On le sait, le rap est de plus en plus représenté en province. Si Bordeaux n’est pas encore une de ses places fortes, Maydo en est pourtant un de ses fiers représentants. Alors qu’il suivait une voie "classique" qui devait le mener vers l’enseignement de l’histoire et de la géographie, il grattait des rimes en parallèle dans des ateliers d’écriture de MJC de la cité girondine.
De cette situation quasi schizophrène, il en a tiré sa force. Mais plutôt que de rester dans la case du rappeur "lettré", il a préféré dépeindre son quotidien, tiraillé entre la France et le Maroc, la fac et la rue. Ce bon lyriciste est aussi proche du collectif parisien 75ème Session, un gage de qualité s’il en est. S’il se défend d’être un rappeur conscient au sens strict, il rappe pourtant en étant pleinement lucide sur son époque et c’est avec talent qu’il décrit un quotidien banal où règne malgré tout un d’optimisme.
Dans ce clip, "Rouge feu", il joue d’ailleurs avec un fer à souder symbolisant une "tempête de flamme", celle sans doute qu’il entend sortir de sa bouche pour brûler le rap français. Pour cela, il s’est adjoint les services d’El Gaouli, qui a produit pour Kool Shen ou Keny Arkana. Il a aussi parfaitement travaillé sa vidéo, à la fois lumineuse et sombre, qui dit tout du combat qui se joue en lui, entre l'ombre et la lumière. C'est d'ailleurs aussi tout le sens du titre de son EP à sortir en mars, "Binaire". Maydo n'est pas un et indivisble, il est au moins deux, tiraillé entre le côté obscur et le côté clair de la force.