Quelle ne fut pas la surprise pour les lecteurs du magazine Trax de voir en couverture de leur magazine fétiche le Marseillais Jul ! Mais que fait le rappeur sur cette une ? On rappelle que ce mag est spécialisé dans la musique électronique. Jean-Paul Deniaud, directeur de la publication de Trax nous explique les raisons de ce choix qui intrigue.
"Quand un morceau sort, on arrête tout au travail et on écoute le son de Jul", à la rédaction de Trax, le rappeur Marseillais est le petit chouchou. Jean-Paul Deniaud, directeur de la publication du magazine est fan de l'artiste. Mais ce n’est pas pour cette raison qu’il a choisi de le mettre en une. Loin de là. Il explique : "Jul, au-delà de nos goûts personnels, est un phénomène fou et fort dans la société actuelle. Il fait danser la France entière : en club, en boîte, dans la voiture, dans les magasins… Oui, c’est du rap mais c’est aussi une musique de danse. Un rap de club. Sa musique a un rythme électronique".
Selon lui, celui qui inspire l'OM a sa place dans Trax. Il ajoute : "Jul c’est une personne qui produit tout seul beaucoup de musiques sur des logiciels de MAO, sur ses ordinateurs. Il faut savoir qu’il est une référence pour le monde électronique et il est cité par des DJ actuels".
Vous prenez l’artiste dans ce qu'il représente et vous ajoutez à cela sa méthode de production, ça vous donne le combo parfait ! En tout cas pour ce média électronique. En plus de ça, ce dernier est en train de marquer un changement éditorial. "On a changé d’équipe, de forme, de DA, on a même baissé le prix de 2 euros. Trax reste le même mais une page se tourne.", explique Jean-Paul.
Mais la question qui se pose évidemment est : comment ont-ils fait ? Jul, c’est le même délire que PNL. Celui qui ne va pas tarder à lâcher un nouvel album ne donne aucune interview ou très rarement. Là encore, le directeur de la publication nous confie : "On a pas convaincu Jul directement parce que c’est impossible, mais plutôt son entourage. On leur a dit que ce qui nous intéressait c'était lui. C’est-à-dire l’artiste en tant que tel, son histoire à lui, sa façon de faire. On voulait entrer en profondeur dans l’artiste, le musicien, dans sa personnalité".
C’est ce côté intimiste et vrai qui a fait capituler le Marseillais. Même si rien n’était gagné d’avance comme l’affirme Jean-Paul : "Nous sommes allés à Marseille. Il faut savoir qu’on est en contact depuis début décembre avec son équipe. Et avec Jul c’est bien simple, jusqu’au dernier moment il peut ne pas être prêt. On était avec Mohamed Bourouissa, le photographe ultra talentueux et très connu dans son domaine. C’est lui qui a fait le shooting. Et il a bien voulu jouer le jeu. Pendant 2/3 semaines on relançait le label. C’était au milieu des grèves en plus. Et on a eu la réponse un mercredi je crois, pour une interview le lendemain".
Aussi imprévisible que talentueux ce Jul. Mais une fois sur place, pas de retour arrière possible, les voilà tous rassurés. C’est donc parti pour l’interview et le shooting exceptionnel. Jean-Paul nous en dévoile les coulisses : "Déjà, c’était bien évidemment impossible de sortir avec lui faire la photo sur le Vieux Port ou dans des endroits visibles. Jul à Marseille, c’est un mouvement de foule inévitable. Pour les photos, on a fait 15/20 minutes de shooting uniquement. Il a fallu faire vite. Mohamed a fait un excellent travail. Toute l’équipe de Jul était là. Un coup, on faisait des photos avec ses potes, puis sans ses potes".
Au total, l’équipe a passé 32 minutes avec le rappeur. 32 minutes de pur kif comme le confirme JP : "Il est super attachant et touchant et il s’exprime avec une grande sincérité. C’est quelqu’un qui parle sans filtre comme si on était un ami pour lui. Il n’est pas prétentieux et d'ailleurs ça se voit sur les photos de Mohammed. Il joue le jeu. C’est très bon enfant".
Et ce côté good vibes n’a pas été si surprenant pour eux comme il le confirme : "On s’attendait à cette générosité. On la ressent dans son travail. Mais là ou ça se voit le plus c’est sur les photos. On le voit dans son regard, sa posture, les regards échangés avec ses amis... On est vraiment avec lui. La vision du "Jul intouchable" qu’on peut imaginer s’amoindrit. C’est un mec simple de Marseille entouré de ses potes".
Cette rencontre restera gravée en eux. Sans exagération aucune. Quant à Jul, il semble avoir été conquis. "C’est quelqu’un qui était content d’être là. Surtout que c’est assez rare. Il était content de raconter son histoire, ses influences." dit JP.
Seule ombre au tableau, les réactions reçues. Si la plupart étaient positives, il y a eu beaucoup de commentaires négatifs également. "Il y a des gens mécontents qui se demandent ce qu’il fait là. Pour eux, Jul n’a pas de rapport avec la musique électronique. Il y a eu des insultes également. On se rend compte que c’est aussi une certaine incompréhension et un manque d’ouverture d esprit. Des gens qui ne comprennent pas que Jul est un artiste populaire qui a de l’intérêt. Ces lecteurs là on aimerait qu’ils lisent le magasine. On apporte un regard curieux sur l’artiste, une vision neuve. Le même regard qu’on doit porter sur tel ou tel mouvement électronique émergent. On souhaite que ces lecteurs comprennent cette démarche", conclut-il.
Ou pourquoi ne plus jamais acheter @MagazineTrax ???? !
— Lysippé (@Demeterv) February 4, 2020
— Zeke (@ZekeFR) February 4, 2020
En tout cas, la rencontre a plu au principal interessé qui a partagé la couverture du magazine sur ses réseaux. C'est le principal non ?