Le vilain petit canard
"Parce que je me cassais tout le temps en morceaux, les filles s’intéressaient à moi."
Après avoir brillé sur les rings d'Europe et d'Asie, Aurélien Duarte s'est aussi fait remarquer comme animateur, présentateur et commentateur pour l'Equipe ou encore Canal +. Une crédibilité qui découle naturellement des 7 titres qu'il a décrochés dans 3 Arts martiaux différents. Mais avant de se tailler cette armure de guerrier, Aurélien Duarte était "Yoyo fragile". Un début d'existence compliqué dû à une histoire familiale qui l'a été tout autant:
"Je suis né à Dakar en 1970. Quand ma mère se sépare de mon père, nous arrivons en France. Ca été compliqué, ma mère nous avait confiés aux institutions le temps de s’installer mais ça crée des plaies chez les enfants. J'ai 3 ans et je me retrouve en foyer pendant 2 mois. Un enfant de 3 ans, seul- ma sœur a sept ans de plus que moi- et à l’époque il n’y avait pas de regroupement. Avant la séparation, je n'avais pas beaucoup vu mon père donc déjà cette dette du père était présente, ce manque. Je ne m'en rendais pas compte enfant mais mon corps me l'a dit. J'ai développé 14 fractures, comme les 14 déménagements qu'on a vécus. J'étais le plus petit de la classe jusqu’à mes 17 ans, j'ai redoublé le CM2. Le corps parle, il y a un lien direct mais, à l' époque on n'en parlait pas, on disait que c'était un manque de calcium ou des problèmes de croissance."
Une distribution des cartes plutôt défavorable qui, à contrario, a fait naître chez cet enfant une détermination à toute épreuve. Mais longtemps d'abord, comme il le racontera dans son ouvrage à paraître, « Jambes de laine fait de la boxe thaï », il se définit par ces blessures à répétition:
"J'existais par le fait d’avoir des problèmes, d’être tout le temps malade. J'avais développé une mécanique de victimisation: je n’arrive pas à faire quelque chose, c’est à cause du monde extérieur et donc j’exige réparation. À un moment, ce rôle m’a servi car il m’a permis d’exister, sans ça, je n’aurais été personne. Parce que je me cassais tout le temps en morceaux, les filles s’intéressaient à moi. J'attirais la compassion, tout le monde était doux avec moi, on me protégeait. C’était ma façon d’attirer l’attention, comme rapporter une mauvaise note ou renverser un objet à table."
A travers ce sentiment d'impossible adaptation, l'ex-Yoyo Fragile, expérimente les limites de notre société moderne, et particulièrement les lacunes inculquées par le système scolaire:
"On sait aujourd’hui qu’il y a sept formes d’intelligence et que l’école n’en développe qu’une seule. Notre école n’a pas les outils pour développer la créativité, l’intelligence musicale, l’intelligence de la parole, celle du contact, celle de la nature. C’était très difficile pour moi parce que les parents s’inquiètent. Il y vivent la double-peine : quand on leur dit « votre fils a mal travaillé» ils entendent « vous êtes de mauvais parents, vous avez mal fait le boulot »."
Plus tard, il aura également le recul pour décortiquer les blocages qui ont entravé sa réussite dans d'autres domaines, sa crainte d'aller jusqu'au bout de son rêve de carrière et de vivre une existence en accord avec toute cette énergie investie. Une capacité à se distancer qui le conduira à endosser aujourd'hui ce rôle de coach en développement personnel. Mais avant ça, la victoire.
Un cygne majestueux
"Tu vas être une victime toute ta vie ?"
Trouver le courage de rompre avec la facilité de se complaindre dans la victimisation, avancer. Autant de désirs difficiles à matérialiser. C'est à l'âge de 13 ans que la mutation s'amorce en trois temps-forts. En premier lieu, l'imagination:
"La volonté est un concept, ce que j’avais c’est l’imagination. C’est beaucoup plus puissant. J’avais volé le magazine d’un copain, « Karaté Bushido », je l’ai encore. En le feuilletant je tombe sur un mec qui porte la ceinture de champion. J'ai fait une persistance rétinienne et j’ai décidé que je voulais ça. J’ai imaginé toute ma vie que j’aurai ça et 13 ans plus tard, jour pour jour, je l’avais autour du ventre. Je savais que je la voulais sans avoir aucune idée de comment procéder. Dans le fond, je me disais quand je serai champion du monde on m’écouterait."
Puis, la représentation:
"Je vois des contre-modèles à la télé : Robin des bois, Indiana Jones, James Bond, Terminator… Les héros des films, ils ont la classe. Ça se vérifie dans la vie avec le mec dans ta classe qui repart toujours avec une fille après la boom. Lui, il se tient droit, il a des pecs,du charisme. Je me rends compte qu’on peut aussi attirer l’attention en ayant autre chose qu’une pathologie. On peut exister en ayant un talent. Et j’ai voulu ça."
Enfin, l'électrochoc, suscité par le professeur de sport :
"Tu vas être une victime toute ta vie ? ». Je ne comprenais pas encore. J’étais là avec mes béquilles, je passais devant tout le monde à la cantine, ça m’allait. Mais l’électrochoc est quand même là, pour la première fois de ma vie, ma structure est remise en question, les choses ne sont pas figées et je peux être autrement. Du coup, je vais à la gym."
Cependant, la route est encore longue. L'idée de cette ceinture de champion en tête, Aurélien Duarte vit encore quelques années d'errance. Il lâche béquilles et plâtres pour participer aux entraînement et découvre un nouveau monde basé sur des possibilités infinies:
"Là je n'étais pas à l’hôpital avec des gens cassés mais avec des gens en bonne santé qui performent. Tu apprends de nouveaux mots, l’ATR et pas l’équilibre par exemple (appui tendu renversé)."
Par ailleurs:
"A la fin des combats, j'allais voir mes adversaires pour comprendre comment ils m’avaient battu et j’apprends. Au quartier ce que tu apprends tu le garde pur toi, dans les salles de sport au contraire on échange."
Cette nouvelle version de lui-même, amplifiée par la cris e de narcissisme aiguë qui survient à l'adolescence, lui permet de persévérer dans ses premières expériences chaotiques avec les sports: "De 13 à 17 ans j’ai pratiqué le karaté, j’étais nul ; le tennis de table, j’étais nul, Gym, nul." Sans savoir que toutes ces tentatives compteront dans le développement de ses performances. Son statut change dans le quartier:
"Le Ping-pong au quartier, ça s’appelle le tennis de table en club. Tu fais des échauffements de malade, des séries de 1000 répétitions et quand tu rentres à la cité ton bras est programmé, les mecs qui te cartonnaient la veille tu les défonce. Là on te regarde différemment. Moi, le petit yoyo qui était tout fragile, aujourd’hui je les tape au ping-pong ; les grands me veulent et plus pour me vanner mais pour me mesurer à eux. Au karaté je suis face à de mes qui ont 10 ans de pratique, ils me battent mais je reste et je reviens."
Les 3B
"Baise, bouffe et basketball."
17 ans, l'âge de la consécration, l'âge des hormones, l'âge où Aurélien devient fort:
"Quand t’es une masse et que tu dis que tu sais faire le grand écart et des séries de 100 abdos tout le monde te croit, moi, j’avais toujours à prouver. J’ai aussi développé le personnage du clown, le marrant de la classe. J’avais déjà fait le yin, la douceur et la fragilité ; là je devais rencontrer le yang. Je commence à devenir fort vers l’âge de 17 ans. J’en ai marre du karaté et du tennis de table. Je veux réussir dans quelque chose et je comprends, même si je progresse, que je ne serai jamais le meilleur dans ces disciplines."
Fin des années 1980, le soft power américain se répand de plus belle dans l'hexagone avec l'arrivée du Hip-Hop. Le mouvement, à la croisée de la musique, du sport et de la mode, offre au futur champion une opportunité de briller:
"Dans le gymnase où je fais du karaté, il y a du basket et j’aime bien. On est à la fin des années 1980, y ‘a l’arrivée de Michael Jordan et de la NBA sur Canal +, une fois par mois comme le rap et le porno. Karine, ma première amoureuse, quitte le karaté pour le basket, donc je m’y mets aussi et je prends 17cm. J’ai imaginé. Je voulais être grand pour être basketteur alors je me suis développé."
Aurélien se dépasse et défie la nature:
"Je suis tonique, rapide ; ça c’est grâce au tennis de table. J’arrive à sauter haut, à toucher l'arceau facilement, alors que la légende dit que personne ne peut dunker au-dessous d’1.90m. A 1.87 j’y arrive, comme les mecs NBA !"
Lifestyle kainry à fond, c'est dans les meilleures prédispositions qu'il aborde la puberté:
"Je suis en pleine adolescence, j’ai envie de séduire, je suis grand, sportif, beau gosse, je déchire au basket, je danse un peu c’est le kiffe. Et puis les valeurs du Hip-Hop, peace, unity, love and having fun. On se retrouve à Gentilly avec Sleo et Fabe. Fabe avait fait scandale à Taratata, la première télé hip-hop ; il s'était barré face à Nagui parce qu’il s’était foutu de sa gueule. Tout ça crée chez moi l’envie d’être un leader."
Cependant, ce n'est pas dans le basket que l'athlète va pouvoir réaliser la prophétie. Malgré les honneurs, la popularité, l'objectif de la ceinture est toujours là. Durant cette période, la réalité de son histoire familiale le rattrape aussi:
"Les femmes qui ont porté les 28 enfants de mon père n’étaient pas copines, chacune est partie de son côté avec ses enfants et continué sa propre lignée. Ceux sont les plus grands qui nous ont raconté. Une fois je me baladais aux Halles, Public Enemy à fond, le starter et tout l’attirail et un mec se poste devant moi en me disant « Salut Aurélien, j’suis ton frère ». Tu ne peux que l’écouter. Ça m’est arrivé deux fois et en rentrant j’ai demandé à ma mère qui a fini par m’expliquer une partie."
C'est aussi tardivement qu'il rencontrera ses neveux Gilles et Pauline Duarte:
"Je kiffais le Ministère A.M.E.R et quand j’ai vu Gilles Duarte aka Stomy Bugsy, ça m'a fait tilter. On ne savait pas, je ne savais pas qu'il était mon neveu et lorsqu’on s’est rencontrés on avait déjà la vingtaine."
Après quelques années de répit, un grand changement va encore s'opérer dans son parcours. Alors que la phase est nécessaire pour le rétablir sur la bonne voie et le réconcilier avec sa généalogie:
"Quand j’ai commencé la boxe, c’est là qu'ils ont entendu parler d’un Duarte qui réussit et qu’ils ont pu se rapprocher de moi."
Bien qu'il trouve sa place dans le monde des rebonds, le basket ne suffit pas à endiguer sa vigueur:
"Je me rends compte que même si je suis fort au basket, je ne pourrais pas être pro. Le jeu stratégique, les passes ; il n’y a qu’un seul geste violent c’est le dunk et ça ne me suffit pas. C’est l’âge où arrive la sexualité donc beaucoup d’hormones, beaucoup de partenaires et je me rends compte qu’utiliser le sexe à outrance fait dévier ton énergie et ton intensité. Je n’avais que les 3 B à cette époque : baise, bouffe et basketball, et ce n’était plus suffisant."
L'expérience d'une émotion nouvelle va achever la rupture d'avec les parquets:
"On triche une année, à Vitry, en me rajeunissant d’un an et j’arrive l’année d’après à Bourg-la-Reine en Espoir national 4, le plus haut niveau auquel j’aurai pu jouer. La fédération nous grille et je suis interdit de compétition pour 1 an. Là, colère. Je m’entraîne chaque fois par semaine, c’est super loin et là on me dit que je fais tout ça pour rien ? Arrive alors un truc que je ne connaissais pas, la rage. Je sens qu’avec ces mains d’homme qu’on m’a données, je peux tuer. Il y a ça en chacun d‘entre nous. La rage est une énergie et soit je continuais le basket et je frappais mes coéquipiers à l’entraînement pour les punir eux du fait que je ne pouvais pas faire de compétition ; soit j’allais me battre dans la rue avec les soi-disant skinheads (encore un gros mytho parce que fin des années 1980 il n’y en avait plus beaucoup). Je sens qu’il faut que je tape."
De la ligne de 3 points aux sports de poings
Tennis de table, karaté, basketball, jusqu'à la rencontre, enfin, avec SON sport:
"Au karaté, il n’y avait pas cette continuité dans les coups et c’est ce que je recherchais. Je me retrouve donc en stage de kick-boxing. J'animerai ces stages 20 ans plus tard. Je commence à prendre goût aux entraînements. Avant, il n’y avait pas les casques, les plastrons. Je suis pour la pédagogie de préserver l’intégrité physique des pratiquants et pratiquantes des sports comme loisir mais dans le lot, certains veulent cogner ; certains peuvent boxer en pro dès l’âge de 15-16 ans. Ceux-là, il faut les extraire du groupe et les envoyer en Thaïlande, sinon ils vont casser tous les débutants."
Lorsqu'on rencontre des boxeurs ou tout athlète d'une discipline dites violentes, la première question est souvent de savoir comment ils abordent la douleur. Donner des coups, ok, en recevoir. Cependant, c'est dans un état d'esprit particulier qu'il arrive entre les cordes, aussi, à la question: Est-ce que cette rage change la façon dont on reçoit les coups ?, il répond naturellement:
"Bien sûr, parce qu’on t’y prépare. Le problème de la vie c'est qu’on t’as dit : « Ne prends pas de coups, ne tombe pas », alors qu’on aurait dû t’apprendre à tomber. Ce que j’ai adoré dans les pratiques martiales c’est qu’on t’apprend ça. On te touche d’abord doucement car, comme disait Bruce Lee, ce que tu sais faire doucement, tu sauras le faire vite. Tous les sports où le prof vous défonce, c’est que le gars a un égo démesuré, qui n’a rien de martial et qui fracasse ses élèves pour se rassurer quant à sa force et asseoir son autorité. On t’apprend comment te protéger, les parades. On retire la peur et la douleur qui sont les deux principaux freins à l’enseignement. Ce que j’ai appris est que ce n’est pas véritablement le coup qui te fait mal mais le moment où on te le donne. Si je peux anticiper et qu’en plus j’ai pratiqué, ce n’est pas grave si l’autre m’attaque, l’essentiel est de savoir comment je vais pouvoir y faire face."
Une énième leçon pour une énième avancée:
"Je m’inscris en septembre et 3 mois plus tard je suis sur le ring. Je fais un combat, que je remporte sans savoir qu’il était comptabilisé pour les championnats de France débutants. La première année je fais 3 combats-3 K.O. J’arrête définitivement le basket pour m’y consacrer."
Avec cette nouvelle découverte, arrive un facteur nouveau: celui de l'argent. Faire d'un sport une carrière, gagner sa vie à partir de ce qui nous est présenté comme un loisir est une notion qui nous reste encore mal connue, et encore plus à son époque. Pourtant, comme s'il avait toujours su que là était sa place, Aurélien Duarte savait qu'il ne pourrait rien envisager d'autre:
"J’y croyais. Il y avait très peu d’argent dans le sport pieds-poings mais j'étais sûr que c'était possible." Même si: "J’ai fréquenté plein de footballeurs et je voyais bien qu’on n’avait pas la même vie."
Un écart social qu'il maintiendra, en dépit de l'insécurité de son choix professionnel:
"Quand je commence le kickboxing, je suis toujours en Fac de STAPS. L'administration ne me connaît pas. Je n’ai pas de bourse et comme mon sport n’est pas reconnu, je n'ai pas droit aux dispenses d’assiduité. Je devais disputer les championnats d’Europe et passer des exams en même temps, ils m’ont mis face à un dilemme alors j’ai quitté la Fac pour faire mon combat."
Comme s'il se privait d'aspirer à la richesse:
"Je vois des mecs gagner leur vie grâce au sport, même si je remarque que les champions de boxe thai sont videurs en boîte de nuit, contrairement aux pros d’autres sports. Je crois que c’est aussi ça qui m’a permis de réussir parce que la dimension argent ne comptait pas pour moi. Ce côté argent a fait de mes victoires un rêve cassé, dans le sens où je n’ai pas pu payer une maison au Cap-Vert à ma mère.Il y avait aussi cette diabolisation de l’argent de ma part. Sur un même plateau où d’autres combattants prenaient 50 ou 100 000 euros, j’en prenais 5 ou 8000. J’avais fait un vœu de pauvreté inconscient à cause de l’aspect « malsain » de l’argent. On est pauvres et nous-mêmes diabolisons l’argent tout en courant après."
Il vit sa progression dans une schizophrénie déconcertante:
"J’ai vu rapidement que ça ne payait pas donc à côté j’étais animateur au centre de loisir et je faisais aussi un peu la sécurité. J’ai travaillé durant toute ma carrière, c’est ma plus grande fierté. Je donne des cours à des milliers d’élèves tous les soirs à Villejuif depuis 1991 ; le samedi j’étais à Canal + ou en Italie reçu comme un ministre et je rentrais ensuite comme un inconnu, en transports avec ma ceinture dans ma valise. Ma mère était là pour me rappeler qu’il fallait passer la serpillère dans toute la maison."
Néanmoins, briller dans les sports de combat le réconcilie avec une partie de lui-même. 25 ans après son départ du Sénégal, il retourne à Dakar et rencontre ce père qui lui avait cruellement fait défaut. Plus fort que l'argent, le gosse insupportable peut compter sur son armure de toujours, la fierté. Cet ego qu'il utilisait alors comme une protection...:
"Je parle du côté fragile mais j’avais une grande gueule, j’essayais de faire taire les autres avec des citations, des dictons. Quand t’as pas les muscles tu as la verve, j’étais casse-couilles, insupportable. A la base on ne me frappait pas vu que j’étais déjà cassé mais à 13 ans je me suis quand même mangé une grosse patate à la cité et j’ai compris que même les fragiles pouvaient prendre. A mon époque, la loi c'est tu sèmes tu récoltes (rires)."
Était une armure qu'il pouvait désormais arborer fièrement et qui lui permettait d'apprécier le chemin parcouru:
"Ce sont des moments dans lesquels je me sens valorisé et pour une fois, on va convoquer ma mère pour autre chose que « Il n’y arrive pas »."
Plus en phase, ses victoires le rendent plus altruiste:
"Ce qui est fort aussi ce sont les émotions que ça procure aux autres. Je me souviens de mon premier combat, à Villejuif. Habituellement personne ne vient assister à des rencontres à ce niveau mais là, j’étais Yoyo fragile devenu Aurélien le boxeur. Ils m’avaient vu changer sur les terrains de basket dans ce même gymnase mais là le kickboxing c’était incroyable. Il y avait 1000 personnes, le combat a failli être annulé à cause des bagarres mais tout le monde voulait me voir boxer alors le calme est revenu. J’ai gagné par K.O. Ensuite je pars directement en boxe thaï, je remercie Patrick Réa et Francis Hamdaoui qui savaient que si je progressais il faudrait que je change de club donc je quitte Villejuif pour Vitry. Merci Jean-Marie, paix à son âme."
Jusqu'à la victoire finale.
Phoenix
Depuis l'enfance, les fractures ont fait partie de son histoire. Chacune d'elle a toutefois eu son importance car ces échecs lui ont permis de se découvrir.Aussi, proche d'accomplir enfin son destin:
"Pour être champion du monde, il fallait que je me qualifie aux championnats de France classe C, puis classe B et classe A. Ensuite je fais les championnats d’Europe, en kick-boxing amateur au Portugal, où je remporte les 3 combats d’affilés par K.O. Après tu passes en pro, il n’y a pas le statut mais tu touches de l’argent à la fin du combat. J’ai ma première chance mondiale en 1995."
Une autre fracture arrive; le premier échec à haut niveau:
"12 rounds de 2 en kick boxing à l’Agora d’Evry contre Dominique Ziegler. J’ai la dalle grave, je m’entraîne comme un fou, je suis sûr de moi. Aujourd’hui le maximum c’est 3 rounds. J’y vais et je donne tout ; je sens que j’ai l’avantage sur les 4 premiers rounds. J’ai 25 ans et lui est en fin de carrière mais il a de l’expérience et on le surnomme « Monsieur 4 poumons ». Au fur et à mesure des rounds il commence à se refaire alors que moi je commence à me fatiguer. Il gagne aux points."
Une défaite qu'il aborde avec plus de maturité:
"Moi, j’ai la fierté. C’est ma première défaite mais à l’époque, d’avoir ma petite photo dans les magazines spécialisés c’est ouf. On me demande des interviews, je fais des doubles pages."
Jusqu'à décrocher enfin cette ceinture ! Puis les autres, sept en tout. De l'hôpital aux rings, le parcours d'Aurélien Duarte enseigne avant tout la résilience. C'est fort de cette expérience hors du commun qu'il officie aujourd'hui, en plus de son métier d'entraîneur de boxe, comme coach en développement personnel. Le milieu duquel il est issu, les épreuves qu'il a eu à surmonter sont autant de situations charnières que les adolescents, jeunes adultes, et adultes mûres en phase d'introspection ont à affronter au quotidien. Ainsi, chaque lundi, il partagera avec vous ses précieux conseils sur Générations.
Par SK.