La prochaine décennie sera-t-elle celle des baby voices ?

Générations s'est penché sur un phénomène apparu ces dix dernières années...

Cette décennie a marqué un grand tournant dans le rap mondial. En effet, très critiqué au début de ces dix dernières années, l’autotune s’est peu à peu imposée dans le rap, au point de devenir une véritable arme pour certains artistes. Un nouvel artefact qui a donné beaucoup, beaucoup d’idées aux rappeurs de la nouvelle génération.

De cette nouvelle vague sont nés de nouveaux artistes, dont Lil Uzi Vert, Young Thug, Playboi Carti, Pi’erre Bourne et d’autres comme le moins connu Flee. Direction les Etats-Unis pour suivre le courant qui va sûrement marquer la prochaine décennie : les Baby Voices.

  1. La Recette 

Quand on se penche réellement sur un morceau de Carti ou Uzi Vert, on comprend rapidement ce qui marche. Les rappeurs se rapprochent plus d’un style mumble, assez peu articulé, qui laisse place à la création musicale aux dépens des lyrics. Une nouvelle mode qui peut s’imposer depuis la révolution du rap dans la dernière décennie. Et quand la musique prévaut, les artistes n’hésitent plus à monter dans les aiguës, aussi bien dans les paroles que dans les adblibs, sortent d'ambiances que l'on peut entendre dans un morceau en arrière, toujours plus créatifs et plus mielleux les uns que les autres.

Et s’il ne fallait citer qu’un seul morceau qui permet de représenter exactement ce qu’est la baby voice, il s’agirait de "Flatbed Freestyle" de Playboi Carti, extrait de son album iconique "Die Lit."

  1. La prod

Evidemment, les succès de ses nouveaux aliens du rap sont bien généralement portés par des prods de haut niveau. Et si on doit de nouveau faire un choix sur quel producteur est le plus armé pour combattre avec cette nouvelle génération, c’est sans doute Pi’erre Bourne. Le beatmaker, rappeur et DJ venu tout droit de Caroline du Sud est un petit ovni. Il compose, il produit, il mixe, il arrange et fait encore sûrement d’autres tâches plus obscures dans le monde musical. C'est d'ailleurs après avoir bossé pour de grosses boites dans le son qu'il a décidé d'un jour à l'autre de tout stopper pour se lancer seul. Des prods qui ont souvent une même ADN : d’énormes basses et beaucoup de snare. On peut aussi parler de Stoopidxool, un producteur qui s’inscrit dans la lignée des beatmakers nouvelle génération.

Pi’erre Bourne sur sa propre prod pour le classique : "Poof"

Ici, Flee, sur une prod de Stoopidxool :

  1. Le public

Il faut aussi reconnaître que le public a bien changé depuis le début des années 2010. De part une influence de plus en plus grande dans le monde médiatique, le rap se diversifie et s’impose maintenant comme la musique la plus écoutée à travers le monde. Et s’il se diversifie, c’est parce qu’il faut savoir se démarquer en étant toujours plus innovant. Le public est à la recherche de la nouveauté, de ce qui marchera demain. Puis l'image évolue aussi, pendant longtemps on a considéré ce genre de morceaux comme des morceaux "Soundcloud" pour une catégorie bien précise d'auditoire. C’est en quelque sorte un nouveau marché dans le rap, et un style qui se développe même en France avec l’exemple de Sadandsolo et de son morceau "ANTS" :

Pour conclure, le monde des baby’s voice et autre voix aiguë sont l’aboutissement de l’évolution du rap et de son paysage depuis Lil Wayne en passant par Young Thug. De plus en plus libres dans leurs morceaux, les artistes ne sont plus portés que par le texte mais aussi par la musicalité et la recherche artistique, parfois à outrance.

Une chose est sûre, dans la prochaine décennie, ce style fera énormément parler de lui...