"Gims" le documentaire consacré au rappeur de la Sexion d'Assaut qui sort ce matin sur Netflix est édifiant à plus d'un titre. Alors qu'il suit le chanteur de "Bella" dans l'année précédente son concert au Stade de France en juin 2019, il montre aussi toutes les facettes d'un homme à la vie compliquée jonglant entre son personnage et sa vraie nature, entre sa famille et ses fans, entre les sollicitations et le calme qu'il essaie de trouver, mais avec toujours, dans toutes les circonstances, un seul état d'esprit : travailler pour ne jamais faire la même chose, se challenger pour continuer à faire mieux, toujours. Il n'y a qu'à le voir au NRJ Music Awards où, quatre fois nommé, il est reparti sans rien pour comprendre que Gims n'aime pas perdre. Même dans la "lutte" au sommet qui l'oppose à son frère Dadju, il n'a aucunement l'intention de laisser sa place de numéro un sans se battre.
La compétition, le travail, c'est ce qui sous-tend l'heure et demi du documentaire réalisé par Florent Bodin. C'est ce que l'on ressent à chaque changement de lieu, de contexte. Un exemple ? Il sort d'un concert au Dôme de Marseille, monte dans son tour-bus, envoie une prod qui va tourner en boucle pendant des heures pour qu'il puisse écrire un nouveau morceau. Autre exemple, pendant le mois de ramadan, il s'offre un mois de vacances avec ses enfants, mais il faut quand même enregistrer. Il fera venir son équipe sacrifiant le peu de temps qu'il arrive à passer en famille...
Si on le suit durant sa dernière année avant le Stade de France, l'histoire n'est pas linéaire ou chronologique. Au contraire, le SDF étant un aboutissement et une fierté, il le répète plusieurs fois, "c'est la première fois pour un artiste urbain français", c'est aussi l'occasion pour Gims de revenir sur son parcours, son arrivée en catastrophe en France parce que son père chanteur avait offensé Mobutu, le dictateur du Zaïre. C'est la misère, les foyers, les expulsions et pour finir, la rue d'où viendra sa rédemption. Car c'est là qu'il rencontrera Maska, Lefa, Barack Adama notamment avec il finira par créer la Sexion d'Assaut.
D'ailleurs, le documentaire rappelle aussi à quel point Gims est un rappeur hors-pair et pas seulement un chanteur. On sait que ça aussi, c'est quelque chose qu'il n'aime pas entendre alors il remet les choses en place... Comme il le fait quand il parle de la célébrité et du show-business dont il n'est pas dupe. Il sait très bien qu'aujourd'hui, il ne s'appartient plus, il n'y a qu'à voir une sortie tentée à Cannes tournant presque à l'émeute pour s'en convaincre. L'analogie avec Johnny prend alors tout son sens car sa musique, il ne la fait pas pour lui mais pour les millions de personnes à qui il parle. Et vu la ferveur de son public, on comprend mieux qu'il porte en lui une responsabilité. Un aspect de sa vie qu'il a parfois du mal à comprendre mais qui resurgit quand il se rend au Congo dans son quartier de naissance. Derrière Gims, il y a du monde, beaucoup de monde et il ne peut pas les décevoir. Alors il travaille, encore et toujours et il y a parfois des récompenses comme son concert au Stade de France dont on ne sait pas si c'est lui ou le public qui y prend le plus de plaisir.
Dans ce documentaire, Gims n'occulte rien, ni les difficultés qu'il a connues ou l'opulence dans laquelle il vit aujourd'hui, ni le rap, la religion, ses racines... Le tout est renforcé par des témoignages forts tels que ceux de Dadju, Soprano ou Sting.
En tout cas, le film ne déçoit et donne un vrai bon aperçu de ce que c'est être Gims aujourd'hui. Et ça ne semble pas simple tous les jours...
Grégory Curot