Jo le Phéno : la naissance du Chakal

Jo le Phéno : la naissance du Chakal

Découvrez Jo Le Phéno au "60 boulevard Ménilmontant" !

"60 boulevard Ménilmontant" est le premier album studio de Jo le Phéno. Le Parisien, que le public découvrait en 2013 via la mixtape énervée "Chakal Attitude", est retour, plus posé, plus adulte mais toujours en lutte. On vous parle de cet album très spécial à travers une tracklist interview !

"Ma part"

Tout le monde en veut une, tout le monde veut faire partie du rap game. Cependant, beaucoup d’appelés et très peu d’élus. Dans cette industrie à la fois florissante et changeante, il faut parfois user de force pour pénétrer le milieu. En cela, le talent n’est pas toujours l’indicatif principal :

"Je vois des gens qui rappent et pour lesquels c’est dur. Tout a un coût. Imagine, investir quand tu fais du son juste pour le son et qu’à la fin le son ne fonctionne pas, ça fait mal au crâne."

La chance, facteur indispensable mais pas toujours fiable, permet à certains de contourner les obstacles :

"J’ai pas choisi de faire du rap, c’est venu comme ça. J’ai fait un son pour rigoler, les gens ont kiffé et derrière j’aimais bien la musique donc j’ai continué à écrire solo. Jusqu’à mon premier morceau à trois couplets. Ça m’a donné envie de continuer, et j’en suis là."

Une opportunité qui donne encore plus de valeur à la réussite et rend les candidats plus déterminés que jamais:

"Je fais de la musique depuis des années mais je n’ai jamais réellement mangé dans la musique, là c’est le moment. Ça veut dire que maintenant il faut travailler. On ne fait plus du rap pour faire du rap, faut bosser parce que certains ont besoin de travailler plus que d’autres. Chacun son étoile. Moi, en tout cas, je veux travailler parce que je sens qu’il y a quelque chose. Je suis motivé."

"Déjà 10 piges"

Eh oui ! Le temps passe et Jo le Phéno semble faire de vieux os dans la musique. Presque 10 ans que le public l’a découvert avec "Chakal Attitude", en 2013. Toujours alerte et en colère, pourtant, il propose un projet différent, celui d’un jeune homme au regard plus distancé sur les choses :

"Je pense que cet album est mature, je me livre un peu, c’est un Joe le Phéno 2.0 (rires). C’est le Joe Le Phéno mais une autre facette plus aboutie. Je suis toujours en mode chacal mais ça s’exprime différemment, j’ai pris du recul. Sur cet album je suis mûr."

"La street"

Choisir son camp, se positionner, porter un message. A cette époque du rap où l’entertainement l’emporte souvent face à la conscience, l’argent est le seul juge. Le buzz, les clics, la Sacem, tant pis pour le fond, tant pis pour la forme. Sur ce point, chacun choisit son camp et bien que tous s’accordent à penser que : "la musique, c’est un défouloir", chacun tente de défendre sa vision de la discipline :

"Je n’ai jamais pensé à le faire pour de l’argent. Peut-être que ça changera, comme le rap. Aujourd’hui, les jeunes qui veulent faire du son c’est pour le buzz, la notoriété ou pouvoir éclater des thunes à Dubaï. Moi, quand j’ai commencé, c’est des Sefyu qui étaient là, des Salif, des mecs qui avaient un message. Tu ne pouvais pas arriver, faire des coupes au gel et danser, même si t’avais envie. Tu devais rester dans une ligne, le rap c’était la street, la vraie. Aujourd’hui, n’importe qui peut faire du rap. Ce que je regrette c’est qu’on ne raconte plus rien. Je n’ai pas envie d’influencer les gens vers le Mal, parce qu’on aura des comptes à rendre après. J’ai envie de tirer les gens vers le haut, vers le Bien, j’ai envie que ça serve à quelque chose."

"Jamais acquis"

Percer, comme on dit, a souvent valeur de consécration. Cependant, c’est aussi et finalement à ce moment que les choses commencent réellement. De la simple passion pour le rap : "A l’origine je faisais du son parce que j’aimais entendre ma voix raisonner sur les caisses claires", à la musique comme activité professionnelle, il y a souvent un fossé. Joe, lui, était prêt :

"Depuis mes débuts je savais ; dans la vie il faut toujours penser loin. Quand j’ai signé avec mon label, je me suis dit que c’était mon métier."

Désormais, l’artiste n’est plus seul avec ses humeurs mais entouré d’une équipe de pros avec laquelle il doit entretenir des rapports de confiance :

"Il y a des gens qui bossent avec moi, qui bougent pour moi donc il faut prendre ça au sérieux. Ça donne encore plus de motivation. J’ai un cadre et j’ai envie de satisfaire les gens avec lesquels je bosse."

"Charade"

Le saviez-vous ? :

"A l’origine, je voulais faire un morceau intitulé "Charade" puis j’ai commencé à écrire et la charade c’était la rue, sans prononcer le mot." Cette charade est devenue le son "La rue", un de ses clips les plus visionnés, avec Moha la Squale dans le rôle de l’acteur principal :

"Je l’ai écrit en rapide. Pourtant, quand tu écoutes le texte tu as l’impression que j’ai mis du temps, parce qu’il y a des métaphores et que le récit est riche. J’aime changer la composition de mes morceaux, essayer des choses, comme si je faisais des devoirs. Par exemple, j’essaie de ne pas toujours faire des 16 mesures avec le refrain, je tente de casser le truc."

En effet, Jo le Phéno se distingue aussi par la richesse de ses figures de style. Un art devenu signature, grâce auquel on lui prêterait une culture littéraire immense. Une sorte de joe le rat de bibliothèque, pourtant :

"Je ne sais pas quoi dire. Je ne force pas le truc. Ça vient eu feeling. Je peux t’écrire un son en 30 minutes. Je ne lis même pas. La dernière fois que j’ai lu un livre c’était à l’école. Ça me vient juste comme ça, et puis je vis des choses aussi, je suis exposé à différentes situations. En faisant du rap, je me suis dit que je ne pouvais pas dévoiler toute ma vie, parce que c’est de la musique et que les gens n’ont pas à connaître ma vie perso."

"60 boulevard Ménilmontant"

Son adresse, à Paris, dans le quartier de la banane. Un observatoire depuis lequel il guette, ressent, s’imprègne. C’est de cette vie, la vie là-bas, sa vie, qu’il a voulu parler au public. Quel meilleur récit pour un premier album que de rapper les origines ? Ce projet, dans lequel Jo le Phéno se raconte un peu plus :

"Il m’a fallu attendre 11 ans pour faire un son comme 60 boulevard Ménilmontant. J’ai du mal à parler de moi, même avec les gens qui sont autour de moi."

A également valeur de nouveau départ :

"C’est le premier album, c’est quelque chose de très important pour moi et derrière c’est comme si c’était un nouveau démarrage. Ça commence maintenant !"

Près de 10 piges plus tard, finalement :

"C’est que du positif, c’est un message de paix. Quand je pense à cet album je pense aussi à ma carrière et je viens vraiment de loin. Quand je me regarde à la troisième personne du singulier je me dis "Jo le Phéno, c’est un bon".  Si j’étais un auditeur, ça m’aurait fait plaisir que cet artiste sorte un album. Ça fait longtemps que je fais de la musique et j’ai déjà croisé des gens qui ont grandi avec mes sons, c’est un autre délire dont je n’avais pas conscience."

"60 boulevard Ménilmontant" est disponible sur toutes les plateformes de téléchargement.

SK