Le hip hop est un genre qui traverse les frontières, ainsi on peut être né dans le 93 et faire du 95 son nouveau camp de base. On peut être breaker et devenir un rappeur de talent. Enfin, on peut également penser en cain-ri pour mieux écrire ses textes en français. Certains peuvent se le permettre. luXe fait partie de ceux-là. Signé chez Seine Zoo Records, l'homme puise dans son passé pour mieux poser sa voix. Honnête, il nous a raconté le chemin parcouru jusqu'à sa première mixtape.
La rencontre commence avec quelques clips balancés au cours de ces derniers mois. Face caméra, le bonhomme a un truc.
Plus marqué que ses potes de chez Seine Zoo, il raconte la vie et son Bronx. Le Bronx ? Le mot n'est ici pas une simple métaphore synonyme de galères, ce quartier, le rappeur l'a vécu. Avide de tout, luXe est un breaker qui a soif. En 2006, il part se désaltérer de l'autre côté de l'atlantique. Certains auraient bu la tasse, pas lui : « Quand tu débarques, tu comprends vite le truc. C'est une autre manière de vivre, les gars sentent que tu n'es pas pareil. Disons que les mecs s'expriment d'une manière théâtrale, même pour raconter un simple passage à l'épicerie ».
Loin de tous les clichés qu'on peut alors compter sur la grosse pomme, le danseur s'adapte de la meilleure des façons.
Dans cette ville qu'il qualifie de « capitale énergétique du monde », il se greffe à ceux qui comptent, naturellement. Jazzy Jay, Afrika Bambaataa, le môme originaire de la banlieue parisienne traîne avec la crème des Zulu Kingz, dont il fait partie.
Des partenaires de choix, assurément. Le natif du 93 devient également membre du gang des Black Spades, n'oubliant pas qu'à New-York, tout va plus vite, pour le meilleur et pour le pire : « J'ai tout fait, même vendu du crack. La vie à NY, ce n'est même pas un film, c'est un clip. Tu dois faire avec mille informations à la seconde. Ça va vite, tout est cher, tout le monde fait du bruit ».
Le Bronx, Harlem, mais aussi Brooklyn, luXe vadrouille. De quoi s'enrichir de tout et apprécier les changements de certains codes.
Les années passent et d'autres frenchies franchissent les frontières. Nous sommes en 2011, il rencontre des membres du collectif L'Entourage et l'envie de poser arrive. Ça pense en ricain et ça parle français. Il est temps de rapper pour de bon, Nekfeu, Alpha Wann et Deen Burbigo sont là. LuXe, enraciné aux Etats-Unis, propose aussi de chorégraphier à distance les tournées de ces potes, comme un échange de bons procédés.
Fin prêt, il veut se lancer en anglais : « La tape était prévue pour les states et Jazzy Jay devait mixer le tout. Finalement, c'est en France et en français que je débarque ».
L'hexagone, c'est donc ici que le MC est prêt à sévir. Signé sur Seine Zoo Records, il nous balance son premier projet, la « luXe Mixtape », téléchargeable gratuitement sur son propre site internet. Un aspect « Do It Yourself » qui colle à l'artiste, un gars fait du même bois que ceux rencontrés à travers les states et les alentours de Paris.
Rendez-vous donc avec 17 titres et des featurings signés 2zer Washington, Framal ou encore Doums. Un projet à apprécier comme on a aime la démarche d'un rappeur au parcours initiatique atypique. Du Break au rap en passant par Afrika Bambaataa et le S-Crew, le chemin de luXe s'écrit naturellement. De quoi s'affirmer comme une « Ghetto Superstar » d'ici et d'ailleurs, sans compromis.