Une origine marquée par le mépris social
À l’origine, le mot ratchet dérive de wretched, signifiant "misérable". Popularisé dans le Sud des États-Unis, il servait à désigner des comportements perçus comme vulgaires ou excessifs, souvent associés aux femmes noires issues des classes populaires. Le terme portait alors une forte charge sociale, raciale et sexiste.
Le rap comme amplificateur culturel
Le rap n’a pas inventé le mot, mais il l’a exposé à grande échelle. Des artistes comme Lil’ Kim ou Trina ont contribué à populariser cette image dans les années 2000, incarnant un style audacieux et provocateur qui allait influencer toute une génération.
De l’insulte à la réappropriation
Progressivement, certaines rappeuses ont retourné le stigmate. Megan Thee Stallion, Cardi B ou City Girls ont transformé ratchet en posture assumée : parler fort, afficher son corps, revendiquer sa sexualité et son indépendance. Être ratchet devenait alors un symbole de puissance et de liberté.
Une figure qui divise
Cette réappropriation ne fait pas l’unanimité. Pour certains, elle alimente des clichés misogynes et raciaux. Pour d’autres, elle incarne une forme de libération, un refus des normes de respectabilité imposées aux femmes, et particulièrement aux femmes noires dans l’industrie musicale.
Un révélateur des doubles standards
La figure de la ratchet met en lumière un déséquilibre persistant : là où l’excès masculin est souvent célébré, l’excès féminin est sanctionné. Le rap agit ici comme un miroir social, révélant les contradictions entre liberté d’expression, morale et regard porté sur les corps.
Un mot toujours en tension
Aujourd’hui, ratchet reste un terme ambivalent. Il peut être une insulte, un style, une performance ou un acte politique. Dans le rap, il continue de déranger, précisément parce qu’il interroge la frontière entre provocation et émancipation.

























