Ces classiques du rap FR qui fêtent leur 30 ans en 2025

Ces classiques du rap FR qui fêtent leur 30 ans en 2025

Un article qui va filer un coup de vieux à pas mal d'anciens, et, on l'espère, faire découvrir deux trois pépites aux petits jeunes : Sages Poètes de la Rue, NTM, Fabe, et plein d'autres.

Le rap français a désormais une histoire très riche, de plusieurs décennies de classiques et en 2025, on va avoir pas mal d'anniversaires importants à fêter. Notamment ceux des albums de rap français classiques qui sont sortis en 1995, et qui fêtent donc leurs 30 ans cette année. 30 ans, ce n'est pas n'importe quel anniv', c'est un peu l'âge de la maturité, et c'est surtout l'occasion de voir si, autant de temps après leur sortie, ces albums ont bien vieilli ! Alors on va vous faire un petit tour d'horizon des dingueries sorties cette année là, en attendant, peut-être plus tard dans les années, des articles qui se pencheront plus précisément sur chaque projet.

Suprême NTM - "Paris sous les bombes"

Et on commence avec un classique parmi les classiques, un véritable monument du rap français même, puisqu'il s'agit du troisième et avant-dernier album de NTM, "Paris sous les bombes", sorti au mois de mars 95. Un projet qui marque une sorte de rupture pour les rappeurs du 93, avec des flows plus maîtrisés que ce soit pour Kool Shen ou pour Joeystarr. De manière générale, l'album est plus "professionnel" que les deux précédent, l'effectif du Suprême est un peu réduit, avec DJ Clyde qui prend pas mal de place dans les prods. Le résultat, ce sont des morceaux classiques à la pelle, avec de l'énergie brute, marque de fabrique de NTM, mais aussi de l'humour, de l'insolence, et évidemment, pas mal de messages politiques, rappés notamment par Kool Shen, ainsi que des morceaux qui célèbrent le hip hop : "Tout n'est pas si facile", "La Fièvre", "Qu'est-ce qu'on attend?", "Pass pass le oinj", "Est-ce la vie ou moi?", et on en passe. Bref, classique sur classique, et 30 ans après, si les prods à la fois jazzy et funk ont pris un coup de vieux, ça reste toujours aussi agréable à l'oreille !

Les Sages Poètes de la Rue - "Qu'est-ce qui fait marcher les sages ?"

On continue avec un autre énorme classique de l'année 1995, en provenance, cette fois, du 92, et plus précisément de Boulogne-Billancourt. Un album un peu plus confidentiel, qui n'a peut-être aps connu le succès commercial éclatant de "Paris sous les bombes" dont on parlait plus haut, mais qui est une véritable référence pour tous les puristes. Car en termes de flow et d'écriture, Zoxea, Dany Dan et Melopheelo ont largement de quoi jouer à armes égales avec les stars comme AKH, Kool Shen ou Joey Starr. Un album d'inspiration résolument new-yorkaise, avec des prods très jazzys, des rythmes assez lents, et une véritable importance accordée au texte, aux jeux de mots, à la technique de manière générale. Un album authentique, avec un véritable recul de la part des 3 gars de banlieue qui décrivent ce qu'ils vivent avec finesse et nuance, et qui sera la pierre fondatrice de ce qui deviendra la plus grande école de rap de France : le Beat de Boul, qui révèlera plus tard Booba, LIM et tant d'autres. 

La Haine  -"Musiques inspirées du film"

1995, c'est aussi l'année où sort un des films qui a pour la première fois mis la culture de banlieue et le rap à l'écran, même si ce n'étaient que des sujets secondaires (le premier étant les violences policières). Au fil du temps, pas mal de choses ont été reprochées à ce film, ou à son réalisateur Mathieu Kassovitz, y compris par certains acteurs eux-mêmes. Mais il y a une chose qu'on ne peut pas enlever à "La Haine" : c'est sa bande-son, et surtout, l'album qui a suivi la sortie du film. Un album dont aucune musique ne passe pendant le film, mais qui rassemble la crème du rap français de l'époque, avec notamment IAM, Express D, La Cliqua, MC Solaar, les Sages Po, Assassin, et surtout, le Ministère A.M.E.R. qui nous gratifie d'un titre brûlant comme jamais avec "Sacrifice de Poulet", qui leur causera pas mal de problèmes. Bref, un projet impactant, qui a bien marché et qui a mis en lumière une grosse partie de la scène française de l'époque.

Tout Simplement Noir - "Dans Paris Nocturne"

Un album qui est probablement moins connu que les 3 précédents qu'on a mentionné. Mais ça ne veut absolument pas dire que la qualité du projet était moindre, juste que, peut-être, le discours était plus "hardcore" et moins grand public, et que la structure autour de l'album était moins professionnel : moins de promo, moins d'exposition, ... Niveau qualité pourtant, on est sur un des meilleurs albums de rap français de l'année, avec des classiques à la pelle, le tout en autoproduction. D'ailleurs, ils avaient bien compris qu'ils étaient en décalage, voire en opposition avec ce qui se faisait ailleurs, comme ils le disent dans "Rien de bon sur la FM". Un album qui est à la fois hyper street, parfois bien agressif, avec des appels à la révolte (O.P.I.2.flics), mais ce qu'on préfère dans le disque, c'est l'humour et les propos parfois borderline, comme dans "A propos de tass" ou "Goutamafonkybite", chefs d'œuvres inégalés dans ce registre.

Fabe - "Befa Surprend ses frères"

On termine ce petit tour d'horizon par un autre classique un peu sous-coté et oublié depuis, car Fabe a fini par abandonner le rap game, et même la France, pour se concentrer sur sa spiritualité. Un choix qui est tout à son honneur, même si, au vu de cet album sorti en 1995, on peut regretter que le rappeur parisien ne soit pas resté dans le game plus longtemps, car il est clairement un des artistes les plus intelligents ayant jamais eu un micro dans la main. Une intelligence qui transpire à chaque propos, dans un album qui est un véritable OVNI, à l'heure ou le rap français n'est composé que de groupes, de grosses équipes. Fabe, lui, vient gifler le rap en solo, et n'oublie pas au passage d'écorcher les faux gangsters du game avec "Joe la Monnaie" ("avis aux MCs qui se prennent pour des meurtriers, si t'es un gangster t'as pas le temps de rapper"). Au programme de l'album, pas mal de morceaux cultes, comme "Ca fait partie de mon passé", et 1995 est aussi l'année où Fabe est allé défendre l'honneur du rap sur le plateau de "Taratata", devant un Nagui méprisant, qui a bien changé d'attitude depuis que le rap est le plus gros vendeur de musique en France... Bref, befa est un vrai soldat, on le remercie pour les travaux.

Bonus :

Evidemment, l'année 1995 est tellement dense qu'elle est loin de se limiter à ces 5 disques, on va donc vous en jeter quelques uns en vrac, si vous avez envie d'aller un peu plus loin : "Métèque et Mat" d'Akhenaton, la "Mixtape spécial Lunatic" de Cut Killer, "La voie du peuple" de Démocrates D, les frérots de Montfermeil, ou encore les blockbuster comme "Simple & Funky" d'Alliance Ethnik, "Conçu pour durer" de La Cliqua, "Phénoménélik" de Ménélik, et bien d'autres encore.