argent : toute la thune générée par "Straight Outta Compton" allait à Eazy E et Jerry Heller, le manager. Forcément, ça ne plaît pas au rappeur, d'autant que dans le même temps, l'artiste et son ancien groupe s'envoient quelques piques dans les médias, quelques lignes "subli" dans les morceaux. Au bout d'un moment, Ice Cube en a raz le cul, et décide d'envoyer tout le monde se faire foutre avec "No Vaseline". Le morceau est drôle de fou, et c'est pour ça que Cube est vainqueur : il fait des sous-entendus homosexuels à l'encontre de Jerry Heller et Eazy E, qui auraient un "compte commun", et reproche à tous les membres du groupe d'être devenus des "nègres de maison", qui ont tous quitté le hood pour partir vivre "chez les blancs".
Pusha T vs Young Money
On ne pouvait pas parler de clashs dans le rap US sans mentionner Pusha T, qui est un des grands amateurs du genre. Son côté underground, son vécu et son vrai talent pour le kickage font qu'il est assez écouté lorsqu'il décide de s'attaquer à quelqu'un et surtout, il le fait souvent avec une grande violence. Comme dans "Exodus 23:1", dans lequel il commence par traiter Tyga et Drake de salopes pour s'être laissés mettre en joue par un gun sans rien faire. Il accuse Drizzy de se cacher derrière d'autres artistes comme Rick Ross ou Lil Wayne ou bien Birdman lorsqu'il essaie de clasher (très souvent en featuring, c'est vrai), et dit à tout le monde qu'ils se font douiller sur leurs contrats. Il ne s'est pas arrêté là, et son animosité envers toute l'équipe a continué. Jusqu'à sa tentative de destruction de la carrière de Drake, sur "The Story of Adidon", dans lequel il révèle l'existence de son enfant caché avec une pornstar, la sclérose en plaque de son producteur Noah 40 Shebib, la cover du single en mode blackface. Clairement Pusha a été tellement loin, un degré de violence rarement vu dans un clash de rap US.
Eminem et le D-12 vs Ja Rule
50 Cent n'est évidemment pas le seul rappeur à être entré en clash avec Ja Rule. Mais si, à un moment, il a pu y avoir une vraie rivalité entre Fifty et Ja, cette fois, clairement, le "fake 2pac" de la East Coast s'est attaqué au mauvais client. Pire, il a eu l'audace de mentionner la fille d'Eminem dans "Loose Change" en lui disant : "tu dis que ta mère est une crackhead, que ton ex Kim est une pute, alors que va devenir Hailie quand elle va grandir ?". On admire la violence et l'audace, mais clairement il s'est fait éteindre.
Car pour répondre à Ja Rule, Eminem n'a pas retenu ses coups, il l'a taclé, en solo, ou en équipe, avec tout le D-12, qui sont d'excellents rappeurs, et même avec 50 Cent. Sur le morceau "Doe Rae Me (Hailie's Revenge)", il fait même parler sa fille en interlude au début du morceau en lui demandant ce qu'elle veut être quand elle sera grande : "Je ne sais pas, mais je ne veux pas ressembler aux gros dégueulasses d'enfants de Ja Rule". Et après, 5 couplets, plus des refrains, et des interlude où Ja se fait démonter dans tous les sens. Tu es un putain de nain, arrête de te prendre pour 2Pacn a plus assez de doigts pour compter les punchlines, bref, clairement, Ja Rule ressort grand perdant de ce clash. Mais c'était courageux d'avoir essayé !
50 Cent vs The Game
On termine par un autre clash légendaire du rap US, avec une opposition qui nous a presque fait croire à un revival de la guerre East Coast / West Coast. On parle évidemment de la rivalité entre The Game et 50 Cent. L'histoire était pourtant belle, avec une connexion 40 Cent / The Game qui s'est faite via Dr. Dre et qui a donné des morceaux classiques : "Hate It Or Love It", "How We Do", … Masi voilà, le premier album de Game, "The Documentary", a beaucoup trop bien marché, ça a peut-être rendu Fifty jaloux, en plus du fait que Game ne l'a pas soutenu dans son clash avec Ja Rule, Fat Joe et Jadakiss.
Résultat, il est viré de G-Unit, et commence donc à insulter tout le label dans son premier diss track, "300 Bars and runnin" : vous êtes de faux gangsters, Tony Yayo est un rappeur de merde, Olivia serait un homme, le tout à grands renforts d'imitations et de voix d'enfants pour tourner ses opps en ridicule, c'est très bien fait. Fifty aura mis du temps à répondre en musique, mais "Not Rich, Still Lyin" est aussi un excellent diss track, dans lequel il aura rappé deux couplets avec la voix de The Game en disant des trucs délirants et en le faisant passer pour un putain de looser. Au total, près d'une quinzaine de diss auront été échangés entre les deux camps, et franchement, c'était le top du divertissement dans les années 2000. Quelle époque...













































