Jo le Phéno devait comparaître ce mercredi devant la 17e chambre du tribunal correctionnel de Paris pour « provocation non suivie d’effet au crime et injure ». Seulement, les forces de l’ordre n’ont été informées que tardivement de la date de l’audience. Le procès du rappeur a été reporté, l’audience a été reporté au 27 septembre prochain. L’avocat de Jo Le Phéno évoque « une stratégie juridique pour attendre que le climat soit plus calme pour traiter l’affaire. »
« Il faut se défouler sur la flicaille »
« Les condés, c’est des petits cons qui méritent de se faire plomber »
« Je pise sur la justice et sur la mère du commissaire »
Ce sont les paroles de son morceau « Bavure », sorti en août 2016, qui ont conduit le rappeur devant les tribunaux, poursuivi en justice par plusieurs syndicats de police pour incitation à la haine. Si le contexte actuel n’aide pas les policiers, les paroles du rappeur ne semble pas lui être favorable non plus.
Le Syndicat des cadres de la sécurité intérieure par l’intermédiaire de Christophe Rouger ne s’est pas privé de déclarer:
« On le voit dans la vidéo cracher sur une voiture de police et des images de véhicules des forces de l'ordre brûlées sont diffusées. On reste la profession où il y a le plus de suicides en France et on est encore très touchés par ce qui s'est passé à Magnanville, on y pense tout le temps. En ce moment, un grand nombre de collègues sont touchés par des burn-out et les faits de violence contre les forces de l'ordre ont augmenté de 40% ces dernières années. C'est évident qu'il y a des problèmes relationnels entre certains jeunes et la police dans les quartiers, où la présence des forces de l'ordre gêne les trafics. Trop, c'est trop. Qu'il le veuille ou non, quand un artiste s'adresse de cette manière à des jeunes influençables, ça favorise les tensions. S'il parlait comme ça des médias où des enseignants, j'espère que ces professions se soulèveraient. »
« On a rarement vu un appel aussi haineux dans la chanson du rappeur ‘sans hésiter faut les fumer’ ou ‘où sont les condés ? On va les taper’. »
L’avocat de Jo, Me Saïd Harir, explique :
« Jo Le Phéno raconte le quotidien des jeunes qui vivent en banlieue. Il exprime sa colère de cette manière. Alors certes c'est très violent mais si l'on est étranger à ce monde, on ne peut pas le comprendre. Dans la banlieue, on utilise un langage très cru et agressif. Mon client ne veut pas inciter à la haine. La preuve, quand le clip a fait un tollé il l'a tout de suite supprimée des réseaux sociaux. »
Mais pourtant Jo le Phéno a remis Bavure en ligne sur Facebook ce mardi 21 février.
« S'il a fait ça, c'est parce qu'il voulait que tout le monde puisse se faire juge de ces paroles le jour de son procès. De plus, ce n'est pas lui qui a réalisé le clip. Il est uniquement chanteur. Nous sommes dans le pays des droits de l'homme et de la liberté d'expression. Je suis navré qu'un artiste doive comparaître pour une chanson. »
Le rappeur s’est justifié via son compte Facebook.
« Avec mes lyrics, je dénonce tous ces actes proférés, toutes ces bavures policières que nous subissons chaque jour et qui restent très souvent des injustices car les responsables ne sont jamais punis. »
Nous avions connu une affaire ‘similaire’ avec le fameux refrain « Assassin de la police » de NTM, une chanson qui avait valu au duo une peine de 50 000 francs d’amende (à peu près 7 600 euros) et deux mois de prison avec sursis en appel.
Générations apporte tout son soutien à Jo le Phéno !
Affaire à suivre.