Il rappe devant Kanye West et devient numero 1 !

A quand une "success story" rap à la française ?

 

Big Sean va sans doute s'imposer comme une nouvelle figure du rap américain. Produit par Kanye West, accompagné de production de No ID, Neptunes...Big Sean est en train, comme d'autres avant lui, de démontrer que le rap américain n'est pas mort et se renouvelle grâce à ses aînés.

A quand en France l'émergence de nouvelles têtes dans le rap français parrainées par nos plus grands MC's ? Nous posons la question et lançons le débat.

 

L'expression "american dream"  s'applique bien au monde du rap outre-Atlantique. Big Sean, 23 ans, originaire de Detroit vient de confirmer que son talent ne s'arrêtait pas un freestyle effectué devant Kanye West à la sortie d'une radio locale de Détroit en 2005. Le nouveau protégé de Kanye West, détecté dans la rue, vient de prendre la première place du chart rap aux USA (3 eme du chart général) avec son album "Finally Famous" sorti sur le label de Kanye West 'Good Music'.

 

Cette histoire d'un MC anonyme parrainé par une icône du Hip Hop au sommet n'est pas une première dans le rap game américain. La culture américaine du "Payback",  savoir rendre la monnaie de sa pièce, a porté ses fruits depuis des décennies dans l'industrie, en générale outre-Atlantique, et les entrepreneurs du rap ont adopté cette coutume avec succès. citons par exemple Dr. Dre qui, suite au succès planétaire de "The Chronic", n'a cessé de pousser des jeunes artistes vers le succès, à l'image de Snoop Dogg ou Eminem. Du côté de la East Coast, Jay-Z en produisant Kanye West sur son label Roc-A Fella en 2004, a permis l'émergence d'un des artistes les plus talentueux du Hip Hop de ces dernières années. Ces deux exemples parlants reflètent cette énergie créatrice des artistes devenus producteurs qui, gràce à leur investissement, permettent l'émergence d'une nouvelle scène et l'explosion de nouveaux talents.... 

 

Le cas de Big Sean, qui depuis quelques jours est la nouvelle coqueluche des médias rap US, nous pousse a nous interroger sur les artistes de notre pays.  

 

La scène rap en France fait souvent objet de critiques sur sa qualité artistique dans la presse magazine ou sujet d'éternels débats dans les forums internet sur "qui sera la nouvelle pointure du rap français"... Nous ne sommes pas là pour énumérer la liste des artistes "Hot or Not" ou en devenir... Nous devons surtout nous poser les bonnes questions : pourquoi la culture du "payback" en France ne s'est pas imposée dans notre industrie ?  Ou bien quand celle-ci est appliquée, pourquoi les relations entre "les mentors" et leurs artistes s'est si vite détériorée ?

 

Plusieurs tentatives ont vu le jour : du label IV My people, La Cosca en passant par Tallac, Foolek records ... mais en dehors des projets forts ou solo des fondateurs, le succès sur la longueur a rarement été au rendez-vous pour les nouvelles signatures lorsqu'elles ne sont pas d'ailleurs parties vers d'autres horizons... (Les Psy 4 qui ont quitté La Cosca par exemple). 

 

De plus, les labels indépendants ont été les victimes de certains monoples : l'éternel problème de notre marché a été de ranger les artistes dans des cases et cette vision des choses n'a jamais été propice a la transmission entre générations mais a favorisé l'affrontement "Old School" vs "Nouvelle école" !

 

Certains médias et radio nationaux rap n'ont cessé de jouer ce jeu de cette opposition de catégories :

"Rappeurs de plus de 30 ans : tu n'auras pas ta place sur ma radio"...AKH en a été la victime et d'autres artistes seront sur la listes dans les prochains mois... les maisons de disques "Major" perdant du jour au lendemain la confiance envers ces groupes...

 

Les rares collaborations entre artistes gros vendeurs, le désert de featurings "découverte" sur les albums les plus vendus en France ou bien la difficulté des labels indépendants fondés par des artistes à s'imposer comme structures pérennes dans l'industrie viennent alimenter un constat alarmant. La génération 90 a posé les premières pierres de la culture du rap français, les artistes de la génération 2000/2010 se doivent de construire le modèle du "mentoring" Hip Hop  !

 

L'affrontement generationnel à la française que l'on retrouve dans notre société, l'économie ou le politique est en train de contaminer notre culture. Ne laissons pas les veilles traditions envahir le Hip Hop français. Prendre des risques c'est aussi montrer la voie. Le talent est éternel, un artiste talentueux sera un bon producteur, et ces jeunes pousses, parrainés par nos artistes,  viendront alimenter un marché dynamique en faisant profiter l'ensemble des acteurs.

 

Associer la jeunesse et l'expérience d'un rookie avec un MC multi-platine c'est, au-delà de l'aspect commercial positif, une manière de faire perdurer une culture rap et d'imposer aux médias une musique incontournable qui se transmet de génération en génération.

Ces jeunes artistes qui explosent dans les charts américains sont signes de la transmission d'une culture, de valeurs et d'une bonne santé du Hip Hop américain.

 

Ce constat, typiquement français, devrait alerter nos artistes a se positionner différemment : vous n'êtes pas uniquement les acteurs d'une culture mais vous êtes les réalisateurs, producteurs, scénaristes,auteurs, distributeurs et comédiens de notre culture...et votre responsabilité est entière. Il est temps d'être à la fois devant et derrière la caméra. Comme on le dirait sur un plateau de cinéma :  "Lumière, caméra, action " !

 

 

facebook.com/francois.laforestrie

 

 

 

.