Le mouvement Black Lives Matter n'est pas qu'une réaction épidermique face aux violences policières. C'est un phénomène bien plus profond qui a des réminiscences sociales et politiques. Parmi elles, il y en a une qui a été prise à bras le corps par les artistes, c'est la question du vote. En effet, alors que les élections américaines approchent, la sensibilisation sur la nécessité de voter devient cruciale. Devant la rupture qui existe aux Etats-Unis, beaucoup comptent sur le vote des Afro-américains pour éviter que Trump ne rempile pour un deuxième mandant. Beaucoup aussi ont donné l'exemple en déclarant qu'ils allaient aller voter pour la première fois de leur vie. C'est le cas de Snoop notamment qui a été vérifier que son casier judiciaire ne l'empêchait plus de voter. Mais d'autres stars sont profondément engagées dans cette voie comme Kendrick Lamar ou Beyoncé.
Joe Biden, le candidat démocrate et principal opposant au président Trump vient de dévoiler de nouveaux clips de campagne. Parmi ces derniers, l'un d'eux met en scène Ludacris qui assène un message direct et efficace : "Voter c'est pouvoir".
Il y a quelques mois, Beyoncé, très engagée avec Jay-Z pour aider la communauté noire, que ce soit avec des messages ou des millions de dollars, avait déjà lancé un appel au vote lors des BET Awards.
Si les artistes s'engagent aussi fortement sur la question du vote c'est qu'il y a un "calcul" derrière : il s'agit de battre Trump par la force du nombre. Alors, ils sont plusieurs à militer ouvertement pour que les Afro-américains se rendent aux urnes en masse. Kendrick Lamar, Lizzo, Janelle Monaée, Alicia Keys et bien d'autres martèlent sans cesse le même discours : inscrivez-vous sur les listes électorales, allez voter, vous avez le pouvoir de chasser Trump de la Maison Blanche. En ce sens, ce sont les dignes héritiers des stars de la soul ou du jazz qui se sont engagées dans le mouvement des droits civiques dans les années 60-70.
Revendicatrices, le rap et plus généralement la musique noire servent aussi de point de ralliement à certaines idées politiques. C'est ainsi que Snoop a permis aux Démocrates d'utiliser son hit avec Pharrell "Drop It Like It's Hot" pour faire la promotion du vote par correspondance.
"C’est l’élection la plus importante de notre vie et c’est la première fois que je vote", a déclaré The Doggfather dans un communiqué de presse. "Nous avons besoin de tous les Américains pour aller voter. Il est temps pour vous de déposer ces bulletins de vote comme s'ils étaient chauds - dans votre bureau de vote local. Votez tôt et faites-leur savoir que nos voix seront entendues !"
Snoop a été très prolixe sur sa participation au processus électoral car il veut absolument démettre Donald Trump de ses fonctions. En juin, il a déclaré qu’il voterait pour la première fois de sa vie lors d’une interview sur Big Boy’s Neighborhood.
"Je n’ai jamais voté un jour de ma vie, mais cette année, je pense que je vais aller voter parce que je ne supporte pas de voir ce punk au pouvoir un an de plus. Pendant de nombreuses années, ils m'ont fait subir un lavage de cerveau en me laissant croire que je ne pouvais pas voter parce que j'avais un casier judiciaire. Je ne savais pas ça. Mon dossier a été effacé, alors je peux maintenant voter."
Et il ne va pas s'en priver et veut entraîner le plus de monde avec lui. Comme en France, la question du vote est centrale. Face aux résultats récents des élections américains, beaucoup d'électeurs pensent que leurs voix ne servent à rien. Elles n'ont pas empêché ni Trump ou ni George Bush d'accéder au pouvoir et de s'y maintenir. Surtout, rien de la politique de ces dernières années n'a changé leurs vies, en tout cas, pas en bien. Dans ce cas, la question est évidente : à quoi ça sert d'aller voter ? Et c'est le même problème en France où le taux d'abstention ne cesse de grimper à chaque élection. Aux Etats-Unis en tout cas, les artistes ont décidé de ne pas accepter cette fatalité. Surtout, Trump cristallise tellement de rancoeurs qu'il semble impossible aujourd'hui pour beaucoup de le voir au pouvoir encore quatre ans...
Grégory Curot