Kiff No Beat, c’est un groupe de rap venant tout droit de Côte d’Ivoire. Véritables stars dans leur pays, les membres du groupe qui se comptent au nombre de cinq, tendent à se faire connaître de plus en plus à l’international, et particulièrement en France.
De passage à Paris, Joochar, Elow'n, Didi B, Black K et Eljay nous ont accordé un moment pour nous en dire plus sur eux.
Aujourd’hui considérés comme les rappeurs les plus reconnus et adulés d’Afrique, Kiff No Beat s’est créé un peu sur le fait du hasard.
"Au départ, il y avait deux groupes distincts : Jerk Boys et KND. Dans Jerk Boys, il y avait El Jay et Joochar, et dans KNB c’était Didi B, Black K et moi (Elown). On avait déjà l’habitude faire nos sons dans les mêmes studios, et Didi B était l’intermédiaire des deux groupes. Un jour, on a fait une séance studio ensemble, et on s’est rendus compte qu’on avait les mêmes visions. De là, on s’est dit, pourquoi ne pas fusionner ?"
Après avoir pris cette décision qui est certainement la meilleure de leur carrière, les artistes se sont imprégnés de leurs bonnes vibes pour trouver leur blaze qui leur va à la perfection.
"On a gardé les initiales de KNB, et on a choisi de s’appeler "Kiff No Beat". C’est aussi pour dire : écoute nos sons, et fais attention à ce que l’on fait. Ecoute notre musique tout simplement".
Très vite appréciés du grand public, les Kiff No Beat ont rapidement gravi les marches du succès. Leur exposition, ils la doivent particulièrement à un concours dont ils sont sortis vainqueurs.
"Après la fusion, on a décidé d’aller faire "Faya Flow", le plus grand concours de rap en Côte d’Ivoire. A l’époque, c’était très important. Ceux qui passaient dans ce concours avaient un nom après. Pour nous, ça a été rapide parce qu’on a participé au jeu dès que l’on a formé le groupe, grâce à un de nos proches qui nous a conseillé d’y participer. On a gagné le championnat direct. A ce moment-là, on s’est dit : pourquoi ne pas continuer ?
Depuis, on a gagné beaucoup de prix. En y mettant les moyens, pourquoi ne pas avoir tout ça ? Dieu merci, on a fini par avoir ce que l’on voulait. Et on continue à bosser."
Dans la musique depuis petits pour la plupart d’entre eux, ce qui les connecte avant tout, c’est leur amour pour le rap.
"Dans le groupe, il y en a qui ont des parents musiciens à la base, et chacun, individuellement, a aimé le Hip-Hop a une certaine période de sa vie. On s’est formés dedans, et c’est depuis 2010 que l’on peut dire que l’on sait quelque chose de la musique que l’on fait."
Fiers de leurs réalisations aujourd’hui, les membres du groupe ont pourtant dû se battre pour faire accepter sur ce qu’ils proposaient en Afrique.
"Kiff no Beat, c’est un gros mélange en fait. Un mélange de toutes sortes de styles, ce qui fait qu’aujourd’hui, n’importe quel public s’ajoute à notre fanbase. On n’est pas limités. Nous, on est des artistes qui savent rapper. Le rap en Afrique ce n’était pas trop accepté à un moment donné.
Pour convaincre le public ivoirien, on rappait sur du coupé-décalé, et c’est devenu de l’afrotrap. Aujourd’hui tout le monde rap. Il y a des concerts de rap en côte d’ivoire, partout. Ce n’est pas comme s’il n’y avait pas de rap avant. Mais à un moment ça s’est arrêté. Il y a une certaine génération qui a entamé le rap en côte d’ivoire, mais ils n’ont pas continué. Nous, quand on est arrivés, on a relancé le truc. On a été stratégiques en fait. On a fait un premier son coupé-décalé, et quand on a fait le deuxième, c’était rap. Du coup on est connus comme des artistes de coupé-décalé et de rap. Et on dit qu’on est des rappeurs. C’était le moyen d’avoir accès à notre public. Puis on a réussi à inverser la tendance avec le temps. Ça nous a pris beaucoup de temps."
Une stratégie qui a porté ses fruits puisque ce n’est autre qu’Universal Music qui a approché Kiff No beat peu de temps après.
"A l’époque on bossait avec Da Carmen, c’est une dame qui a cru en notre musique dans les débuts, et qui a décidé de nous tendre la main. Elle a entendu ce que l’on faisait, elle a décidé de nous produire. C’était un peu notre Universal d’avant en fait.
Aujourd’hui, on a rompu avec elle (Da Carmen). On est passés à autre chose. Universal nous a approché, ils nous ont dit qu’ils aimeraient bien qu’on bosse ensemble. On a négocié, négocié, négocié. Ça a été le début d’une nouvelle aventure. Et ça se passe bien. C’était début 2016 que l’on a signé, ça nous a pris un an de négociation. ! Il ne fallait pas signer pour signer. Il fallait bien lire le contrat, toutes les closes."
En 2010, Kiff No Beat sortait l’album "Cadeau de Noël vol. 1", offrant ainsi à la Côte d’Ivoire le cadeau qu’elle n’a pas reçu en décembre pour son 50ème anniversaire, à cause de la crise politique qu’elle a connue depuis l’élection présidentielle du 31 octobre 2010. Une prise d’initiative qui a été très remarquée.
"On a enregistré le projet pendant qu’il y avait des événements dans le pays. On a sorti le projet pour dire à nos fans que malgré tout ce qui se passe, on est là. C’est une sorte de soutien pour eux.
On n’est pas engagés politiquement, on est engagés au niveau de ce qu’il se passe dans la vie. On parle des réalités de la rue. Aussi, quand notre vie change, on en parle.
Nous on parle un peu de ce que l’on vit, nouveaux deals, nouvelles voitures, nouvelles productions, c’est comme ça que l’on fonctionne."
Pour l’anecdote, un jour un de nos passeports était rempli de visas, et on en a parlé. Au pays, il y a une ethnie qui s’appelle les Dioulas, ils ont des sortes de tatouages qu’ils mettent sur leurs bras. Je crois que même Rihanna fait ça. Ça nous y a fait penser directement, ça y ressemblait beaucoup."
Leur morceau "Tu es dans pain" qui est aujourd’hui un énorme tube relayé par de nombreuses personnalités en est le parfait exemple.
"C’était la première fois que l’on faisait vraiment du rap. "Tu es dans pain", ça veut dire que : tu es dans la merde. C’est un terme ivoirien. C’est le titre qui nous a fait connaitre à l’international aussi.
Alonzo, Joke, les Winners, aussi Wilaxx, plein de rappeurs nous ont entendu à la radio et ont partagé le son. Un des plus grands rappeurs d’Afrique du Sud nous a donner de la force aussi. »
En France, en Italie, en Belgique, en Allemagne… Tout le monde parle de plus en plus de Kiff No Beat qui ne rêve que d’une chose : briller dans le monde entier.
"On a un pote qui était en Chine et qui nous a envoyé une vidéo dans un bar et ils écoutaient notre son ! Maintenant, c’est étape par étape. On va commencer par la France, puis ce sera les Etats-Unis. ll y a eu le feat avec Kaaris en plus, et un autre avec Fianso vient d’être bouclé. Il y aura Black M aussi.
Ce sera sur notre album "Bledard is the new fresh" qui sortira avant la fin de l’année."