IAM se livre

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Entretien avec
IAM

20 ans de
carrière : les secrets de cette longévité

IAM a donc sorti
son 5ème album en 20 ans de carrière. Comment expliquer une telle
longévité ? Comment le groupe marseillais a-t-il réussi là où d’autres
comme NTM, ASSASSIN, MINISTERE AMER et bien d’autres ont failli. Lors d’une
rencontre au sein d’un hôtel parisien, Akhenaton, Khephren et Kheops m’ont
livré leurs impressions sur l’album et l’actualité en général.

Tout d’abord, ils expliquent leur longévité par le fait que le groupe fonctionne
comme une famille. Les membres sont très spontanés et en général, les problèmes
sont réglés d’emblée. De plus, les egos sont mis de côté et les différences de
revenus ne posent aucun problème puisque chacun comprend que certains ont plus
d’activités, donc plus de sources de revenus que d’autres. Tout le monde garde
son sang froid parce qu’aucun d’eux ne travaille pour le chiffre.

Ils ne sont pas esclaves de l’industrie du disque et cultivent « Le style
de l’homme libre ». Bref, en alternant les périodes calmes et de tempête
la petite famille IAM traverse les années et les styles.

Gérer la renommée

Et ce n’est pas
facile ! Une renommée grandissante entraine certains changements de
comportement. Sujet très bien traité dans le morceau « Au quartier »
dans lequel AKH raconte la métamorphose de son environnement.

Ce dernier confie d’ailleurs qu’il n’a pas tout raconté de ce qui se passait à
une certaine époque. Il explique notamment que tant qu’il était une star
locale, il n’y avait aucun problème, c’était la star du quartier ! Mais à
partir du moment où il est devenu une star nationale, il a senti petit à petit
qu’un changement s’opérait. D’abord par le biais de petites remarques
comme : « tiens ! T’as le temps de venir nous voir
toi ?! ».

Puis très vite, il avait l’impression, qu’il y avait un parcmètre sur chaque
trottoir devant chaque quartier et qu’il avait l’obligation d’y passer un certain nombre de fois dans
l’année sous peine de se voir verbaliser par des pervenches en
« requins » et casquette !

La république
française

Puis nous en
sommes très vite arrivés à parler de l’immigration et de la situation des fils
d’immigrés. Dans le morceau « United », IAM nous incite à nous
réapproprier le drapeau français.

D’ailleurs AKH nous livre une des idées du groupe qui était de lancer un
concours pour modifier le drapeau français dans une sorte de « Pimp my
flag ». Puis continue sur sa lancée en proposant de changer le symbole de
la nation : « Quand même ! Ce n’est pas très sérieux ! Un
coq ! Un animal haut comme trois pommes qui braillent avec un pied dans la
merde ». A la place il propose le Phoenix. S’ensuit une proposition
concernant la marseillaise. La trouvant trop guerrière, trop violente, il émet
l’idée de la remplacer par la version de Gainsbourg « Aux armes, et cætera.».

Bref, beaucoup d’idées à soumettre à nos politiciens. Mais qu’est-ce qu’IAM
pense de la politique actuelle et surtout des élections présidentielles qui se
profilent ?

Les
présidentielles

Le sentiment
prédominant est la peur ! Peur d’un deuxième tour : Sarkozy – Le Pen.
De plus, AKH et consorts se montrent intraitables lorsque l’on évoque la
nouvelle tendance qui fait dire à quelques énergumènes qu’ils voteraient Le Pen
au second tour, soi-disant pour provoquer une révolution. « Les personnes
qui ont ce raisonnement et ce discours sont complètement
inconscientes ! » lance un Akhenaton indigné.

Il s’explique en disant que dès le
premier jour d’émeute, Le Pen enverra la police militaire et avec les tirs à
balles réelles dans la foule, les ardeurs des pseudos révolutionnaires seront
vite refroidies. Alors que Sarkozy a des côtés très néfastes, il reste un
républicain, donc « sous son gouvernement, il y aura un espace pour la
lutte ».

AKH très prolixe sur le sujet ajoute que le FN, qui est un parti niant toute
démocratie, ne devrait pas avoir le droit d’exister en tant que parti
politique. Il ajoute qu’il faut arrêter de chercher des excuses à ceux qui
votent le Pen, ce sont des fachos, ni plus ni moins.

Finalement, en plus des nombreux morceaux de l’album, qui parlent politique
(« Rap de droite », «Si tu m’aimais », « United »…),
il reste beaucoup de choses à dire sur le sujet.

Le rap français

De nombreuses
choses à dire également sur l’état du rap français. Pour me faire comprendre
son point de vue, AKH me demande : « T’as déjà vu une compétition de
foot en salle dans les quartiers ? Tout le monde veut marquer des
buts ! Il y a 7 attaquants et personnes derrière ! Et bien le rap
français c’est pareil ! Que des attaquants, que des Ronaldo ! »

Dans le rap français ce serait plutôt des Djibril Cissé ! Bref, on a
compris l’idée, le rap français est désorganisé.

Bien sûr, pour eux, les Europe 2 TV hip hop Awards ont été une bonne avancée.
Enfin, une cérémonie pour le rap français ! Seulement Akh, Khephren et
Kheops regr ettent le fait que la
cérémonie se soit déroulée devant un public de professionnels du milieu. Ils
auraient préféré que ce soit une vraie fête avec du public de concert. « Le
rap doit être une fête ».

Lors de leur mini-tournée avant l’album, IAM était étonné de constater que les
gars présents aux concerts 15 ans auparavant, viennent aujourd’hui avec leurs
enfants, qui connaissent par cœur les paroles du « MIA » alors qu’ils
étaient bébés à l’époque. Le groupe a vraiment l’impression de faire de la
musique « trans-générationnelle ». C’est pourquoi ils sont atterrés
quand ils voient qu’aujour