Avec son style mélangeant rap et country et surtout son énorme succès, il était certain que Lil Nas X n'allait pas rester seul sur le créneau musical qui mélange le rap et la country music. Et effectivement, le créateur de "Old Town Road", la chanson la plus écoutée au monde en 2019, voit débarquer depuis peu un nouveau phénomène prêt à piétiner ses plates-bandes, RMR qui, avec le titre "Rascal" est d'ores et déjà un des phénomènes sinon le phénomène de 2020 alors nous sommes qu'au début de l'année...
RMR a beau être déjà une star, on ne sait pas grand-chose sur le personnage. Par exemple, on ne connaît la signification des initiales de son nom d'artiste et The Fader pense que RMR aurait 22 ans. Ce que l'on sait, c'est qu'il se cache derrière une cagoule comme le font Kekra ou Kalash Criminel en France, qu'il est représenté par Vince Philipps, le créateur du label BME Recordings qui abrite notamment Lil Jon en son sein et qui est, accessoirement, un des plus grands avocats du business de la musique aux États-Unis.
Si on parle uniquement de musique et qu'on le compare au seul point que l'on possède actuellement, c'est-à-dire Lil Nas X, on sent bien que "Rascal" est un morceau plus travaillé que "Old Town Road" même s'il repose aussi sur une architecture simple. Il est construit sur la boucle de piano du titre country "Bless The Broken Road" de Rascal Flatt, une ballade qui donne un morceau lent, propice à la rêverie. En théorie. En pratique, RMR profite de la prod pour développer des histoires passionnées et passionnantes autour des femmes, des problèmes du ghetto, autant d'expériences qui ont fait de lui l'homme et l'artiste qu'il est aujourd'hui. Surtout, fort de sa maitrise des réseaux sociaux et sans doute alerté par le précédent Lil Nas X, il verrouille totalement sa communication et gère de main de maître la viralité de "Rascal". Alors que la musique est plutôt douce et le titre chanté, il y oppose la violence des lyrics, résolument anti-flics, à la limite de l'agressivité. Cette impression de violence est augmentée par les images du clip où l'on voit un groupe d'individus cagoulés armés comme un régiment. Si RMR réussit la symbiose entre rap et country, il tente également des mélanges plus détonants comme celui de la douceur et de la violence, des masques de ski et des gilets pare-balles de marque et des slogans anti-police hardcores.
Fort du précédent Lil Nas X, RMR a su parfaire la technique pour devenir un des artistes les plus commentés de ce début d'année et une des recherches Google les plus importantes au monde en moins de 24h. Dire que "Rascal" s'est diffusé dans le monde telle une traînée de poudre n'est pas du tout une image...
Mais contrairement à Lil Nas X, il ne joue pas la carte de l'humour et du second degré. RMR se veut authentique, oscillant en désespoir et quête de rachat. Il ne calcule pas et croit dur comme fer à ce qu'il fait comme il l'expliquait par mail à The Fader :
"J'ai grandi avec la musique country et rap et cette chanson est mon interprétation de ce à quoi devrait ressembler ce nouveau genre."
On devrait d'ailleurs en savoir plus rapidement puisque son premier EP "Drug Dealing Is A Lost Art" devrait sortir ce printemps. Donc, vous ne pourrez pas dire qu'on ne vous avait pas prévenu...
Grégory Curot