Le Grand Pari, la voix du peuple

"Par nous, pour tous"...

UNE DÉMARCHE : LA PLACE DU HIP-HOP DANS LES MÉDIAS 

Depuis plusieurs mois, on entend parler de cette nouvelle émission nommée "Le Grand Pari" : une référence au "Grand Paris" bien évidemment, ce projet urbain qui vise à créer des lignes reliant les banlieues à la capitale.

L’objectif officiel ? Agrandir les limites de la ville, ouvrir ses portes et donner davantage accès tout en limitant l’utilisation de la voiture, et donc en respectant l’environnement. 
Pour ce qui concerne le Grand Pari (sans "s"), ce sont les limites de la médiatisation du Hip-Hop dont il s’agit. Il est clair que la représentation que se fait le grand public du rap n’est pas très bonne, et que la manière dont il est présenté à la télévision y est pour beaucoup. Souvent, la plupart des gens ont une vision biaisée voir erronée du mouvement. Il ne savent pas à quoi cela correspond, quelles en sont les origines. 

Il y a quelques jours encore, le chanteur Cali s’offusquait face aux propos tenus par Eric Zemmour et quittait le plateau de "L’heure des pros" sur CNews devant le regard interloqué du public et de ses collaborateurs. Qualifié de sous-culture, le Hip-Hop a en effet une fois de plus été critiqué et rabaissé par une personnalité médiatique. 

"Je maintiens que c’est nul, si ça ne vous plaît pas, c’est le même prix, j’ai le droit de dire que c’est nul". Eric Zemmour


Indigné face à ce mépris infondé et récurrent, Le Grand Pari entreprend la démarche de se placer en porte drapeau du Hip-Hop bien trop souvent sous représenté dans les médias grand public. 
Si les chiffres de ventes ne mentent pas, le genre reste le plus écouté et le plus influent en France actuellement. Alors pourquoi est-il si méprisé à la télévision ? En dehors des diffusions de clips et des courts flashs ou portraits proposés, très peu d’émissions de fond y sont consacrées depuis "Rapline" présentée par Olivier Cachin dans le début des années 90. Et lorsque qu’un rappeur est invité, il est souvent méprisé, et on le fait réagir sur des sujets bien précis qui arrangent tout le monde. 
Qui ne se souvient pas du passage de Kery James dans l'émission de Thierry Ardisson ou encore de celui de Vald dans "Salut les Terriens" ? 

C’est donc à cela que l’équipe du Grand Pari s'est intéressée. C’est en effet un grand pari pour eux aussi. Réussir à créer leur propre média, avec leur contenu, et leurs choix.

 



UN CONCEPT, UN SLOGAN : "PAR NOUS, POUR TOUS" 

"Plus que jamais il est temps de prendre nos responsabilités. On connait les disquettes des Victoires de la musique et tout ça, on n'est pas contents, on est sous-médiatisés, sous-représentés, voir insultés. Big up à Zemmour qui nous a encore insultés ce matin d’analphabètes et de sous-culture.

Big up Cali qui s’est levé du plateau et qui a représenté pour nous. Eh ! On fait les choses par nous, pour tous. De toute façon bientôt ils ne vont plus avoir le choix. (…) On compte sur vous parce que c’est pour nous tous que l’on fait ça"


Tels étaient les propos tenus par Juliette Fievet sur les réseaux sociaux.  Cette dernière est bien connue dans le milieu. Forte de son implication dans le mouvement Hip-Hop, longtemps manageuse de Kery James et animatrice sur RFI dans l’émission "Couleurs Tropicales", Juliette défend corps et âme ce nouveau média aux allures de talk-show américain dont elle est la présentatrice. Mais vous l’aurez compris, elle est loin d’être seule.

L’équipe, c’est une vingtaine de personnes venant de tous horizons mais unie par la même passion : le Hip-Hop. C’est aussi ce qui fait la force et l’ouverture d’esprit de l’émission. 

Le concept qu’ils ont imaginé, c'est de faire des soirées tout en tournant leur programme. Le public vivra la partie visible de la soirée, et pourra donc en découvrir un autre aspect une fois l’émission diffusée. C'est une alternance entre lives, interviews "behind the scenes" et chroniques que l’équipe nous propose. 

La véritable prise de risque reste le temps que cela dure : deux heures pour être exacte. Et oui, il ne s’agit pas de se censurer ni de se dépêcher pour correspondre aux attentes d’une ligne éditoriale x ou y. Ici, on prend son temps, on dit ce que l’on a à dire, et on le fait bien. Un vrai contenu est proposé, une représentation de la scène underground et actuelle du genre. 



UNE IDENTITÉ FORTE 

C’est donc le 25 janvier que l’on a pu découvrir le premier épisode sur Youtube.  

Tourné à l’Aerosol de Paris début décembre, la vidéo dégage une ambiance très underground. Il y a des graffitis partout, sous l’oeil d’Eminem dont l’illustration trône derrière la scène. Ce soir là, il y avait beaucoup de monde, de soutien et de force. Pourtant, il faisait très froid. Une vraie équipe de guerriers. 

Côté invités, on y retrouve trois rappeurs représentatifs. Trois strates, trois générations : Lino, Dosseh et Kalash Criminel. Les trois artistes se sont prêtés au jeu : on a pu les voir sur scène, assis sur les chesterfields ou en balade répondre aux questions de Juliette Fievet pendant que Jacky des Neg' Marrons chauffait le public. 

A la fin, on a même pu retrouver le chanteur Cali nous livrer son interprétation du célèbre morceau "Racailles" de Kery James; juste avant l’intervention d’EL Deter. Tout droit sorti des battles de End of the Week, il a partagé avec nous un freestyle bag (improviser sur des objets que l’on découvre en les sortant d’un sac) assez impressionnant. 

Au programme : ambiance, partage, sujets d’actualités, sujets de fond. Le Hip-Hop simplement, représenté par des gens du milieu et qui savent de quoi ils parlent. Ce nouveau regard apporté porte déjà ses fruits, il n’y a qu’à voir le nombre d’articles sortis sur le sujet depuis quelques jours. 

En attendant la suite, on vous laisse visionner le premier épisode ci-dessous ! 

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