Alors que les futurs bacheliers passent actuellement les épreuves qui leur donneront accès (ou non) au « précieux » baccalauréat, la première thématique proposée par Aurélien Duarte traite des limites du formatage scolaire, avec une playlist en prime !
Toi qui me lis, c’est comme si c’était ton grand frère qui te parlait. J’ai 50 ans aujourd’hui, je suis passé sur un chemin avant toi et j’ai vu des trucs. J’ai vu où ça pue la merde et j’ai vu où ça sent meilleur. Tu iras chercher ta merde, et on te préparera pour ça mais si je peux te faire gagner quelques années, te donner ce que j’ai mis 45 années à trouver, la paix, la confiance en moi, accepter mes parts d’ombre, pardonner à mon histoire, regarder devant… Je sais que tu as le même cerveau que moi, le même cœur et toi tu peux intégrer tout ça dès maintenant, et demain quand tu vas te réveiller, quelque chose aura changé parce qu’on aura planté la graine.
Le formatage
J’ai redoublé mon CM2, ma 3ème. L’un des premiers problèmes de l’école c’est son fonctionnement. Un rythme identique pour 30 gamins. Plante 30 plantes, arrose-les pareil, mets-les sous le même soleil ; tu auras 30 plantes différentes qui poussent à leur rythme. On sait aujourd’hui qu’il y a sept formes d’intelligence. L’école n’en développe qu’une seule. Je n’avais pas l’intelligence logico-mathématique, je ne comprenais rien. Moi je suis quelqu’un d’imagé, quelqu’un de la nature, de la poésie, du corps. Assis en classe huit heures sans pouvoir bouger, toucher ; ça ne rentrait pas. Il y a des enfants pour qui ça rentre et à quel prix ? Que deviennent les premiers de la classe qui n’ont pas joué, qui n’ont pas vécu leur vie ? Même les autres, ceux qui se sont rebellés et qui se sont cassés de l’école pour aller traîner ou faire du sale ? Il y tous ces formatages inconscients, amenés par l’institution, la société, la culture et on l’a accepté. Le nombre d’autiste qu’on a aujourd’hui, le nombre d’enfants en surpoids, le niveau scolaire déplorable ; tout ça vient de là. Notre école n’a pas les outils pour développer la créativité musicale, l’intelligence de la parole, l’intelligence du contact, celle de la nature.
Les 7 formes d’intelligence
En 1983, le psychologue et professeur en Sciences de l’éducation américain Howard Gardner, publie un ouvrage révolutionnaire qui contredit le système d’évaluation classique : Frames of Mind : the Theory of Multiple Intelligence.Un livre qui apporte une ouverture à ceux que l’institution a qualifié de « perdus » :
-L’intelligence linguistique. Grosso modo, celle essentiellement régie par le langage ; qui permet de l’utiliser pour comprendre et se faire comprendre. Il s’agit de l’intégration du langage et des éléments de langage et de la façon de les employer pour traduire, déduire, dire et dédire.
-L’intelligence logico-mathématique. Il s’agit de la capacité à comprendre les nombres et à les manipuler. C’est aussi la forme d’intelligence activée pour le sens logique et la capacité à résoudre des problèmes.
-L’intelligence spatiale. La qualité principale des boussoles humaines ! L’intelligence spatiale permet de se repérer dans l’espace et de trouver ou retrouver son chemin. Elle est également activée pour l’organisation des objets dans un espace.
-L’Intelligence intra-personnelle. C’est la capacité à se comprendre, à se connaître et à s’écouter. Elle est l’art de prendre conscience de ses émotions et de sa sensibilité et de les utiliser dans sa vie quotidienne.
-L’intelligence interpersonnelle. Elle est celle qui génère l’empathie et la capacité à comprendre les autres. Elle est la forme d’intelligence qui génère les relations sociales et la bienséance.
-L’intelligence corporelle-kinesthésique. L’intelligence corporelle, celle qui permet de s’exprimer grâce aux mouvements de son corps, dans des disciplines comme la danse et le sport.
-L’intelligence musicale. C’est l’aptitude à ressentir les rythmes et les mélodies. Elle est aussi l’énergie qui génère la création artistique. C’est celle dont sont dotés les créateurs et les compositeurs.
En plus de ces 7 formes d’intelligence, deux autres ont été développées après la parution des travaux d’Howard Gardner :
-L’intelligence naturaliste. La sensibilité particulière des amoureux de la nature, celle qui permet de maîtriser, de distinguer et de classer les éléments de la nature (faune, flore). Elle est particulièrement exacerbée chez les personnes sensibles à l’écologie.
-L’intelligence existentielle ou spirituelle. Autrement dit, la métaphysique. C’est l’intelligence qui provoque le questionnement sur la vie, ses origines et sa finalité. Elle est sollicitée dans les domaines de la foi et de la religion.
Ces formes d’intelligence sont valorisées et développées au sein des nouvelles écoles de type Montessori.
La phobie de l’échec par procuration
La pression de la réussite scolaire chez les enfants et les jeunes, c’est la dépression quant à l’échec éventuel pour les parents.
Rassure-toi, si tu n’es pas adapté au système scolaire. Pour les parents, sachez que c’est un bon signe. Ce n’est pas normal d’être adapté à quelque chose d’antinaturel. N’en veuillez pas à vos enfants s’ils ont du retard. C’est très difficile parce que les parents s’inquiètent : « Pourquoi il et pas comme les autres ? Je suis un mauvais parent ».
Il y a la double-peine. Quand tes parents t’engueulent, ne leur en veut pas. Quand on leur dit « votre fils a mal travaillé, ils entendent, « vous êtes des mauvais parents, vous avez mal fait le boulot ». J’ai vraiment travaillé sur cette peur inconsciente en me demandant pourquoi ma mère s’inquiétait, pourquoi c’est aussi important l’école ? Il s’agit souvent d’une projection de leur propre réussite : « J’ai réussi les études donc je veux que tu réussisses aussi ou pire « J’ai raté les études donc je veux que tu réussisses ». C’est un transfert.
Cette peur de décevoir chez les enfants et cette peur de faillir dans leur rôle pour les parents, entraîne parfois des conséquences désagréables chez l’élève telles que les insomnies.
Mais depuis que je suis venu au monde vous me demandez de réfléchir ! Vous développez mon cerveau 8 heures par jour à l’école et après vous vous étonnez que la nuit il ne s’éteigne pas !
La première forme de brutalité pour un être humain c’est de le sortir de son rythme et de le faire aller au rythme de quelqu’un d’autre : « Plus vite », « peut mieux faire », « encore » : qu’est-ce que tu entends ? « Je ne suis pas suffisant, je ne suis pas assez, je ne suis pas à la hauteur et donc je ne mérite pas l’amour ».
J'enseigne depuis plus de 30 ans. Les 20 premières années, j'ai aussi dispensé la méthode classique, mais depuis 10 ans, j'ai appris à adapter ma façon d'enseigner, à être plus à l'écoute et proposer une pédagogie qui a plus de sens. Comme quoi, on peut changer ses habitues et son fonctionnement.
L’échec scolaire n’est pas l’échec dans la vie. Il est important de garder le contact avec votre enfant, de l’encourager, de le valoriser et de lui dire qu’il a le droit de faire les choses à son rythme, qu’il a le droit de faire des erreurs et qu’il y a peut-être d’autres moyens pour s’épanouir que la course aux diplômes. Aux parents et encadrants, réalisez des choses dans vos vies pour lâcher la grappe à vos enfants.
Stresse, angoisse, doutes ou découragements. Les échéances importantes de la vie scolaire et estudiantine sont les mêmes que celles traversées par les sportifs de haut niveau, en période de haute compétition. Quelques exercices simples qui ont déjà fait leurs preuves existent. Pour les tips, rendez-vous ici.