Avant d'arriver à cette liste de dix albums, il y a eu de nombreux échanges, messages, discussions etc, etc. Et ce que l'on peut vous dire, c'est que chacun à des goûts et des avis bien différents dans la rédaction de Generations et que de très nombreux albums et artistes ont obtenu des voix, des plus underground aux plus mainstreams. Au final, c'est la démocratie qui l'a emporté et chacun des projets qui suivent sont ceux qui ont remportés le plus de voix. Et vous verrez là encore que c'est très ouvert puisqu'on n'y retrouve pas uniquement des artistes américains. On attend maintenant vos contre-propositions !
Travis Scott "Utopia"
Obligé de démarrer ce top avec Travis Scott, qui après des années de teasing nous a sortait enfin cette année son quatrième album "UTOPIA". Un projet qui avait la lourde tâche de passer derrière le monstrueux "Astroworld", mais qui encore une fois aura réussi à mettre tout le monde d'accord. Sur ce nouvel opus, Travis Scott pousse la création encore plus loin, porté par des productions de Mike Dean, Pharrell Williams, Kanye West et même l'ancien Daft Punk Guy-Manuel de Homem-Christo. A cela s'ajoute une multitude de featuring avec Beyoncé, The Weeknd, Bad Bunny, SZA, Young Thug, Drake, 21 Savage, et beaucoup d'autres. De quoi faire de cet album un véritable blockbuster parfois déroutant mais totalement efficace. Mentions spéciales aux morceaux "I KNOW ?", "MY EYES", "MELTDOWN" ou encore "DELRESTO".
Burna Boy "I Told Them"
À 32 ans et avec plus de dix ans de carrière, le nom de Burna Boy est aujourd’hui synonyme de réussite. Toujours en hissant fièrement le drapeau de ses couleurs et celles de l’afrofusion, l’artiste poursuit son ascension du Nigéria au monde entier avec "I Told Them…", septième album où il parfait de nouveau sa maîtrise des genres. Il propose quinze titres naviguant entre afrobeats et R&B, le tout bercé par une forte influence provenant du rap des années 90. Pas étonnant de retrouver GZA du Wu-Tang Clan sur le titre éponyme de l’album, servant aussi d’introduction. Porté par des hits comme "City Boys" et "Sittin’ On Top Of The World", Burna Boy avance avec une envoûtante et saisissante assurance tout au long du disque. Un an seulement après la sortie du réussi "Love, Damani", il parvient à hisser son drapeau encore plus haut et confirme au monde entier son statut de Roi de l'afrofusion.
Drake "For All The Dogs"
On n'a peut-être pas vécu une énorme année de Drake, qui n'a pas sorti de single à un milliard de vues. Mais le Canadien mérite encore largement sa place dans le top 10 des albums de l'année. Certes, "For All The Dogs" aura fait un peu moins de bruit que "Her Loss" avec 21 Savage. Mais il aura quand même réussi à marquer les esprits, avec des morceaux qui deviendront sûrement de vrais classqiues comme "First Person Shooter" avec J.Cole. D'autant que le clip est incroyable, et on le sait, le visuel compte beaucoup dans le rap d'aujourd'hui. Avec "IDGAF", il a montré qu'il n'y avait pas que Lil Uzi Vert qui pouvait poser sur ce genre d'instrus très étranges et très électroniques. Si on compte la réédition, le projet contient 29 titres en tout. C'est énorme, mais avec la liste de stars internationales invitées sur l'album, qui est longue comme le bras, on a une vraie diversité d'ambiances. Des morceaux très R&B, comme "Members Only", "Amen" ou "Slime You Out", des sons un peu futuristes comme "IDGAF" ou "Calling for You" avec 21 Savage, et des morceaux où on le retrouve en train de kicker de manière plus posée, comme il le faisait dans ses précédents albums, avec "8aM in Charlotte" par exemple. Toujours aussi fort dans tout, le Drizzy !
Gunna "A Gift & A Curse"
Au départ, personne ne misait sur un retour réussi de Gunna. Pour tous, il était la balance dans l'affaire de la loi RICO contre le label YSL et surtout, il était celui qui s'était arrangé avec la justice américaine au détriment de Young Thug, son ami et patron. Alors, vraiment, ce projet était censé faire un flop et consacré la fin de la carrière du rappeur. Sauf que, évidemment, ça ne s'est pas passé comme ça. En effet, non seulement l'album est vraiment bien, mais surtout Gunna y ouvre son coeur et raconte l'histoire entière comme il l'a vécu et livre un témoignage sincère et brûlant. Et le public ne s'y est pas trompé. Résultat, l'album est un succès, porté par le carton du morceau "Fukuman" et met Gunna sur la voie de la rédemption.
Ice Spice "Like.. ?"
Il lui aura fallu moins d’un an pour littéralement tout péter. Ice Spice. Ce nom était sur toutes les lèvres en 2023 et ce pour une bonne raison. La rappeuse originaire du Bronx à New-York a marqué les esprits avec un enchaînement d’énormes bangers. Sa drill entêtante et hypnotisante fait danser le monde entier, d’abord avec "In Ha Mood", premier single de son tout premier projet. "Like..?" voit alors le jour le 20 janvier et c’est tout ce dont Ice Spice aura eu besoin pour marquer cette année. Avec sept titres (11 dans la version deluxe) dont sa collaboration sucrée avec Nicki Minaj sur "Princess Diana", la rappeuse s’élève rapidement au rang de superstar en devenir. Du haut de ses 23 ans, la "Rookie de l’année 2023" du magazine Billboard a tout pour conserver sa place de numéro 1.
Bad Bunny "Nadie sabe lo que va a pasar mañana"
Impossible de continuer ce top sans dépasser les frontières des Etats-Unis direction les Caraïbes. Après l'immense succès commercial et critique de son album "Un Verano Sin Ti" l'année dernière, la pression était forte pour Bad Bunny en 2023. Avec "Nadie Sabe Lo Que Va a Pasar Mañana", le Portoricain nous signe un excellent sixième disque, porté par le single "Monaco" qui sample l'un des plus grands classiques de la chanson française, "Hier Encore" de Charles Aznavour. Sur cet album, Bad Bunny délaisse un peu plus le reggaeton pour revenir à ses racines trap latine, en y ajoutant un peu de jersey, de drill, et même parfois de house. Un mélange réussi qui fait de ce projet l'un des meilleurs albums de cette année 2023 !
Key Glock "Glockoma 2"
On a bien conscience que le chox d'inclure Key Glock dans le top peut prêter à discussion. Mais pourtant les faits sont là : si vous aimez le gangsta rap où ça kicke, où il n'y a pas trop d'autotune et où l'ambiance est en générale très sombre, "Glockoma 2" est exactement ce qu'il vous faut. En signe héritier des rappeurs de Memphis, Key Glock n'est pas là pour faire des blagues ou des singles. Pas beaucoup de moments d'éclaircie dans son album, à part peut-être quelques morceaux comme "Dirt" ou "From Nothing", et encore, mais un paquet de gros bangers efficaces ("Let's Go", "Presidential Rolex") qui ont bien tourné aux States, bien qu'ils aient un peu peiné à traverser les frontières, à cause de leur aspect trop street et trop gangsta. De la vraie musique de shooter, c'est comme ça que le protégé de Young Dolph honore la mémoire de son mentor assassiné, et on espère l'entendre encore longtemps.
J Hus "Beautiful and Brutal Yard"
"Beautiful & Brutal Yard" annonce le retour du rappeur engagé originaire de Londres, J Hus. Il nous livre son troisième album solo depuis "Big Conspiracy" sorti en 2020. Drake fut le premier featuring et surtout le premier single annoncé de ce projet avec"Who Told you", un titre afro pop rythmé (d’ailleurs, on attends toujours le clip). Ce projet comporte 19 titres sur des ambiances très différentes et très variés tout comme les featurings. Les noms de Naira Marley, Popcaan, Jorja Smith ressortent mais on pense notamment à cette troisième collaboration avec Burna Boy. On peut clairement le dire : l’alchimie est toujours au rendez-vous. Si vous ne l’avez pas compris, dans ce projet, l’artiste originaire de Gambie vous laisse transiter entre la beauté et la brutalité de son cœur.
Offset "Set It Off"
Avec la mort traumatisante de TakeOff et la dissolution de fait de Migos, à la fois Quavo et Offset étaient attendus "au tournant" quant à la suite à donner à leurs carrières respectives. Si Quavo n'a pas du tout à rougir de son album "Rocket Power", il semble pourtant avoir vraiment du mal à se remettre de la disparition de TakeOff. Offset aussi s'est servi de son album pour exorciser sa douleur mais c'est comme s'il avait été galvanisé par la mort de TakeOff, que, pour lui rendre hommage, il avait cherché à puiser loin et à vraiment donner le meilleur de lui-même ce qui n'avait pas toujours été le cas dans ses autres solos. Et puis, il semble libéré de l'ombre pesante de Migos ce qui donne tout de suite une toute nouvelle orientation à sa musique.
Killer Mike "Michael"
Alors évidemment, Killer Mike n'aura jamais les scores ou la popularité de Drake. Mais sa présence dans ce top est pourtant une évidence tant la qualité de son album saute aux oreilles dès la première écoute. Musicalement d'abord, évidemment, mais surtout dans la profondeur de ses textes et dans la variété des sujets qu'il aborde. Se plaçant comme un pacificateur, un sage parmi les sages, il peut ainsi parler de santé mentale ou des dysfonctionnements institutionnels et racistes des Etats-Unis se faisant ainsi l'héritier d'une certaine tradition afro-américaine. Mais surtout, au-delà de tout ça peut-être : il rappe. Il rappe dur, il rappe doux, il rappe intelligemment, mais il rappe. Et parfois, on a juste besoin de ça.