8 fois où le rap US a allumé la politique américaine

8 fois où le rap US a allumé la politique américaine

En cette période d'élections, on fait un petit rappel de toutes les fois où les rappeurs US ont envoyé se faire foutre les politiciens américains, la police, ou tout le système.

Les élections américaines approchent à grands pas. La semaine prochaine, la "plus grande nation" du monde va devoir faire un choix très difficile, entre le consensus mou et sans beaucoup d'avenir proposé par la candidate démocrate, et la folie, le n'importe quoi et la violence proposés par le candidat républicain. Une élection qui annonce le pire pour les 4 prochaines années, notamment pour les populations les plus précaires, toujours les premières à être "oubliées" par les politiciens. Pas de chance pour eux, c'est principalement de ces populations que sont issus les rappeurs en majorité. On trouve donc que c'est le moment le plus propice pour vous proposer une petite sélection des fois où les rappeurs américains ont décidé d'envoyer tout ce beau monde aller se faire foutre, qu'il s'agisse de la police, d'un politicien en particulier ou bien de tout le système.

Public Enemy : Fight The Power

On va commencer par le morceau le plus évident, comme ça on va pouvoir parler rapidement de cet énorme classique et passer à d'autres titres moins connus. Mais on ne pouvait pas non plus faire l'impasse sur ce morceau, qui est un des premiers titres de rap à s'attaquer aussi frontalement à l'ordre établi. Le morceau, qui a initialement été créé en 1989 pour accompagner le film de Spike Lee "Do The Right Thing", est surtout un manifeste qui prône l'émancipation des noirs américains, en les incitant à se rebeller contre le pouvoir. Tout en détruisant les symboles de l'Amérique blanche, comme Elvis Presley, ou Bobby McFerrin. Le but est surtout d’apparaître en provocateurs et d'affirmer que dorénavant, les noirs d'Amérique ne vous plus se taire : ils vont parler fort et se battre pour leurs droits.

YG & Nipsey Hussle : FDT et FTP

Quoiqu'on puisse penser de YG et Nispey Hussle, il faut leur reconnaître qu'ils ont sorti un des morceaux de rap US les plus politisés de ces dix dernières années, alors qu'ils sont à la base des "gangsta rappers", pas forcément censés prendre plus parti pour un camp que pour l'autre. Mais pour YG et Nipsey, laisser Donald Trump se faire élire sans l'insulter en 2016 est de l'ordre de l'impensable. Du coup, ils ont uni leurs forces sur le morceau "Fuck Donald Trump", dont le titre laisse peu de place à l'interprétation. Simplement un gros doigt d'honneur envoyé au futur président US, pancartes à l'appui, en affirmant clairement qu'il est fou et raciste, tout en n'hésitant pas à allumer tous les présidents récents des USA : Obama, Reagan, et d'autres. Et contrairement à d'autres rappeurs US (Snoop Dogg, Kodak Black, 50 Cent,...) eux n'auront pas retourné leur veste dix fois sur le sujet.

Childish Gambino : This Is America

On arrive là à une véritable agression envoyée en plein dans le visage de l'Amérique, avec ce morceau et surtout ce clip de Childish Gambino. "This Is America" sort en 2018, deux ans après l'élection de Trump et surtout, quelques semaines à peine après l'assassinat de Stephon Clark par des policiers. Ici, Donald Glover (son vrai nom), tire la sonnette d'alarme au sujet des violences avec armes, qui se multiplient ces dernières années en Amérique, en dénonçant la passivité et l'impuissance des institutions US pour endiguer le fléau (voire, parfois, la duplicité des forces de l'ordre qui mettent tout en place pour que ça dégénère). Un morceau qui n'est pas spécialement plus antiraciste qu'un autre, ni engagé pour une cause particulière, si ce n'est la non violence, mais qui tend un miroir bien triste à la société américaine, qui n'a malheureusement pas beaucoup évolué depuis...

Kodak Black : Tunnel Vision

Les gens ont tendance à reprocher aux rappeurs actuels leur manque d'engagement, ou plus généralement le manque de messages dans leurs textes, et Kodak Black a souvent été rangé dans cette case à cause de son "mumble rap" difficilement compréhensible. Pourtant, Kodak est un des artistes qui dit le plus de choses dans ses morceaux, et il l'a notamment prouvé avec "Tunnel Vision". Plus que le titre en lui-même, qui parle surtout de l'acharnement judiciaire contre sa personne, c'est surtout le clip qui interpelle. Sorti un an à peine après la première élection de Donald Trump, on y voit un redneck américain, avec un gros drapeau confédéré à l'arrière de sa veste (symbole pro-esclavage par excellence) et une casquette "Make America Hate Again" (une parodie du slogan de Trump) se faire copieusement masser par un homme noir qui lutte pour sa vie. En plus de ça, les croix en feu devant lesquelles rappe Kodak font directement référence au KKK. En bref, Kodak renvoie l'image d'une Amérique encore bien raciste, fière de ses symboles esclavagistes et dont le système judiciaire a tendance à s'acharner sur les jeunes Noirs. Tout ça, pour finalement finir par multiplier les hommages à Donald Trump une fois que ce dernier l'aura fait sortir de prison... La politique, c'est compliqué, surtout aux USA.

Eminem : Mosh

Eminem n'a pas beaucoup parlé explicitement de politique pendant toute sa carrière, mais tous les morceaux sortis au début des années 2000 contiennent des critiques acerbes de la société américaine. Par contre, ça lui est tout de même arrivé quelques fois de se positionner clairement, notamment en 2004, pendant la campagne présidentielle. A l'époque, George Bush affrontait John Kerry. Évidemment, le Slim Shady a fermement pris position contre Bush, et surtout contre la guerre en Irak qu'il était en train de mener sans raisons valables, même si on ne le savait pas encore à l'époque. Avec un message assez intéressant puisqu'il avance aussi que le peuple américain dans son ensemble est responsable pour avoir accordé autant de pouvoir à un fou pareil lors de la première élection de Bush, en 2000. Une seule manière de lutter contre ce grand taré : aller voter. Malheureusement, l'appel au vote d'Eminem n'aura pas suffit à faire pencher la balance.

2Pac : Holler if Ya Hear Me

On hésitait entre parler de ce morceau, et de "Changes", mais une chose est sûre : on était obligés de parler de Tupac. Le seul rappeur dont l'existence même est un bras d'honneur, puisqu'il est le fils de deux militants Black Panther, ce groupe qui lutte pour le respect des droits de la population afro-américaine et qui a été persécuté à de nombreuses reprises par la police et le pouvoir en place. Dans "Holler if Ya Ear Me", 'Pac nous livre un hymne à la résistance, en dénonçant la pauvreté de la population noire aux USA, l'injustice dont ils sont victimes devant la loi, les violences policières, tout en ciblant précisément Dan Quayle, le vice-président américain à l'époque. Du grand Tupac, même si, pour cette fois, le flow et l'attitude sont un peu mis en retrait, au bénéfice du message, bien percutant.

Mention Spéciale : NWA, KRS-One, Kendrick Lamar, Joey Badass

L'article est déjà extrêmement long, alors on n'a pas voulu en rajouter. Mais on ne pouvait pas se quitter sans mentionner, pour les plus curieux, "Fuck the Police" de NWA, "Sound of Da Polcie" de KRS-One, mais aussi, plus récemment, "Land of the Free" de Joey Bada$$, et "The Blacker The Berry", de Kendrick Lamar, qui font tous partie des plus grandes plumes du rap US. Et quand ils décident de s'attaquer à des sujets politiques, c'est toujours très bien fait.