Analyse : la politique et le rap en 2016

Aujourd'hui aux USA, demain en France, les élections ne passionnent plus grand monde... Tout le contraire d'un hip hop qui franchit les frontières politiques.

L'heure est venue pour les américains de voter pour leur candidat. Dans les médias, de nombreux citoyens du pays de l'oncle Sam crient leur désespoir. Ainsi, un refrain revient sur les lèvres de beaucoup, comme un tube de l'automne qu'on serait trop lassé d'entendre : ''On doit choisir entre la peste et le choléra''.
Voici donc Donald Trump et Hillary Clinton dans la dernière ligne droite. Et si la démocrate s'est assurée les services de rien de moins que Jay-Z et Beyoncé, son rival a choisi de l'ouvrir bien grande. ''Je n'ai pas besoin de Jennifer Lopez ou d'une autre star pour gagner'', voilà les mots du magnat de l'immobilier... 

Des stratégies qui posent question ici, de l'autre côté de l'atlantique. Musique urbaine et politique font-elles bon ménage ? Peut-être pas si l'on en croit la dernière tentative du genre, celle d'un Doc Gynéco entré en consultation chez Nicolas Sarkozy, pas le dernier pour s’autoproclamer chirurgien des banlieues.
L'opinion publique, celle de la rue, n'a pas fait de cadeaux au rappeur parisien, se retournant contre celui qu'elle considérait comme un symbole. Pendant de longues semaines,  le gynécologue le plus célèbre de France a du composer avec une image de ''traître''.  Le monde du rap étant par essence assez loin du premier parti de droite, l'UMP devenu aujourd'hui Les Républicains.  Comme aux États-Unis... 

Les USA et l'hexagone ne partagent pas qu'un parti politique. Dans une industrie musicale réellement mondialisée, la France fait office de deuxième patrie du hip hop. De quoi séduire de nombreux politiques et s'attirer des voix ? Pas vraiment ou presque, comme nous le montre le cas de Bruno Beausir, comme cité plus haut...
Si la gauche, avec Jack Lang et François Mitterrand ont misé sur la jeunesse avec une certaine démocratisation de la musique, le cœur d'un homme à droite penche réellement pour le rap, le vrai. François Baroin aura en effet poussé la chansonnette en reprenant IAM.
Pour lui, le célèbre groupe Marseillais ''c'est une écriture, mais pas seulement''. D'après le maire de Troyes, soutien de Nicolas Sarkozy pour les primaires, le rap ''c'est aussi comprendre son temps''. Une notion pas franchement bête, qui nous amène sur d'autres sillons...

 


François Baroin (ministre du budget) rappe du IAM par Don-Pedro56

 


La musique urbaine comme miroir de l'époque, bien plus que l'establishment actuel? Sans aucun doute. Loin des frontières de ce qu'on appelait le rap conscient, il reste politique. Bien qu'aujourd'hui majoritairement gangsta, trap, lunaire ou tout simplement dansant, le rap restera une musique contestataire, à même de parler des dernières réalités du siècle, loin d'une accointance droite-gauche.
Wendell Pierce, acteur ayant campé le personnage du flic ''Bunk'' dans la série très hip hop The Wire, ne dit pas autre chose. Dans le dernier numéro du magazine Society, le comédien qualifie le rappeur d'homme comme un autre : ''Regardez les rappeurs, une fois qu'ils sont riches et connus ils veulent jouer au golf, avoir leur place au Rotary Club (…). Tout le monde aspire à la même chose''.  
Toujours du côté de l'opposition, un rappeur s'est d'ailleurs fait porte-parole d'une l'extrême-droite de plus en plus populaire, Kroc Blanc. Côté récupération, le FN n'a jamais peur du mélange des genres. Même si, gageons d'être sérieux quelques secondes, ce n'est pas ce monsieur masqué qui leur fera gagner des voix...

 

 

Comme nous le montre le désarroi des Américains et des Français face à leurs systèmes politiques, l'heure est à la montée du ''tout, tout de suite''. Une sorte de sentiment viscéral qui nous pousse à accepter le contraire que tout ce qu'on nous sert. Les artistes ne sont jamais loin.
Si SCH, Black M, Booba, PNL ou encore Rim'k sont loin d'être aussi proches du pouvoir que le couple Hova-Queen B, ils ont tous été repris par les manifestants contre la loi travail : ''Le monde ou rien'', ''Se lever pour 1200 c'est insultant'', ''Qu'est-ce que je vais faire de tout cette oseille ?'' ou ''J'voulais un CDI, Hollande m'a dit léléla''. Aux States, ce sont Mac MillerT.I et YG qui ont pris la parole contre Trump. 
Bientôt, Kanye West sera peut-être le boss de la maison blanche et Alain Juppé élu président de la République grâce à JUL... On pourra au moins dire qu'on l'avait vu venir.