PNL, Ghetto Phénomène !?

PNL, Ghetto Phénomène !?

Créant l’événement avec la sortie de son album "Le Monde Chico", "Peace'N'Lovés" prouve chaque jour un peu plus que la réussite indépendante est possible.

Retour sur le premier concert du groupe ce samedi. Entre transpiration et admiration d'un public estampillé "QLF".

PNL, un "phénomène" au sens littéral du terme. Surtout si on s'en tient à la définition du Larousse : "Personne, chose, qui se fait remarquer par son caractère extraordinaire, singulier, exceptionnel".
Extraordinaire, le mot est lâché. Faire aimer du 100% autotuné, ce n'était pas gagné. Le pari est pourtant réussi. Ici pas de tabou, PNL arrive à causer d'un quotidien fait de LV et de galette tout en rythmant les soirées de pas mal de monde, banlieusards ou non.
Ici pas de "cloud rap" ou d'autre concept pompé sur le marché américain.
L'Essonne d'Ademo et N.O.S n'est pas un surplus de produits estampillés U.S.
Les gars ont roulé leur bosse en balançant une bonne dizaine d'OVNI musicaux sur YouTube. Des ogives sonores marquées par un esprit "Do It Yourself" assumé. Des cités de Napoli jusqu'à l'Islande en passant par Barcelone, les clips sont léchés. Une esthétique particulière certifiée "QLF"..."Que La Famille" pour les intimes.
Loin des regards de travers, on est plus en mode barbe taillée, torse bombé et bande de potes en bandoulière.

Zéro justification

De quoi exciter la blogosphère et les sites à la mode, ceux qui pensent que la banlieue est uniquement composée de pitbulls sans muselière.
PNL, avec ses sons lunaires, gravite donc au-dessus des débats.
Pas d'idoles, pas d'héritiers désignés. Tout est à la sauce "discrétion" et "confidentialité".
Qu'importe les questions du Monde et tutti quanti, le rap retrouve ici la place qui est la sienne, celle d'une musique innovante, qui se construit avec le temps.
Pour nous, rien d'étonnant au final si la "hype" autour du groupe atteint aujourd'hui des sommets. PNL donne les coups et esquive habilement les conneries déblatérées ici et là sur internet. "Qui se justifie s'accuse", telle pourrait être la devise d'une doublette à la gâchette sous vocoder. Rien à expliquer, rien à prouver. PNL s'écoute et se ressent.
Au fond, pas la peine de chercher à interpréter le succès des bonshommes, surtout quand on sait que Generations joue leurs morceaux sur ses ondes.

Numéro uno, à l'aise avec ou sans...

Premier sur iTunes France le jour de la sortie de son album, "Le Monde Chico", le groupe est monté sur scène ce samedi et dans le 16ème arrondissement de la capitale s'il vous plaît.
Rendez-vous au YoYo, le club du Palais de Tokyo. Un bijou de l'art contemporain, fallait y penser. Une fois de plus le groupe innove. L'ambiance est là, transpirante à souhait. Le monde s'impatiente et se brûle les chicots à coup de clopes fumées nerveusement. PNL est prévu pour 3 heures du matin. Trop tard pour certains couche-tôt, pressés d'assister à la performance du duo.  La salle est peuplée, blindée, pleine à craquer. L'atmosphère irrespirable est soutenue par un DJ pas vraiment désiré par l'audience. Les minutes défilent et le public ressemble à une bombe à retardement. Il ne manque qu'un code pour la désamorcer, il tient en trois lettres. Coup de bol, il s'affiche sur la scène : QLF.
Nous y sommes, l'heure du crime est arrivée. 
NOS et Ademo attaquent pieds au plancher. Vigilants, ils annoncent être "Plus Tony que Sosa", histoire de mieux croquer le monde. Comme un seul homme, la salle crie "on n'est pas comme eux". Un slogan sur mesure pour s'affirmer encore et encore au-dessus de la mêlée. Pas pour rien qu'un de leurs morceaux se nomme "différents".

"Pas comme eux"

Tout est calé, avec ce supplément d'âme qui fait que ce genre de moment reste gravé. Les bras s'agitent, le tout paraît limite chorégraphié. C'est viscéral, viral même. Le live est accompagné de quelques visuels concoctés avec soin par Arnaud Deroudilhe, créatif qui avait contacté le duo sur le tas et qui a fini par travailler avec, comme un membre de la "famille". De la couleur jetée en pâture sur l'écran, remplie de références à Dragon Ball. Pas loin de la série Z, ses images sont maîtrisées. Une toile de fond parfaite pour surligner la moiteur des lieux. Aussi transpirante qu'une milf à l'aise sur une plage de Miami, le public suinte mais kiffe. 45 minutes plus tard, c'est déjà la fin et le YoYo Club peine à retrouver sa ligne.
Fini la boite de nuit, PNL n'étant plus sur scène, le lieu se retrouve vide en moins de deux secondes.
Dans le fumoir ça débriefe l'évènement, comme après un match du PSG. Les gars ont le sourire, on ose même un prophétique "Le rap c'est ça, le reste c'est mort, c'est un truc de vieux". Oui, la conclusion est bien là, PNL est ancré dans son époque.

Phénomène générationnel ou pas, voilà la recette pour mener le game : faire ses affaires comme on le sent. Le tout sans oublier que "les sentiments ça ralentit".


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