"Doggystyle" de Snoop Dogg est-il toujours un classique, 32 ans après sa sortie ?

"Doggystyle" de Snoop Dogg est-il toujours un classique, 32 ans après sa sortie ?

"Doggystyle" fête ses 32 ans, et c'est l'occasion de se replonger dans ce disque qui a changé à tout jamais le visage du rap US, et installé Snoop Dogg comme une légende du game.

Le 23 novembre, on fêtait les 32 ans d'un album qui a changé à jamais le visage du rap : "Doggystyle", de Snoop Dogg. Sorti en 1993, il a contribué à faire de la G-funk, et du gangsta rap en général, quelque chose de cool, de vraiment mainstream, sans jamais faire de concessions sur le côté très explicit, parfois violent, de certains lyrics. Mais il faut dire aussi que la recette est bien trop efficace, les instrus mettent tellement de soleil dans votre journée, dès les premières notes, les flows sont fous,... Allez, on se replonge dans ce petit bijou.

Dr. Dre aux manettes

On va commencer par l'aspect le plus évident : les prods. Et pas n'importe quelles prods, non : celles de Dr. Dre. Et si aujourd'hui, ce nom n'est plus si clinquant dans l'industrie du rap US, à l'époque, il mettait tout le monde d'accord, et ça a duré pendant 30 ans. Et d'un autre côté, si Dr. Dre a atteint le stade de légende intouchable dans le rap game, il le doit aussi à cet album, qui est un de ses plus gros succès. Car musicalement, tout est quasiment parfait du début à la fin. Que des bonnes idées, et ça commence dès le track numéro 2, avec cette prod typique de G-Funk qui frappe fort, l'idée de mettre George Clinton, emblème de la Funk, à l'intro et à la conclusion du morceau, sans même parler des couplets, c'est déjà classique.

L'album est rempli d'instrus iconiques : "Tha Shiznit", "Murder Was The Case", et évidemment, "Who I Am", sur lequel on retrouve Snoop et Dre rappant côte à côté, dans ce qui est un des meilleurs morceaux West Coast de l'histoire. Mais aussi l'incroyable "Ain't no fun", morceau emblématique de l'état d'esprit G-Funk, avec tout un tas de grosses stars présentes sur le track, mais on y reviendra plus tard. Bref, des instrus qui puent Los Angeles, le soleil, la weed très forte et goûtue, et surtout les célèbres lowriders qui rebondissent au rythme des instrus de G-Funk, comme si tout était calculé. Et quand l'ambiance se fait plus tendue, comme dans "Murder Was The Case", là encore Dr. Dre trouve la solution pour que l'instru soit cohérente avec le thème. 

La West Coast à son prime

Mais si cet album a si bien marché, ce n'est pas qu'à cause des prods, même si elles sont excellentes. Toute l'ambiance du projet, de A à Z, est pensée, et cohérente. D'ailleurs, Snoop Dogg a beaucoup été félicité pour le côté "réaliste" de ses textes, même si évidemment, cet aspect cru et explicit pouvait choquer certains. Notamment les amoureux des lyrics "fins", quasiment "poétiques" de certains anciens rappeurs, là où Snoop y va de manière beaucoup plus franche, bourrine. On peut prendre l'exemple du hit "Ain't no fun (if the homies can't have none)", qui est littéralement un hymne dédié à... la partouze, oui oui. Mais quel hymne : entre la voix sublime de Nate Dogg, et les couplets super bien kickés de Kurupt et Warren G, difficile de ne pas casser sa tête sur ce morceau.

Mais à Long Beach et Compton, ce n'est pas tous les jours la fête. Et cet album reflète aussi des vies complètement vides de sens, remplies de plaisirs éphémères, sans véritable but à poursuivre à part amasser le maximum d'oseille, essayer d'éviter de se faire buter par un flic ou par un gang rival, et baiser avec le plus de meufs possible. Un critique musical de l'époque a d'ailleurs écrit au sujet de l'album : "Doggystyle est un album sombre et désenchanté. Il se déroule dans un monde sans avenir, un univers de plaisirs éphémères". On peut voir cet aspect, même si vous ne comprenez pas trop l'anglais, dans des titres comme "Serial Killer" ou "Murder Was The Case" : pas tous les jours facile d'être un membre de gang.

Mais c'est avec cet album que Snoop se présente un peu plus en détails au monde, et c'est aussi avec cet album qu'il va devenir une star du rap, et réussir à rendre presque "cool" le fait d'être "gangsta", comme avec "Gin & Juice", le titre le plus célèbre de l'album. Mais attention : dans l'album, on voit aussi des moments où cette vie est beaucoup plus stressante, comme dans "Gz and Hustlas". En tout cas, 32 ans après, l'album n'a absolument rien perdu de sa fraîcheur ou de sa pertinence : la guerre des gangs est toujours là, les rivalités, certaines meufs du hood prêtes à tout pour prendre votre oseille aussi, tout comme les policiers à la gâchette facile. Et le disque est toujours un putain de classique, même si entre temps, Snoop Dogg semble être devenu un supporter de Donald Trump, mais il faut dire qu'il a grâce à cet album les revenus qui vont avec...



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