On le sait, le rap game peut être très brutal aux Etats-Unis, et particulièrement à Memphis où les rappeurs et les groupes criminels sont parfois étroitement liés. Young Dolph ne dira pas le contraire, lui qui a été assassiné le 17 novembre 2021, alors qu'il sortait d'un magasin de cookies. Un assassinat probablement commandité par son plus gros opps, Yo Gotti, même si rien n'a été prouvé jusqu'à aujourd'hui. Dolph était un vrai pilier de sa communauté à Memphis, aussi bien dans la musique que dans la rue, lui qui organisait régulièrement des distributions de bouffe ou de fournitures scolaires.
4 ans après sa mort, on retrouve encore son influence musicale dans le rap US, notamment via son cousin Key Glock. Car si Young Dolph n'est pas une véritable légende du rap US, il est clairement un des meilleurs rappeurs de l'histoire de Memphis, et serait devenu une superstar si on l'avait laissé faire. Alors on va se faire un petit top 7 de nos morceaux préférés de l'artiste, histoire d'honorer sa mémoire.
"Cut It" feat O.T. Genasis, le premier hit
On commence par une évidence, car pour beaucoup, c'est avec ce son qu'ils ont découvert Young Dolph. On replace vite fait le contexte : O.T. Genasis est clairement l'un des hommes du moment, grâce à son titre "Coco". Peu de temps après, il va décider de faire une énorme passe dé' à un mec quasi inconnu de Memphis, Young Dolph. Et le morceau est un banger, avec un refrain hyper répétitif, un titre rempli d'egotrip, une attitude hyper gangsta, et une ambiance 100% street. 10 ans après, difficile de ne pas casser sa tête sur ce rythme pourtant si simple. Dolph y est insolent comme jamais, lui qui avoue s'être acheté une Porsche avec l'argent de la dope, sans jamais avoir besoin de toucher à l'argent de sa musique. Pas forcément sa meilleure performance au mic', mais un titre qui l'a fait connaître à tout le monde.
"100 Shots", le morceau du survivant
On ne pouvait pas faire un top 5 de Young Dolph sans citer "100 shots", qui est littéralement un des morceaux les plus légendaires de ces 10 dernières années dans le rap US. Quel genre de boug se fait "drive-by" en véhicule, se fait tirer dessus 100 fois (d'où le titre), et s'en sort sans une égratignure ? "It's Dolph" ! Un morceau en full provocation, lui qui s'adresse même directement à son opps en lui demandant : "comment t'as fait pour manquer 100 tirs ?". Le tout dans un morceau rempli d'egotrip, de nonchalance, d'insolence, bref, une dinguerie de faire ça quand on vient de se faire tirer dessus, mais Dolph n'avait peur de rien ni personne. Et même au niveau des paroles, le mec est fort, et marrant : "she blew my whistle like a referee", et toutes les autres références à la fellation dans le morceau, on valide évidemment.
"Blue Diamonds", la célébration de la réussite en indé
Aux Etats-Unis encore plus qu'aux States, la route de l'indépendance dans le rap est semée d'embûches et surtout de tentations. C'est pourtant celle que Young Dolph avait choisi de prendre, quitte à faire une croix sur plusieurs gros chèques de la part des majors. Avec son album "Rich Slave", dont "Blue Diamonds" est extrait, il célèbre son statut de mec riche acquis grâce à son travail, dans la drogue ou dans le rap, sans vendre son cul. Et le morceau est exactement dans ce thème. En plus, le titre sort quelques semaines après le meurtre de George Floyd, et les gens l'ont un peu pris comme un morceau qui célèbre la réussite afro-américaine, ce qui lui donne une dimension supplémentaire.
"Point Across", masteclass d'egotrip
Young Dolph a sorti une trentaine de projets dans sa vie, et en explorant un peu sa discographie, on comprend vite qu'il a un peu donné dans tous les styles et surtout, posé sur tous les types d'instru. Mais évidemment, son principal terrain de jeu c'est la trap, ses ancêtres, et ses dérivés (horror core, etc...). Et ici, on retrouve clairement Dolph en mode "Gucci Mane", qui a dû être une sacrée influence pour lui au vu de sa musique. Notamment dans le flow, on croirait presque entendre le Gucci de la grande époque, et on adore. Le tout, en mode egotrip max, avec ce clip tourné en plein manoir, avec un son et un clip sortis quelques jours à peine après qu'il soit victime de sa deuxième fusillade : il va falloir être plus malins pour le faire, les gars.
"Hold Up Hold Up Hold Up", tout en douceur
On reste dans l'egotrip, mais cette fois, on sort un peu du personnage du gangster : Dolph est de retour en mode entrepreneur/charmeur à succès, qui se pavane encore dans le hood malgré le fait qu'il soit blindé, et surtout un flow parfaitement ciselé, pas d'expérimentation au niveau des flows, que du simple, efficace, sur une prod un peu planante. Parfait pour consommer son petit teh l'été, le bail aurait presque pu être sur un album de Wiz Khalifa !
"While U Here", le morceau de la maturité
Dolph a beau être un hustler, un mec assez enfermé dans son personnage de gangsta rapper (et en même temps, ça reflète clairement sa vie), il ne s'interdit pas de sortir de l'egotrip et d'offrir à son public des titres beaucoup plus profonds. C'est le cas de "While U Here", extrait de "Thinking Out Loud" et sorti en 2017. En moins de dix ans de carrière, le rappeur de Memphis a emmagasiné suffisamment d'expérience pour s'interroger sur son rôle auprès des plus jeunes, mais aussi sur son rapport avec ses proches, en incitant tout le monde à profiter d'eux tant qu'ils sont là. Et venant d'un mec qui a été victime de 3 fusillades, on peut dire que ça a du sens.
"1 Scale" feat G Herbo, le testament
On termine par ce petit bijou en featuring avec G Herbo, autre boss sous-côté du rap US. Un morceau qui fait un peu figure de testament, dans le sens où Dolph nous fait une sorte de bilan de son parcours, de où il est parti, jusqu'où il est arrivé, avec un egotrip max, et un côté mélancolique/lancinant très présent dans la chanson. On ne peut pas s'empêcher d'y voir une sorte de "voilà, si je meurs demain, j'aurai au moins fait tout ça". Et puis le changement de flow au milieu du couplet, l'autotune très léger en fin de couplet, puis G Herbo, toujours au rendez-vous sur ce genre de feat, bref, très réussi.

























