On entend souvent les gens se plaindre, à raison, que les rappeurs aujourd'hui ne prennent plus de position politique. Il est vrai que ce qu'on appelait le rap conscient est peut-être en perte de vitesse, mais ce qui est aussi vrai, c'est que lorsque les rappeurs ont affiché leur sympathie pour des politiques, ça s'est souvent retourné contre eux. On comprend donc qu'ils puissent se méfier, d'autant qu'aujourd'hui les gens sont plutôt à cran sur les sujets politiques, et on le sent bien sur les réseaux sociaux.
Médine, lui, n'a jamais cessé de politiser sa musique et son discours. Même quand cela devait lui rapporter des menaces de morts, avec des gens qui incendient sa boîte aux lettres, le rappeur du Havre a toujours continué à clamer ses positions : l'antiracisme et la tolérance, le devoir de mémoire au sujet des atrocités coloniales, la lutte contre l'islamophobie (et également contre les radicaux islamistes), le droit de se revendiquer français sans renier ses autres cultures. A la veille de l'élection présidentielle, il a tenu à prendre la parole en freestyle pour Konbini.
Un freestyle lourd de sens, dans lequel il parle notamment de la récupération des thèmes de l'extrême droite par d'autres politiciens français, en envoyant de la forces aux antifas. Il attaque frontalement les racistes et nationalistes en tous genres, et il revendique également sa fierté d'être français et issu de l'immigration, en affirmant que comme lui des milliers d'enfants ou petits enfants d'immigrés sont déterminés à continuer à se faire leur place en France, sûrement pas pour rester coincés dans la précarité, comme semblent le croire beaucoup de politiques...Une prise de position qui montre que Médine est toujours aussi fidèle à ses convictions ! Petite précision, le morceau "Généric" est extrait de la BO du film "Songs of Revenge".