Médine en pleine polémique, il prend la parole : "je suis un démineur"

Médine en pleine polémique, il prend la parole : "je suis un démineur"
Médine est une nouvelle fois pris à partie par l'extrême-droite.

Le rappeur havrais est de nouveau la cible d'une campagne médiatique.

Rappeur engagé depuis de nombreuses années, Médine a presque logiquement été invité aux universités d'été de la France Insoumise et d'Europe-Ecologie-Les Verts qui se déroulent justement au Havre, qui, pour une fois, aller pouvoir s'intéresser à ce qui se passe réellement dans la société, dans la "vraie" France grâce à la présence d'un de ses meilleurs représentants. Evidemment, cela n'a pas plu à l'extrême-droite et aux extrémistes de tout poil et les polémiques n'ont pas tarder à resurgir, amplifiées par la caisse de résonnance de plus en plus gênante que sont devenus les réseaux sociaux. Résultat, le rappeur havrais est à nouveau trainé dans la boue, traité d'antisémite etc, etc. Lui-même, pris dans le piège des réseaux a tenté une blague de très mauvais goût qui n'a fait que mettre de l'huile sur le feu. Devant l'ampleur de tout ce mouvement, intelligent et avisé, Médine a donc pris la parole dans les colonnes du Parisien.

Il explique ainsi que seule sa présence à l'université d'été des Verts est mise en avant alors qu'l fait partie d'une cinquantaine d'invités et que le but était une lecture de certains de ses textes posant ainsi les bases à une réflexion sur l'état actuel de la société.

"Cela fait trois semaines que ça dure. C’est compliqué pour ma famille. Le traitement médiatique est démesuré, il y a un emballement pas possible... Alors que je fais partie d’une cinquantaine d’invités. À la base, on m’invite dans ma ville pour parler de mes textes, ce qui est flatteur, car cela montre que ce que j’écris dépasse la sphère du rap. Et au final, on parle de tout sauf des vrais problèmes, de l’urgence climatique, de la montée de l’extrême droite, de ses idées..."

Devant la polémique, de nombreux intervenants se sont désistés ce que déplore Médine.

"Tout le monde est dans une espèce de calcul politique, tout le monde en profite pour écorcher un peu plus la gauche. C’est le jeu politicien, un univers qui n’est pas le mien, et justement j’avais accepté l’invitation des Verts pour faire communiquer des mondes qui ne se parlent plus, la culture, le monde populaire dont je suis originaire et la politique. Il y a une grande défiance. Les artistes ne veulent pas se positionner. C’est trop clivant."

Mais il y a aussi son tweet maladroit qui a remis le feu aux poudres. Depuis, Médine est pris pour cible par des "polémistes professionnels" que l'on n'entend jamais que durant ces moments de tension ce qui ne fait pas avancer le débat, bien au contraire...

"Certains députés veulent me disqualifier, comme on veut disqualifier d’autres minorités, les homosexuels, les juifs, les Roms, les racisés, les jeunes de banlieue, les militants écologistes qu’on criminalise... Tout ce mécanisme contre les minorités, c’est justement ce que je vis et combats depuis vingt ans. J’ai une parole libre, qui n’est pas guidée par un parti ou une idéologie, et cela pose problème. Deux formations de gauche (NDLR : les Verts et La France Insoumise) me tendent la main pour dialoguer, c’est de mon devoir de la saisir. Non dans la pénitence, mais dans la remise en cause mutuelle."

Au plus près du terrain, Médine a toujours été une source de crispations. S'il fait des erreurs, il les reconnaît, s'il va trop loin, il le sait, le dit. C'est un artiste mais aussi un être humain. Et surtout, pour le connaître depuis très longtemps, je sais que jamais il n'a fait preuve de prosélytisme, d'antisémitisme ou de tout ce que l'on peut lui reprocher aujourd'hui. Il est provocateur, il est intelligent, il est taquin oui et peut aller trop loin parfois, mais jamais il ne sera méchant gratuitement. Surtout, quand il parle du peuple, il sait ce qu'il dit. Il en vient, il en fait partie et il le connaît certainement mieux que 99% de ceux qui nous dirigent. C'est évidemment sur ces sujets qu'il devrait être écouter. Sa conclusion donc tombe totalement juste.

"C’est comme le racisme et l’antisémitisme. Je les combats sur le terrain depuis vingt ans, au plus près des gens qui développent des discours complotistes et que les politiques ne vont plus voir. On me prend pour un poseur de bombes, alors que je suis un démineur. C’est une malédiction que je porte."

Pour cet article, on n'a pris que quelques phrases de sa longue interview au Parisien. Vous pouvez la lire ici.

A lire aussi, cet entretien donné à Paris Normandie.

A Generations, nous connaissons Médine, nous l'aimons beaucoup, nous le soutenons, et même s'il n'a sans doute pas besoin de nous, il peut compter sur nous.

Grégory Curot