Quand Mac Miller baffait le rap game avec "K.I.D.S."

Quand Mac Miller baffait le rap game avec "K.I.D.S."

A l'occasion de son anniversaire, retour sur le premier projet de Mac Miller à avoir rencontré le succès.

Le rap n'a pas toujours été un concours de qui est le plus thug, qui est le plus débile ou qui est le plus méchant. Il y a même une époque où on prenait ce style simplement pour ce qu'il était : de la musique. Sans s'obliger à jouer aux gangsters, à incarner des personnages, juste de la musique en toute simplicité. Cette simplicité, Mac Miller en a fait son arme. Ce n'est pas un hasard si les gens ont été autant touchés par sa mort, survenue en 2018 à seulement 26 ans : la fraîcheur du gamin de Pittsburgh avait conquis tout le monde. Et ce, quasiment dès le début de son ascension. Car lorsqu'il sort la mixtape "K.I.D.S.", en 2010, le rappeur a 18 ans à peine, mais déjà un talent monstre, qui explose alors d'un coup aux yeux du monde. A l'occasion de son anniversaire, on va revisiter cette fameuse mixtape, le projet qui a clairement lancé sa carrière, en revenant sur les plus gros titres du projet.

"Nikes On My Feet", la démonstration

On commence par le plus gros carton de la mixtape, le morceau le plus écouté, le plus streamé et peut-être celui qui a fait passer Mac Miller de grand espoir du rap de Pittsburgh à rappeur reconnu à l'international. "K.I.D.S." est la cinquième mixtape du rappeur, mais elle est sortie tout de même avant son premier album, preuve que le boug a galéré en sortant pas mal de tapes avant d'exploser d'un coup, grâce au titre "Nikes On My Feet". Un titre dans lequel Mac prouve qu'il connait la musique, qu'il maîtrise les codes du rap et qu'il les respecte, et ça commence d'ailleurs par un sample mythique de Nas dès le début du titre (le fameux "Nikes on my feet keep my cypher complete" de "The World Is Your").

Rien de révolutionnaire dans les ingrédients du titre, au contraire, on est même sur un rap un peu scolaire. Mais justement, c'est ça qui détonne avec le reste de la scène rap, qui, dans les années 2000, est embourbée dans un gangsta rap coincé entre le "dirty south" et ce qui deviendra la trap plus tard. Loin de jouer les thugs, Mac Miller, lui, est justement le gars cool, le "chill guy" avec qui les gens ont envie de traîner au lycée ou à la fac. Une image d'enfant un peu turbulant, mais très attachant et vraiment sympa, qui va d'ailleurs le suivre pendant longtemps. D'autant que le clip reprend lui aussi tous les codes du rap à l'ancienne, avec les Nike, la chemise, la casquette à l'envers, et aussi pas mal de weed et d'alcool. Car en plus d'être un gars cool, Mac aime faire la fête, et on adore les gens qui font la fête dans le rap US. Avec ce premier "hit" mondial (87 millions de vues aujourd'hui, juste sur Youtube), le rappeur se présente donc comme ce gamin hyper talentueux, très attachant, un peu nostalgique. 

"Knock Knock", l'OVNI

Cela peut paraître un peu has been en l'écoutant 15 ans plus tard, mais le morceau a été un gamechanger pour sa carrière. Car avec son rap plutôt académique, même scolaire on peut le dire, Mac Miller pouvait vite avoir une image de "fan de rap des 90's" mais qui n'a pas grand chose à raconter (il ne vient pas d'un hood hyper dangereux), ni beaucoup de nouveauté à apporter musicalement. Sauf que ceux qui pensaient comme ça oublient une chose : le jeune Mac n'en a rien à foutre de tout ça. C'est juste un kiffeur de son, qui veut faire sa musique comme il l'entend, et s'il a envie de faire un sample avec une vieille comptine pour enfant des années 50, il le fera. C'est exactement ce qu'il fait dans "Knock Knock", avec un morceau qui sonne tellement vintage qu'il en redevient presque actuel. A partir de ce titre, le game sait que Mac Miller est fou, qu'il n'est pas dans le calcul et qu'il n'a absolument pas peur de prendre des risques pour ses instrus, ses flows, et même ses chorégraphies dans le clip (on valide à moitié d'ailleurs, mais au moins c'est original). 

"Kool Aid & Frozen Pizza", la confirmation

Maintenant qu'il a prouvé qu'il maîtrisait les codes du rap, les Nikes, les samples, mais qu'il était aussi capable de folies musicales comme ce morceau style "années 50", Mac Miller peut continuer à dérouler son art, en toute légitimité. Avec "Kool Aid & Frozen Pizza", le rappeur fait quelque chose que le rap game adore : des références précises à la pop culture (Kool Aid est une vieille marque américaine de boissons), mais aussi aux souvenirs d'une enfance un peu cheap (les pizzas surgelées, c'est pas très bling bling, mais au moins c'est authentique). Bref, de la simplicité, du skill au micro, un univers un peu enfantin très bien maîtrisé (d'où le titre de la mixtape, qui renvoie à la jeunesse), et des clips dans lesquels ont le voit toujours avec une belle bande de potes. Ici, son poto porte même un énorme ghetto blaster sur l'épaule, comme dans les 90's, et ce petit détail a suffi aux puristes pour le valider immédiatement. Et sur cette prod "chill" signée par le grand Lord Finesse, ça ne pouvait que fonctionner. C'est d'ailleurs toujours un de ses plus gros cartons en termes de chiffres sur Youtube.

"La la la la", le bonus

Sur cette mixtape dont, on l'espère, vous avez saisi l'ambiance (on est jeunes, on rappe trop bien, on est trop sympas, on fait plein de soirées et on a de la bonne weed), Mac Miller fait encore une chose qui est adorée dans le rap game : un sample non autorisé, ou mal crédité, ce qui fait que le morceau doit être supprimé des plateformes de streaming. Pas grave, ça rend le morceau encore plus mythique pour les fans, d'autant plus que cette fois, on a même eu droit à une vidéo de l'altercation entre Mac Miller et les beatmakers, Up North Productions. Vu la qualité du titre, on comprend qu'ils auraient aimé être crédités : tout simplement une leçon de kickage sans aucun faux pas. Avec un morceau parfait pour clore un projet, qui a même un aspect un peu solennel, comme un "au revoir", et une aisance technique folle au micro. C'est d'ailleurs là-dessus qu'on va se quitter, en espérant qu'aujourd'hui, le "KIDS" a trouvé la paix de là où il repose. On vous signale d'ailleurs qu'un projet posthume du rappeur est sorti ce vendredi 17 janvier, même si on ne sait pas trop ce qu'il vaut.