MC Solaar : on était à la Philharmonie de Paris

Pour un concert événement.

Franchement, on ne pensait pas un jour aller voir Claude Mc Solaar dans un tel lieu. Quoiqu'en en y réfléchissant bien, qui d'autre que le plus lettré des rappeurs français pouvait remplir cette salle ? Car oui, la salle était comble pour l'artiste accompagné par l'orchestre du New Big Band Project dirigé par Issam Krimi et composé du groupe The Ice Kream et de l'orchestre national d'Ile-de-France. Autrement dit, on était sur quelque chose de lourd, de gros, de fort, de puissant. Et c'est exactement ce que l'on a ressenti. Même si on connaît évidemment tous les morceaux puisque Solaar et ses acolytes ont repris les classiques de sa discographie et une très grande partie de son premier album "Qui sème le vent récolte le tempo" sorti en 1991, leur nouvelle orchestration leur a donné un second souffle, quelque chose de jazzy, de funky et de grandiose qui a encore un peu plus magnifié les paroles de ses morceaux qui ont 30 ans. A ce propos, on remarque que les références sont évidemment datées, le propos reste résolument moderne et beaucoup de messages véhiculés par ces titres sont encore tout à fait d'actualité.

Evidemment qui dit Philharmonie de Paris dit costume. Mais Solaar est resté hip-hop avec des baskets blanches et une casquette. Et si le concert était assis, toute la salle a fini debout devant la bonne humeur affichée par le maitre de cérémonie, concrètement content d'être là. Si les spectateurs se sont levés, c'est aussi de plaisir, celui de réécouter "Bouge de là", "Nouveau Western", "Caroline", "Obsolète" et tant d'autres. Si la nostalgie a évidemment joué un rôle dans ce succès, il faut quand même remarquer que le public était composé de beaucoup de personnes qui n'ont certainement pas dû connaître Mc Solaar à ses débuts et qui l'ont a priori découvert plus tard. Mais fidèles, ils l'ont suivi et sont toujours là aujourd'hui. Il faut dire aussi que le cadre, les musiciens, tout concourait à redonner un vrai coup de projecteur sur des textes si bien écrits. On remarque d'ailleurs qu'à plus de 50 ans, Claude MC a toujours autant de souffle car son flow et surtout la densité de ses textes ne laissent que peu de place à l'improvisation et au laisser-aller. Mais ainsi réorchestrés, on les redécouvre presque et si les connaît par coeur, il y a un vrai plaisir à les entendre sur une musique plus "costaud", plus profonde, plus forte que les productions originelles.

Bref, vous l'aurez compris, c'était un superbe concert et il n'y a qu'à lire quelques réactions sur les réseaux sociaux pour s'en assurer...

Grégory Curot