Quand RAP rime avec ''sapes''

A l'heure de la fashion week parisienne, quelles sont les relations entre le Hip-Hop et la mode ?

Au début, il s'agissait d'un mouvement.
Pour beaucoup le hip-hop se résumait alors à différentes pratiques misent bout à bout. Pêle-mêle il y avait le rap, le tag, la danse mais aussi des vêtements particuliers.
Evidemment, comme tout, les modes évoluent.
Et si le smurf est vite tombé aux oubliettes, la mode des rappeurs a pris plusieurs virages pour arriver à une place où on ne l'imaginait pas il y a encore quelques années.






Acte 1 : RUN DMC et son "My Adidas".

Le premier tremblement de terre stylistique du hip-hop a lieu dans les années 80.
Ici plus de bottes en cuir à la Grand Master Flash. La place est faite au streetwear, au vrai.
Et quoi de mieux que la marque Adidas pour représenter la rue ?
Rien d'autre pour les MCs New-yorkais qui s'affirment dans un style assez dur, sombre mais confortable. La Superstar fait son entrée dans le game et sans ses lacets s'il vous plait.
Le hip-hop s'approprie le vêtement pour façonner son propre univers, ces baskets là rappelant celles des prisonniers américains. Sans lacets pour éviter tout risque de pendaison...
On parle même d'un contrat de sponsoring d'une dizaine de Milliers de $ entre Run DMC et la marque aux trois bandes.
Une jolie entrée en matière avant la suite des évènements.


Acte 2 : TUPAC, Versace et Jay Z & Diddy.

Tandis que les kids du monde entier s'affirment dans un style street à souhait marqué par l'émergence de Nike, les rappeurs ricains veulent montrer leur réussite.
Fini la rue, il faut en plus pour s'affirmer. Le rap est arrivé à un nouveau stade, il s'est installé dans les têtes.
Certains l'ont bien compris, à l'image de la maison Versace qui n'hésite pas à faire défiler Tupac.



D'autres à l'image de Jay Z ou Puff Daddy capitalisent et se servent de leur musique pour populariser tout un lifestyle inédit.
Leurs gros cigares et smokings vont alors de pair avec l'expansion de leurs marques respectives Rocawear et Sean John Clothing.
La France n'est cependant pas en reste et les années 90 puis 2000 voient l'arrivée de plusieurs produits estampillés "Rap", de Homecore ou Com 8 jusqu'à Unküt en passant par Distinct.


Acte 3 : A$AP Rocky, Kanye West, Vogue et Louis Vuitton.

L'époque a clairement brouillée les repères.
Les 2010's font honneur aux créateurs qui bousculent les codes.
Ainsi personne n'a aujourd'hui aucun mal à croiser des rappeurs sur les Front-rows des défilés.
Du très casual Drake jusqu'au "Germinal" Pharrell Williams, il y en a pour tous les goûts.
Kanye West, en bon messi de la dégaine aura collaboré avec Louis Vuitton, Nike ou encore les français d'APC.
La nouvelle garde dicte également les tendances à suivre.
Notamment avec Young Thug, tout récent acteur pour une vidéo du célèbre magazine Vogue.



Les maisons de coutures, aussi luxueuses soient-elles, s'acoquinent avec la rue pour des ventes en hausse.
Faut croire que la "street credibilité" ça aide.
Ainsi Future ou Kanye citent régulièrement la très cotée "Martin Margiela" dans leurs textes ("What's my jacket? Margiala!" dans Niggas in Paris).
Migos fait de même avec Versace, etc...



Loin du baggys et des hoodies des années passées, la mode se construit donc aujourd'hui avec les acteurs du hip-hop.
Et c'est A$AP Rocky, fashion killa confirmé, qui synthétise le mieux ce changement.
Ambassadeur des parisiens de Pigalle et pote du créateur Jeremy Scott, le leader du ASAP Mob avait même déclaré en 2013 à L'Express : "Pendant longtemps, j'ai été homophobe. Je ne le suis plus depuis que j'ai appris que les gars qui dessinent mes vêtements sont homosexuels. J'ai grandi, je me suis rendu compte que c'était stupide".