C'est une chose que l'on ne remarque pas forcément, mais Alonzo a également 20 ans de carrière et il est l'exemple rare du rappeur qui a su s'adapter pour rester tout en haut, continuer à avoir du succès et faire des feats aussi bien avec les artistes de sa génération que des plus jeunes. On parle souvent (à juste titre d'ailleurs) de Rim'K, mais on a tendance à oublier que le Capo marseillais a une trajectoire similaire. Après le succès en groupe, il l'a connu en solo et il continue puisqu'aujourd'hui, vendredi 20 mai 2022 sort son septième album solo, "Quartiers Nord". La clé de sa longévité est très très bien expliquée dans le documentaire qui lui est consacré par Views et qui est visible sur YouTube, "Capo reste Kassim". Malgré son niveau, malgré sa longévité, malgré ses succès (dans le docu, Alonz' pense qu'il a dû vendre plus d'un million d'albums, excusez du peu), on comprend que le membre des Psy4 de la Rime n'a jamais eu la reconnaissance artistique à laquelle il pensait avoir droit. Bien sûr, il y a l'argent, les certifications etc. Mais s'il a encore autant la dalle 20 ans plus tard, c'est qu'il semble souffrir de ce manque de considération. Résultat, il a le mors aux dents et la rage au coeur. Alors il continue, il travaille, il travaille.
Une réalisation avec un parti pris assumé
Car "Capo reste Kassim" n'est pas qu'un documentaire chronologique même s'il a évidemment été impossible de passer sous silence son exceptionnelle carrière. Et le réalisateur, Julien Bihan, ne s'y est pas trompé. Il a habilement mêlé images d'archives et séquences très actuelles tirées des six mois qu'il passé avec Kassim alors que ce dernier enregistrait "Quartiers Nord". C'est là qu'on voit qu'il a toujours aussi faim qu'à ses débuts, que le succès n'a pas altéré son envie et que si la jeune génération a du respect pour lui, il existe toujours un fond de manque de reconnaissance qui le pousse à continuer à être efficace et performant. En maniant les deux histoires en parallèle, on remarque aussi que, étant le plus jeune des Psy4 de la rime, c'est comme si la Capo avait toujours eu quelque chose à prouver. Des années après, à près de 40 piges, il est dans le même état d'esprit.
Star, papa et mari
Mais surtout, si le documentaire s'intéresse à l'artiste et à sa façon de fonctionner, il suit de près l'homme, le père de famille, le mari qui a parfois du mal à concilier sa vie privée avec sa vie professionnelle mais qui, en bon équilibriste, jongle entre les deux. D'ailleurs, on ne peut qu'apprécier que Kassim ait mis ses tripes à l'air, ouvrant la porte de sa maison, ne cachant pas ses enfants (sa fierté) et amenant avec lui l'équipe de tournage à l'hôpital alors que sa femme en sort avec le petit dernier.
Et c'est tout là le sens de ce documentaire où, en public, Alonzo est le Capo Dei Capi tandis qu'à la maison, il redevient Kassim, l'enfant des quartiers Nord. Ce n'est pas pour rien d'ailleurs si c'est sa mère qui ouvre le documentaire dans un parti pris de réalisation là aussi très intéressant : on ne voit jamais les intervenants extérieurs, on n'entend que leurs voix qu'il s'agisse de Soprano ou de Vincenzo ou encore de la femme de Kassim ou de ses proches comme Spike Miller, fidèle parmi les fidèles. Ainsi, on reste focus sur son histoire même si on ne peut s'empêcher d'être ému quand il évoque avec une pudeur qui l'honore, la disparition de son mentor et du DJ des Psy, Sya Styles.
"Capo reste Kassim" est donc parfaitement réussi puisqu'on y voir parfaitement les deux faces d'Alonzo, sa vie à 1000 à l'heure qui ne s'arrête un instant que lorsqu'il prend ses enfants dans ses bras.
Il a donc fendu la carapace, et s'il restera l'unique Capo Dei Capi du rap français, on a surtout retenu que Kassim était un mec bien qui s'occupe de sa famille et de ses enfants.
Grégory Curot
Regardez le documentaire "Capo reste Kassim" ici