Le média Hiya a mobilisé des rappeurs, des DJ mais aussi d'autres personnalités de la culture urbaine qui ne soient pas des artistes en faveur du soutien des personnes des issus des quartiers mobilisées durant l'épidémie de coronavirus. Tous ont signé une tribune dans le Journal du Dimanche pour que le regard porté sur les habitants des quartiers populaires changent. Eux-aussi ont été en première ligne, eux-aussi se sont mobilisés, eux-aussi ont été solidaires.
Pour Abdallah Slaiman, cofondateur d'Hiya réunit de nombreuses personnalités du hip-hop : rappeurs, DJ, beatboxeur, acteurs, graffeurs, danseurs pour exprimer leur solidarité avec la mobilisation des habitants qui sont montés "au front", "dans les Ehpad, dans les services de réanimation, à vélo pour livrer des courses, sur les routes de France pour nous prémunir de la pénurie..."
"Des dirigeants adeptes de l'économie de marché songent à des nationalisations et débloquent des milliards, des applaudissements ont retenti tous les soirs depuis deux mois pour saluer le courage d'anonymes, on parle même de reconnaître enfin à sa juste valeur le travail de ceux qu'on appelle maintenant première et deuxième ligne. Il s'agit bien souvent de celles et ceux qui ne sont "pas nés sous la même étoile" et que le mouvement hip hop chante, dessine et danse depuis ses débuts dans les années 1970 dans le Bronx, depuis son essor en France dans les années 1980 [...]."
"On pourrait se dire que c'est évident, que nos sociétés auront la présence d'esprit de se mobiliser dans la durée pour reconnaître nos éboueurs, nos aides-soignantes, nos infirmières, nos livreurs à vélo à leur juste valeur à partir de maintenant. On peut néanmoins penser que cela sera plus difficile que ce que le bon sens nous le dicte. En effet, l'histoire de ces héros du quotidien est aussi celle des zones dites 'difficiles' parfois surnommées, par esprit d'abandon, 'territoires perdus de la République' et que le hip-hop les raconte depuis sa naissance, sans embellissements, avec sa vérité crue [...]
Alors oui, les quartiers populaires ne se sont pas confinés, ils étaient au front! Ils étaient même partout : dans les EHPAD, dans les services de réanimation, à vélo pour livrer des courses, sur les routes de France pour nous prémunir de la pénurie, et incarnent si bien l'intérêt général. Ils prennent des risques et s'engagent pour tous. Allons-nous encore continuer à montrer ces personnes du doigt, quand elles ne seront plus au front ? Allons-nous continuer à leur rappeler d'où elles viennent, la manière dont elles parlent, ou comment elles s'habillent? Ou bien allons-nous enfin parler de ce qu'elles font?
On vous invite à la lire en entier sur le site du JDD.
La liste complète des signataires :
- Rap : IAM, Seth Gueko, Keny Arkana, Abd al Malik, Youssoupha, Sianna, Demi Portion, Maj Trafyk, Nikkfurie de la caution, A2H, Rocca, Al Tarba, Grödash, 2Bal, Taïro, Nemir, Zoxea, Kohndo, Kenyon.
- DJ : DJ Duke, CutKiller, Wilfrid DMC, DJ Pone, DJ Faster Jay, DJ Nelson, DJ Fly, DJ Djel, DJ Stresh, DJ Greem, DJ R-Ash, DJ Poska, DJ Pfel, DJ Skillz, Groove Sparks, DJ Keri.
- Cinéma : Marc-Aurèle Vecchione, Almamy Kanoute, Alexis Manenti, Jhon Rachid.
- Beatbox : Eklips.
- Technicien du spectacle : Yoda.
- Graffiti : Bebar, Comer OBK, Crey132, Itvan K, Lask TWE, Jungle, Gumo, Bust the Drip.
- Entrepreneurs : Wafaa Maadnous, Abdallah Slaiman.