Diam's, Lauryn Hill, Missy Elliott : ces femmes qui ont changé le rap

Diam's, Lauryn Hill, Missy Elliott : ces femmes qui ont changé le rap
Lauryn Hill sur scène au Stockholm Jazz Festival en 2005 (source : Flickr)

En écho à la journée internationale des droits des femmes, on vous a fait une petite liste des artistes féminines qui ont changé la face du rap.

Le samedi 8 Mars, c'était la journée internationale des droits des femmes, qui a été créée pour mettre en avant la lutte pour le droits de nos go qu'on adore, et tenter de mettre fin aux inégalités entre les hommes et les femmes. Evidemment, le chemin est long pour nos sociétés. Mais dans le rap aussi, les femmes souffrent un sacré déficit d'image, qui fait qu'il peut être difficile pour une meuf d'envisager de se lancer dans le rap aujourd'hui, puisque le milieu est jugé assez macho. Pourtant, dans le panthéon du rap game, plusieurs noms féminins sont écrits en lettres d'or, avec des artistes qui ont vraiment changé le visage de cette musique. On vous a préparé une petite sélection des femmes qui ont changé le game, dans le rap FR ou US.

Roxanne Shanté

On va commencer par la toute première, ou plutôt, la première rappeuse à avoir été véritablement connue. Car on imagine que d'autres avant elles ont essayé de manier le micro, mais ça a eu moins de succès. En ce qui concerne Roxanne Shanté (Lolita Shanté Gooden de son vrai nom), ça a tout simplement cartonné. Il s'agit d'une rappeuse du Queens, qui a sorti son premier morceau au milieu des années 80. Et tenez vous bien : il s'agissait... d'un diss track ! Un petit clash envoyé (toujours dans un esprit amicla de compétition) au groupe UTFO, après la sortie de leur titre "Roxanne Roxanne" dans lequel ils insultaient une femme qui avait refusé leurs avances. Roxanne Shanté a 14 ans lorsqu'elle lance sa carrière avec un clash envers un des groupes les plus populaires de New-York à l'époque. Selon Billboard, il s'agit même du premier "diss track" enregistré de l'histoire du hip-hop. Clairement, une meuf qui n'avait peur de rien !

Queen Latifah

Maintenant que les pionnières ont ouvert la voie, de nombreuses femmes, principalement de New-York, comment à voir que c'est possible de se lancer dans le rap avec succès. Parmi elles, Queen Latifah est clairement le nom qu'on retiendra le plus, et ce, pour plusieurs raisons. Déjà, c'est une véritable icône féministe, avec des skills impressionnants au micro. Mais aussi pour son succès. Avec un Grammy Awards en 94 pour "U.N.I.T.Y.", trois Golden Globes en tant qu'actrice, et première rappeuse à avoir performé à la mi-temps d'un Super Bowl, il n'y a tout simplement personne qui peut tester celle qu'on surnomme la Première Dame du hip-hop. Et on se répète un peu, mais elle rappait mieux qu'une bonne moitié des rappeurs de l'époque, et pourtant, il y avait de la concurrence dans les 90's.

Lauryn Hill

On s'est longtemps demandé s'il fallait inclure Lauryn Hill dans cette liste. Car il faut dire ce qui est : depuis plusieurs années, elle cumule les erreurs de parcours, avec des retards énormes en concert, de la fraude fiscale, des shows en live avec vraiment peu d'envie. Mais si elle semble un peu au fond du trou aujourd'hui, dans les années 90, elle portait quasiment seule les Fugees sur ses épaules avec son talent, un des plus grands groupes de rap de tous les temps. Et elle a aussi livré un album solo, "The Miseducation of Lauryn Hill", qui reste un des meilleurs disques jamais produits, avec 5 Grammy Awards à la clé. Une artiste remarquable, avec une personnalité complexe, elle qui a dû subir les infidélités de Wyclef Jean pendant tout son début de carrière (ils étaient amants), ce qui l'a visiblement un peu déstabilisée psychologiquement. Mais même 30 ans après sa période dorée, elle reste une référence.

Missy Elliott

Difficile de parler de la journée internationale des droits des femmes et de rap, sans mentionner Missy Elliott, dont la vie entière est un symbole pour toutes les luttes féministes actuelles, ainsi qu'un exemple de détermination, de résilience, et surtout, de talent. Victime de violences par son père, abusée sexuellement par son cousin dès ses 8 ans, elle écrivait des lettres à Janet et Michael Jackson presque tous les jours, ses héros, pour qu'ils viennent la sauver. Une jeunesse horrible, dont elle est ressortie avec une rage de vaincre et un talent sans comparaison possible, avec une énergie folle. Et au final, un succès retentissant : 4 Grammy, 9 BET Awards, 30 millions de disques vendus, et des sons et des clips dont on se rappelle encore 25 ans après, comme "Work It" ou "Get Ur Freak On". Définitivement la boss.

Diam's

On a bien parlé des rappeuses américaines, et c'est normal : en termes de vente, de notoriété, et surtout, au niveau de l'héritage qu'elles ont laissé, on ne pouvait pas faire l'impasse sur elles. Mais en France aussi, on a des artistes féminines emblématiques, et Diam's en fait clairement partie. Plus que ça, même, elle reste encore aujourd'hui une sorte de modèle indépassable, puisqu'on a pas vu une rappeuse avec autant de notoriété chez nous depuis sa fin de carrière. Une carrière qui commence au début des années 90, avec des groupes comme Mafia Trece, Echo du Sud, à base de gros freestyles hardcore et engagés (notamment sur Générations à l'époque), et qui connaîtra un succès commercial retentissant avec "Brut de Femme" en 2003, puis "Dans ma bulle" en 2006. Deux albums qui restent des classiques pour beaucoup de gens, avec énormément de gros titres à l'intérieur. Clairement, Mélanie a changé le visage du rap en France, c'est même grâce à elle que Sinik a fait une carrière dans le rap. Et on aurait bien besoin de plus d'artistes avec des morceaux comme "Ma France à Moi" ou "Marine" en ce moment...

Nicki Minaj

On part maintenant complètement à l'opposé, en passant de Diam's à Nicki Minaj. Mais c'est totalement assumé. Pendant longtemps, les femmes dans le rap ont dû choisir leur camp entre l'image très caillera, et celle de la "bad bitch", figure emblématique du rap féminin qui a décidé que, puisque c'est ce qu'on attendait d'elle, elle allait utiliser ses charmes pour mettre le monde à ses pieds. Et dans ce domaine, c'est clairement Nicki la reine. Loin devant Cardi B, qui a aujourd'hui complètement disparu, n'en déplaise à ses fans. Nicki, elle, est éternelle, et ne croyez pas qu'elle est là juste parce qu'elle est sexy : elle enterre les 3/4 des rappeurs en terme de flow. Elle l'a prouvé quasiment dès le début de sa carrière, lorsqu'elle se met à rapper avec les gars de Young Money Entertainment. Pas un hasard si toutes les stars de l'époque (Kanye, Lil Wayne, Drake,...) se sont pressés pour venir poser avec elle : non seulement, ils étaient sous le charme, mais surtout, ils savaient que son succès allait être immense, ce qui a été le cas dès son premier album, "Pink Friday". Au total, 150 millions de disques vendus dans le monde, 119 morceaux numéros 1 au Billboard (plus que Aretha Franklin), et là encore, un héritage immense. Combien ont essayé de la "copier" sans jamais y arriver ? Il faut dire qu'avoir son flow, ça n'est pas donné à tout le monde ! Et peu importe les rageux ou les religieux qui ont essayé de la boycotter dès ses débuts : Nicki fait ce qu'elle veut, elle s'en fout de vos avis. 

Les autres légendes féminines du rap 

Vous l'aurez compris, des femmes dans le rap, il y en a eu des dizaines. Peu importe si le milieu était macho, elles sont là depuis les années 80 et ont gagné le respect des amoureux de cette musique. De Da Brat, la rappeuse la plus thug de l'histoire, à Cardi B ou Ice Spice ou Megan Thee Stallion, qui ne sont finalement que des héritières de Nicki Minaj, ce ne sont pas les rappeuses douées qui manquent. Mais on ne pouvait pas terminer cet article sans mentionner des incroyables rappeuses comme Keny Arkana, avec son engagement politique assumé et ses textes forts, Princess Aniès, Sté Strausz, avec leur identité artistique unique, ou encore MC Lyte, une des pionnières. Des carrières et des talents incroyables, qu'on vous invite à découvrir si vous ne les connaissez pas !