Pour célébrer les 50 ans du hip-hop, Society a livré un numéro avec uniquement des articles sur le rap. En kiosques jusqu'à la fin du mois de janvier, il compile articles récents et d'autres, plus anciens, déjà parus dans les colonnes du magazine. Pour en savoir plus sur ce magazine exceptionnel, on a posé trois questions à son rédacteur en chef, Thomas Pitrel.
Pourquoi avoir consacré un numéro de Society sur le rap ?
On s'est aperçu un peu tard qu'en 2023, on célébrait les 50 ans du hip-hop. Cet été, on a vu que toute la presse américaine faisait des numéros spéciaux autour de cet événement. On s'est dit qu'on ferait bien ça aussi parce qu'on a vu que ça n'avait pas été trop fait en France par la presse généraliste. On a fait le choix de parler de 50 ans de rap et pas de 50 ans du hip-hop parce que c'est un sujet qu'on avait déjà traité, plus que les autres disciplines du hip-hop. Cela se justifie aussi par le fait que le rap est une musique qui est partie de très bas et qui a conquis le monde. Et nous, en tant que magazine de société, ce qui nous intéresse c'est ça : des sujets à travers lesquels on va réussir à raconter l'évolution de la société. Donc on a voulu le faire à travers le rap et son histoire.
Comment avez-vous construit le magazine ?
Dans notre jeune histoire, on a déjà écrit des articles sur le rap. D'ailleurs, une partie du numéro est composé de reprises d'articles déjà parus dans Society. Ce n'est pas un hors-série mais il fait 196 pages au lieu d'en faire 84. On l'a organisé en trois parties géographiques. La première couvre les Etats-Unis, la deuxième s'intéresse à la France et la troisième s'ouvre au reste sur du monde. On a essayé de couvrir, même si ce n'est pas exhaustif, toute l'histoire du rap, de nous intéresser à différentes époques. Il y a aussi des formats d'articles différents (interviews, portraits, story transversale). A la base, on a So Foot, un magazine qui s'intéresse au sport le plus populaire du monde à travers lequel on raconte les évolutions de la société. On a pensé ce numéro sur le rap de la même façon, en s'intéressant à la musique la plus populaire du monde. Aujourd'hui, le rap est aussi global que le foot et donc aussi intéressant à traiter pour raconter la société.
Le rap est-il un bon marqueur de la société actuelle ?
Ce qui est intéressant, c'est que, quand on a demandé pourquoi la France était le deuxième pays du rap au monde, on a trouvé que, les réponses disaient beaucoup de choses sur notre pays notamment sur le rapport contrasté qu'on peut avoir aux Etats-Unis. Dans le rap des débuts, on était très centré sur les Etats-Unis alors qu'aujourd'hui, on essaie de s'affranchir de cette influence, il y a presque de la défiance. C'est un véritable rapport d'amour/haine. On le déteste mais on ne peut pas s'empêcher de regarder ce qui s'y passe tout en mettant une touche française. Mais ça raconte aussi que la loi sur les quotas de chansons françaises a beaucoup aidé le développement du rap. Il y a aussi des évolutions plus récentes comme les réseaux sociaux ou l'accès plus facile à des outils pour produire ou enregistrer qui fait que tout va plus vite qu'avant et qui montre que la société s'accélère. Ce n'est pas valable que pour le rap, c'est plus large que cela, mais ça se raconte très bien à travers le rap.
Propos recueillis par Grégory Curot