Le rap français a longtemps été dominé par des voix masculines, mais une nouvelle génération de rappeuses féministes redéfinit les codes et prend sa place sur la scène. Parmi elles, Chilla, Shay, Lous and the Yakuza, et Joanna se démarquent par leurs textes engagés et leur volonté de briser les stéréotypes. Cet article explore leur parcours, leurs combats et leur impact sur la musique et la société.
Chilla
De son vrai nom Maréva Ranrivelo, Chilla a sorti son premier album "Karma" en 2017. D’origine franco-malgache, elle s’est fait connaître grâce à des textes engagés et des freestyles percutants. Ses morceaux "Sale chienne" et "Si j’étais un homme" ont résonné particulièrement pendant la vague MeToo, mettant en lumière les injustices et les violences faites aux femmes.
Bien que ses chansons abordent des thèmes militants, Chilla ne se limite pas à cela. Elle explore aussi l'amour, le doute et les différentes étapes de la vie. "J’écris en fonction de ce que je ressens à un moment précis," dit-elle. "C’est la révolte face à ce à quoi je suis confrontée dans la rue et sur les réseaux." Cette authenticité dans ses paroles permet à de nombreuses femmes de se retrouver dans ses textes.
Chilla n’a pas choisi de devenir un symbole féministe, mais elle accepte ce rôle avec fierté. "Que les femmes se retrouvent dans mes textes me ravit," dit-elle. Son engagement dépasse le féminisme pour englober un humanisme profond, défendant l’égalité et la liberté pour tous.
Shay
Shay, de son vrai nom Vanessa Lesnicki, se définit comme une « jolie garce », un terme qu’elle revendique pour affirmer sa féminité et son ambition. "Quand une femme réussit, on a tendance à la traiter de 'salope’ ou de ‘pute’. Je veux incarner cette femme qui réussit et qui se bat pour."
Shay critique la vision traditionnelle de la femme dans le couple et dans la société. "Dans ma culture, une femme qui accepte d’être trompée et reste à la maison est une ‘bonne’ femme. Mais une femme comme moi, qui se bat et réussit, est perçue comme ayant raté sa vie si elle n’a pas de mari ou d’enfants à 27 ans." Son combat est d’ouvrir des portes pour les femmes dans le rap et de montrer qu’elles peuvent réussir sans se conformer aux attentes sociétales.
Shay refuse de sacrifier sa féminité pour le rap. "Je suis féminine et c’est hors de question que je mette un survêt et une casquette à l’envers." Elle utilise sa musique pour provoquer et faire réfléchir, notamment sur la nudité et la liberté des femmes.
Lous and the Yakuza
À seulement 25 ans, Marie-Pierra Kakoma, alias Lous and the Yakuza, a déjà marqué la scène internationale avec son premier album "Gore". Nommée aux Victoires de la musique en 2021, elle cumule des millions de vues et devient une voix incontournable.
Lous and the Yakuza utilise sa musique pour aborder des thèmes féministes et humanistes. Elle n'hésite pas à parler de ses propres expériences et de la condition des femmes dans la société, en utilisant sa notoriété pour sensibiliser et inspirer.
Joanna
Joanna est une étoile montante dont la musique mélange pop et RnB. À 23 ans, elle est déjà reconnue pour ses textes qui défendent la liberté des corps, l'égalité et le respect.
Joanna lutte contre le patriarcat et l’homophobie, utilisant la musique comme moyen de dénonciation. "Le patriarcat m’a fait souffrir, et continue de le faire," dit-elle. Elle veut utiliser son art pour changer les mentalités et offrir une voix aux opprimés.
Ces rappeuses françaises féministes redéfinissent les codes du rap et ouvrent de nouvelles voies pour les femmes dans la musique. Chilla, Shay, Lous and the Yakuza, et Joanna sont des voix puissantes et engagées qui utilisent leur talent pour défendre l’égalité et la justice. Leur influence dépasse la musique, inspirant une génération entière à se battre pour un monde plus juste et équitable.